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Des mondes de musiques

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Aengus Finnan

Un Songwriter écrit l’avenir du Folk Alliance International

Philippe Krümm

Le Meeting « National » du Folk Alliance Américain est un moment improbable : 2800 délégués, des dizaines de conférences, 180 shows officiels et plusieurs centaines dans le off…

Rencontre lors du Womex 2018 aux Iles Canaris avec un ancien Songwriter aujourd’hui Directeur d’un des plus puissant meeting au service des musiques du monde.

 

Imaginez ? Tout ce passe dans un grand hôtel (1), cette année ce sera le Fairmont -Le Reine Élisabeth à Montréal. Pendant 5 jours (13 au 17 février 2019) la musique est partout. Vous rentrez dans un ascenseur et un banjoïste est là sur sa chaise et accompagne votre « voyage » en musique. Sans oublier de vous laisser sa doc avant votre sortie.

Dans les couloirs des lits, des armoires… Les chambres sont vidées et on vous annonce des showcases « off » à tous les étages. Vous l’aurez compris la majorité des délégués et des musiciens sont américains : les Songwriters, la country, le bluegrass, le Old-time… sont majoritaires mais depuis l’arrivée d’Aengus Finnan, Irlandais de naissance, à la direction de l’association, le Folk Alliance International regarde le monde.

Aengus Finnan en Norvége - Photo Philippe Krümm

Comment et quand fut créé le « Folk Alliance » ?

Ce fut créé par Elaine et Clark Weissman un couple qui en 1989 voyageait au travers les États-Unis pour parler à tous les organisateurs de festival folk et systématiquement ils les invitaient tous à Malibu pour un grand meeting, pour parler de folk music. Et tous les directeurs des états unis mais aussi du Canada se retrouvèrent pour parler du terrain, des différents problématiques, de l’avenir, du développement de musique…à la fin ils décidèrent de créer the North American Folk Dance and Music Alliance. À cette première rencontre il y avait une centaine de personnes, et 30 ans plus tard on est certainement le plus grand meeting mondial pour la Folk Community avec 35 pays différents, 3000 membres. Cela impose beaucoup de réflexions sur les évolutions à venir.

Et plus de danse ?

La danse est sortie du titre mais c’est toujours dans notre mission. Nous sommes maintenant Folk Alliance International et the North American Folk Alliance. Ce n’est plus nommé mais pas enterré.

Les fondateurs sont toujours de ce monde ?

Elaine nous a quittée mais son Clark est toujours là. L’an dernier pour la 30ème nous sommes retourné à Malibu pour préparer notre conférence avec les permanents et le conseil d’administration. C’était dans le même immeuble, la même pièce. On a comparé avec les photos prisent trente ans auparavant. C’est Clark qui nous les avait amené en personne.

Et que pense –t-il ?

Il est très fier du travail de l’association, pas surpris mais content. En fait la personne motivée pour créer cette association c’était sa femme Elaine. C’était son rêve à elle. Il l’a accompagné dans cette aventure et aujourd’hui c’est aussi pour cela que l’on a un Elaine Weissman Award. Il était heureux de voir toute une nouvelle génération. Il ne pouvait imaginer lors de leur premier meeting que cela prendrait autant d’ampleur et deviendrait une organisation internationale

C’est une association ?

Une non profit association avec 21 membres dans le bureau, un directeur, des permanents et des adhérents qui votent pour les élections des membres du bureau et toutes les décisions, et donc moi, j’exécute !

 

Du temps ou Aengus Finnan était Folk Singer - photo DR

Comment as tu connu « the Folk Alliance » et comment en es tu devenu le directeur ?

J’enseignais dans le nord du Canada un peu toutes les matières, sauf la musique ! J'aimais la musique, j'aimais la musique folk et je commençais à jouer et à écrire mes premières chansons. J'étais enfermé, assis à la maison, je vivais dans une ville du nord très isolée et sans âme. Lorsque j'écoutais de la musique ou que je m'échappais de cette ville je me posais un tas de questions Basiques : Comment vivent les musiciens ? Comment font ils pour tourner ? Comment ça marche ? Un de mes amis avait un ordinateur et pouvait se connecter grâce à son téléphone. C’était tout un processus, et soudain tu avais ce petit bruit de connexion caractéristique dont certains doivent se souvenir (rire). Ce n’était pas aussi facile qu’aujourd’hui. On était dans les années 90. Les premiers mots que j’ai tapé sur internet ce fut : folk music et m’est apparu « Folk Alliance à Toronto ! Et les noms de Pete Seeger, Ani DiFranco …Ils seraient à Toronto ! Je vivais très au nord du Canada, je me suis dit : « Il faut que j’y aille ». Ce fut trop difficile pour cette année là mais j’avais le contact avec ce qui me semblait le lieu pour avoir mes réponses. Quelques années plus tard, c’était il y a 20 ans, je jouais vraiment de la musique et cette fois je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’aille à ce Folk Alliance rencontrer du monde.

La première fois que je m’y rends, j’avais cessé d’enseigner et je tournais comme Songwriter. J’y suis allé avec mon camion. Je ne pouvais pas payer pour la conférence et encore moins pour mon hôtel. J’y ai participé comme musicien pendant 10 ans. Pour chercher des concerts et un manager, des directeurs de festivals… Je restais dans les ascenseurs à regarder les badges pour savoir si la personne avait un intérêt pour ma carrière.

J’étais un musicien « affamé » (rire). Je jouais dans le hall d’accueil de l’hôtel. Je ne jouais pas comme certains dans les ascenseurs, le public n’y était pas assez nombreux (rire). Je circulais dans toute la conférence un peu comme un homme sandwich avec l’affiche de ma tournée dans le dos. C’est comme ça que j’ai trouvé mon agent pour les Etats-Unis. Il m’a dit « Un gars qui est capable de se vendre comme ça ! J’ai envie de travailler avec lui » ça à été une grande aventure avec de belles rencontres.

Les gens qui viennent au Folk Alliance ont différents centres d’intérêts et c’est aussi cela qui est très passionnant. Quand j’ai arrêté de tourner et que je suis devenue responsable d’un festival, je suis alors venu au Folk Alliance comme un directeur de festival et cette fois à la recherche d’artistes. Je me suis retrouvé dans la même chambre ou quelques années auparavant j’avais fais mon show case privé. Donc je connaissais le Folk Alliance sous différents angles et quand j’ai appris qu’ils étaient à la recherche d’un directeur, ça a été comme une évidence pour moi. Je connaissais l’association depuis des années. J’y avais participé avec différents centres d’intérêts.

Je maitrisais bien la mécanique du métier. Folk Alliance avait grandi mais était un peu en stagnation. Il y avait principalement que des folk singers et des Songwriters et pour moi il est important que la folk music du monde puisse se rencontrer avec leurs différences. On était trop dans notre bulle. Mon intérêt en prenant part à l’organisation comme directeur a été d’ouvrir vers l’autre, spécialement en ces temps, de ne pas se replier sur soi-même mais au contraire d’avoir plus d’échanges avec l’autre.

 

Aengus Finnan en compagnie de Derek Andrew le Directeur de la World Music Conférence : Mondial Montréal - Photo Philippe Krümm

On aurait pu imaginer que les musiciens traditionnels américains aient un rejet face à l’arrivée de musiciens étrangers, mais au contraire les musiciens américains qui étaient un peu inquiets, furent agréablement surpris en trouvant ces nouvelles rencontres inspirantes et constructives… En découvrant entre autres des instruments, des rythmes, des sons, des groupes venus par exemple de l’Est de l’Europe. Un musicien reste un musicien.

Pour beaucoup le challenge est de vivre de sa musique. Aller à Folk Alliance pour un musicien c’est du temps, de l’argent et si tu fais de beaux échanges, si tu vas vers l’autre, tu peux trouver du travail pour une année mais si tu restes dans ton coin… Il ne se passera rien pour toi !

Aujourd’hui si je suis un musicien fauché qui dort dans son van comment je fais pour me faire connaître ?

N’importe qui peut venir. En 2019 c’est à Montréal, en 2020 ce sera à la Nouvelle Orléans. Il y a évidemment un droit d’entrée, mais on recrute 250 bénévoles. De nombreux artistes débutants viennent comme bénévoles pour avoir l’entrée gratuite. Nous avons aussi des réductions pour des artistes qui viennent pour la première fois. Et nous avons une centaine d’entrées gratuites sponsorisée par des sociétés pour les agents, les manageurs qui viennent pour la première fois. On a plus de 300 demandes on est donc obligé de faire un petit tri en fonction de la motivation de chaque demandeur.

Et pour les autres ?

Ils payent. Pour les artistes qui veulent se produire on ouvre les inscriptions en mai et on les clôt au milieu de l’été. Cette année nous avions trois 3 jurys: un au Canada, un aux États-Unis et un à l'international. Ce sont des directeurs de festivals qui font la sélection. Ils choisissent 180 showcases officiels. Mais de nombreux artistes viennent se présenter en off. Cette année nous avons eu plus de 1000 demandes du monde entier, dont 6 propositions venant de France et on en a gardé 3 ! Les Français ont eu 50% de chance d’être sélectionnés. C’est bon non ? (Rire)

Mais il est vrai que pour Montréal et la Nouvelle Orléans on est sur des terres francophones. Sinon on a vraiment ouvert. On traverse toutes les communautés musicales mais le folk américain est toujours présent du plus traditionnel au plus contemporain. Je crois que l’on est vraiment une conférence très ouverte sur le monde musical.

L’avenir ?

On est toujours en train d’évoluer. On a changé ces trois dernières années, cela peut paraître un peu étrange mais nous avons réduit les showcases de 250 à 180. On se concentre vraiment sur la qualité pas sur le nombre. Nous pourrions devenir plus grand, mais nous ne serions pas en mesure d'organiser un événement plus important avec la même qualité. Pour notre avenir, il s'agit donc d'affiner l'événement et de hausser la qualité, puis d'organiser des conférences plus petites. Les artistes peuvent vouloir faire des tournées internationales mais il est préférable pour eux de commencer localement ou nationalement Au regard du succès de la conférence, prés de 3000 participants, on grandit, mais on veut affiner l’offre que ce soit une véritable ouverture nationale et internationale.

Nous avons commençé un Folk Alliance Nordique à Göteborg en Suéde, mais cela deviendra également un marché pour que d'autres artistes européens viennent à Göteborg et comprennent ce qui se ressemble à une tournée en Norvège, au Danemark, en Suède et en Finlande.
Ce genre d’événement, c’est le futur.

Monsieur le directeur en conférence

Ensemble, il serait bon de faire venir l’industrie Nord-Américaine en France pour un petit événement. Pour dire « Voilà ce qu’est la communauté musicale en France ! » Cela aurait du sens. On a tous beaucoup à apprendre de l’autre. Chaque pays a des façons différentes de travailler. Il y a encore beaucoup à faire pour ouvrir les différents marchés. C’est important de sentir, de goûter le pays, pas juste avoir des relations purement techniques et professionnelles, je crois beaucoup à cela.

Chez vous tout est sur le net ou vous avez toujours un guide papier ?

Ah ah ah ! Je suis « old school ». J’aime revenir avec un beau document chez moi pour le lire tranquillement. Chaque matin je préfère toujours lire un journal papier que mon téléphone. Mais évidement tout est aussi sur notre site.

Une chose de spéciale cette année ?

Cette année notre réflexion porte sur quelques points qui peuvent sembler des évidences mais qui ne sont pas si limpides pour tous : « Comment ce monde de la musique fonctionne, la relation entre les artistes et leurs fans, en fait comment aujourd’hui cette industrie vie ?

Tu préfères toujours la guitare ?

La guitare c’est mon instrument, mais j’aime bien la mandoline. Personnellement ce que j’aime c’est composer des morceaux. La guitare est un outil. Je joue juste assez bien pour présenter mes compositions. Je ne me sens pas capable d’intégrer un groupe comme juste un guitariste.

Durant toutes ces années et toutes ces rencontres y a t il un instrument qui t’a séduit ?

Oui ! Le charango… Pour le son !

Et en avant prémiere retrouvez les heureux élus au 2019 International Folk Music Awards Show

 

1/Le Fairmont – Le Reine Élisabeth est au cœur de Montréal, avec ses 950 chambres et ses 85 000 pieds carrés d’espaces de réunions !!!- à vous de convertir en mètres carrés, C’est une belle surface !

 Aengus Finnan en Norvége - Photo Philippe Krümm

Folk Alliance International - 509 Delaware St 101 Kansas City MO 64105 USA - https://www.folk.org/