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Des mondes de musiques

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André "Dédé" Dubois et la Sabotée Sancerroise

François Saddi

Il nous a quitté l’an dernier lors du 1er confinement. C’était un musicien incontournable dans le Sancerrois et au-delà.

Il était aussi affineur de crottins de Chavignol ce qui, avec la concurrence des grands groupes nationaux et la mondialisation ne devait pas être une mince affaire... Il est à l’origine de l’un des plus fameux groupes folkloriques de l’hexagone, tant par sa longévité que par la multiplicité de ses actions en Centre France. Maître vielleux, Dédé a transmis son savoir à des dizaines de musiciens dont sa fille Dominique Gueneau qui nous en parlera bien mieux que moi :

Dominique, peux-tu évoquer en quelques mots le parcours artistique de Dédé ?

Son oncle, Paul Dubois, violoneux local et meneur de noce, possédait un bistrot avec bal à Sury- en-Vaux. Il a été un exemple pour lui. Le plus déterminant, ce fut sa rencontre avec Jean Roux qui était de 2 ans son cadet et qui a été son professeur de vielle, et est devenu son ami, son frère. C’était en 1938. Il prenait déjà des leçons de violon à Sancerre et il avait un bon niveau de solfège. Il faisait partie de l’Harmonie Municipale de Sancerre où il jouait du cornet à piston.

Avec Jean Roux - Photo DR.

Il a fondé la Sabotée Sancerroise en 1955, il avait alors 30 ans !

Il a tout d’abord fondé l’Amicale Chavignolaise à la suite d’une fête d’école pour laquelle l’institutrice de l’école du village avait enseigné la bourrée à ses élèves. Elle avait alors demandé au vielleux du coin de les accompagner. Ayant toujours eu un esprit fédérateur et ouvert, il a voulu étendre ce petit groupe à tout le Sancerrois. C’est ainsi qu’il a fondé la Sabotée Sancerroise en 1955.

Qu’en est-il de ses liens avec les Thiaulins de Lignière, avec Roger Péarron, Gaston Guillemain, Pierre Panis… ou Michèle Fromenteau qui nous a quitté en 2019 ?

Dédé a toujours considéré Roger Pearron comme un grand ami et un modèle pour la sauvegarde et la transmission du patrimoine Sancerrois. Gaston Guillemain quant à lui n’a pas été son professeur, mais pour Dédé, c’était le MAÎTRE. Il avait énormément d’admiration et d’amitié pour lui. Par l’intermédiaire de Jean Roux et de Gaston Guillemain, Michèle Fromenteau est devenue une très grande amie de la famille. Par contre, il n’a eu que très peu de liens avec Pierre Panis.

Où en est la Sabotée aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la Sabotée a 65 ans. Bien sûr, comme chez beaucoup d’autres groupes, les sorties se font plus rares et, surtout en ce moment, l’activité est très réduite. Mais je crois que nous avons beaucoup de chance d’avoir des jeunes très actifs, aussi bien pour la danse que pour la musique.

Il a participé à divers enregistrements, je pense notamment à ce beau disque qu’est "Morceaux de plaisir" enregistré en 2004 avec Philippe Prieur et Gilles Dubois (son fils). Il est aussi l’auteur d’une méthode de vielle…

Dédé a tout d’abord participé à l’enregistrement du premier disque du Berry le 9 juillet 1957 avec les Thiaulins de Lignières, Jean Roux, Madeleine et Jean Surnom, Gaston Guillemain… Au sein de la Sabotée, plusieurs vinyles et deux cassettes ont été enregistrés avec quelques-uns de ses nombreux élèves. Le CD « Morceaux de Plaisir » l’a été  l’année de ses 80 ans. Sa méthode de vielle est toujours demandée aujourd’hui et bien sûr utilisée pour tous les élèves à la vielle de la Sabotée.

Quelques mots maintenant sur son parcours professionnel d’affineur de fromages de chèvre.

Dédé a pris la suite de ses parents et grands-parents. Il a développé la filière de ce fromage de chèvre très local qui deviendra grâce à lui et à une poignée de professionnels le "Crottin de Chavignol" AOC en 1976. Il a toujours porté très haut la qualité de sa production, on peut dire qu’il était amoureux de son produit. En 2006 il a écrit "L’histoire de François Lavallée", une petite nouvelle sur l’histoire de la fromagerie familiale. Dédé était quelqu’un de très exigeant sur tous les plans. Il n’admettait pas la médiocrité. D’un caractère bien trempé, il était malgré tout un très bon vivant. Il a partagé sa vie entre la fromagerie et la musique : il a joué de la vielle jusqu’au bout, malgré sa maladie…..et avec le sourire !