Antti Palaanen
L’accordéon dans les tripes
Philippe Krümm
« Faites silence, faites silence, mon histoire commence... »
Il était une fois un musicien finlandais. Il jouait de l’accordéon, du diatonique, vous savez le système bisonore, un Castagnari élaboré par la famille de Recanati dans la région de Marches en Italie.
On peut dire que l’homme dans ses concerts a un gros son, les mélodies c’est l’accordéon mais il tape du pieds, il tape très fort et ses chants viennent du fond de sa gorge.
Mais c’est qui ce musicien ?
La rencontre avec le scandinave eu lieu à bord de la Granvillaise, une splendide bisquine amarrée dans le port de Paimpol dans les Côtes-d’Armor en Bretagne lors du grassouillet festival des Chants de Marins.
Antti, quand commences-tu l’accordéon ?
Je me suis mis à jouer de l’accordéon par accident. J’étais supposé apprendre la guitare, j’avais 8 ans, je suis allé à un magasin de musique avec ma maman, et là, au fond du magasin il y avait un accordéon. Je ne connaissais pas cet instrument. J’ai donc questionné ma mère : « qu’est-ce que c’est « ? « C’est un accordéon, ton grand-père en jouait ! ». Je n’ai pas connu mon grand-père qui est décédé avant ma naissance. J’ai demandé si je pouvais l’avoir et je suis rentré à la maison avec. Très vite j’ai commencé des cours, chaque semaine, j’apprenais des vieux airs des musiques traditionnelles de ma région dans laquelle il y a une vraie tradition de joueurs d’accordéon diatonique. (Antti est né à Alavus une ville du centre-ouest de la Finlande, dans la région d'Ostrobotnie du Sud. NDLR) Je n’ai donc pas joué de guitare (rires) Ce n’est pas tout à fait vrai, car, adolescent j’ai appris la guitare, pour jouer du rock ! Mais l’accordéon est toujours resté mon instrument de prédilection.
As-tu découvert l’accordéon dans d’autres pays ?
Quand je suis rentré à la Sibelius académie pour les musiques traditionnelles j’avais comme professeurs : Marko Lepisto, Maria Kalaniemi, Kimmo Pojhonen... Là je me suis familiarisé avec les musiques françaises, québécoises, irlandaises ... tout part de là. En Finlande il y a beaucoup de joueurs de chromatique mais moins de joueurs de diatonique. J’ai essayé l’accordéon chromatique... Trop de boutons. (rires) Ce n’était pas pour moi, définitivement mon instrument c’est le diatonique.
Maria Kalaniemi - Photo DR
Kimmo Pojhonen - Photo PetraCvelbar
Marku Lepisto - Photo DR
J’ai eu mes diplômes en 2006. J’avais créé mon premier groupe en 1996. On jouait de la musique traditionnelle finlandaise. J’ai vraiment commencé à faire des concerts en professionnel au début des années 2000. Après 2006 j’ai commencé mon doctorat et en même temps je jouais en solo, je composais des musiques nouvelles, ma propre musique durant mes années à la Sibelius académie à Helsinki. C’est à ce moment que j’ai commencé à expérimenter de nouvelles techniques de jeu sur mes diatoniques. Mon premier album solo est sorti en 2007. Ça a vraiment été le début de ma carrière solo.
Antti Paalanen dans le port de paimpol à bord de la Granvillaise - Photos PK
Le chant est arrivé plus tard (rires). J’ai joué dans de nombreux théâtres et c’est en Norvège, lors d’une sorte de stage que j’ai commencé à chercher ma voix c’était en 2012. J’ai rapidement eu envie de trouver quelque chose de particulier. Une technique avec des mots qui fonctionneraient bien avec mes mélodies à l’accordéon. Au début c’était juste une expérience, pour réfléchir, pour comprendre si je pouvais chanter d’une manière différente en jouant de l’accordéon, comment cela pouvait sonner...C’est là que j’ai commencé à pratiquer le chant de gorge. Mon camarade dans mon duo jouait de l’harmonica. Lui est allé en Mongolie pour travailler cette technique. Il a été pour moi une sorte d’inspiration (rires), mais moi je n’y suis jamais allé...Ce serait incroyable pour moi d’aller faire mon solo en Mongolie ou en Sibérie. Les pieds sont arrivés dans le même temps. Là aussi c’était l’envie d’avoir un son diffèrent, de marquer les temps d’une manière autonome et originale, avec un son de pied très présent faisant partie de ma musique.
L’ingénieur du son avec qui je travaille a développer toute une technique pour magnifier et amplifier tous les sons qui font ma musique dont les pieds. Un son plus ample, plus gros, mais très précis : l’accordéon, la voix, les pieds, c’est ça ma musique. Dans mes shows 90% des morceaux sont de ma composition, mais mon inspiration vient des musiques folk finlandaises, c’est mon grand mix.
Des projets ?
Je travaille sur mon nouvel album solo qui devrait sortir début 2026. Dans l’avenir il y a aussi le projet d’enregistrer avec un groupe de 16 d’accordéonistes du conservatoire de Brest avec lesquels j’ai travaillé il y a deux ans.
Tu joues sur quels instruments ?
Mon principal instrument est en si bémol, un 3 rangs 18 basses que j’ai conçu spécialement avec Castagnari mais j’en ai aussi un en sol, un en la ...
Que racontes-tu dans tes musiques ?
Les histoires racontent des parties de ma vie... Une parle de mon chien (rires), beaucoup d’histoires, car ado j’étais vraiment un métalleux, j’étais même batteur dans un des groupes et quand je joue je suis souvent dans l’esprit du métal.
Mon grand rêve serait de faire mon concert au Hellfest à Clisson.