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Des mondes de musiques

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Cayouche

Le « Hank William » Acadien

Philippe Krümm

En 2003 Cayouche annonce que son quatrième disque Last Call sera le dernier, respectant son engagement pris dès ses premiers concerts, de mettre un terme à sa carrière après 10 ans « Pour prendre du temps, pour chevaucher mon bicycle à des endroits où personne ne me connaît, par une journée de 22 ou 23 degrés en plein vent. Le bonheur. » Il continue ses concerts à chapiteaux complets, accompagné de deux musiciens, lui assis au centre, les pieds accotés sur une caisse de bière Alpine. Un triptyque incontournable dans la vie de Réginald Charles Gagnon dit Cayouche : la bière Alpine, sa Gibson et sa Harley. Petite entrevue haute en couleur et en accent avec un musicien hors normes qui a vendu plus de 100000 albums en Acadie ! Parmi ses tubes : la Reine du bingo, Les enfants à coup d’bottes, Tu m’as flushé, La chaîne de mon tracteur…


Petite causerie à l'arrière du bar ! - Photo Vicky Michaud -

Comment devenez vous musicien ?

J’ai grandi là-dedans. Je suis venu au monde en 1949 à Moncton. On était tous des musiciens dans la famille, même le moulin à coudre était un « Singer » ! Rires. Et il avait un bon rythme - Cayouche imite le son de sa machine à coudre - Chez nous j’étais plus chanceux qu’un vieux bonhomme que j’ai connu et qui avait appris à jouer le violon avec ses vaches. Sa femme ne voulait pas qu’il joue du violon dans la maison alors il allait dans la grange avec ses vaches faire sa musique. J’ai eu ma première guitare à 15 ans. J’écoutais de la country américaine tout le temps. La country c’est ma musique, celle de Buck Owens et Merle Haggard. J’ai appris tout seul la guitare et avec quelques personnes qui me montraient. Je me rappelle ma première guitare que j’ai eue, j’étais à l’école aux États. Un de mes chums prenait, lui, des cours de guitare et de musique. Chaque soir il me montrait ce qu’il avait appris. J’ai jamais voulu prendre de cours. Je voulais juste connaitre 3 accords. Pour chanter du country c’est trois accords, t’en as pas plus.

À cette époque, je chantais toutte en anglais, toutte ! Mais quand je suis revenu au Canada en 81, j’avais 30 ans. Je jouais tout le temps du Merle Haggard et du Buck Owens, mais à un moment donné quand j’arrive icitte il n’y avait plus de Merle Haggard et de Buck Owens et j’étais tanné de faire les mêmes tounes que je faisais depuis des années, alors je me suis dit « Je vais prendre la même mélodie du country américain puis je vais mettre mes paroles dans la musique. La vie de toutes les jours, la vie des vieux bonhommes que j’ai rencontré. Comme j’ai une chanson : La reine du bingo ! Ça’a fait un gros hit partout. J’avais été chez un de mes bootleggers. C’est du monde qui vendait de la bière frette. Arrivé là, c’était un mercredi soir, le vieux bonhomme était assis à coté de son buck stove avec sa bière. Alors je dis « Pis Dollar ? » Dollar y s’appelait « Émilienne elle est où ? » Émilienne c’était sa femme « Partie au bingo » y m’dit « check ben » qui m’dit « Quand elle arrive, il va rien lui manquer qu’un numéro ».

Moi, j’ai pas compris ce que c’est que le bonhomme voulait dire. La bonne femme arrive vers 11h, a dit « Câline, il me manquait rien qu’un numéro ! » Là, j’ai compris et quand c’est venu à faire la toune, c’était toutte là. Ça c’est la vie de tous les jours. Ça ouais ! Quelqu’un m’a dit que j’aurais plus de 59 tunes de faites, un autre 85! Le monde me dit tout partout « Cayouche faut que tu fasses un autre CD ». Moi je dis que je suis après travailler sur une clef USB. Elle est à moitié pleine. Je vais pouvoir y mettre 3000 tounes. Rires. Je fais ça comme ça avec le monde.

Quand avez vous eu votre premier orchestre ?

Mon premier orchestre c’est en 94 quand j’ai faite le premier album. Mais j’ai faite deux albums seul avec ma guitare.

Vous aimez votre Gibson ?

Oh ! Ça oui ! La mienne c’est une Hummingbird 72 Sunburst. Mon gérant dans le temps il me disait « Ce serait le fun de faire une toune avec un p’tit boutte de mandoline. » J’ai été cherché Johnny Comeau qui aujourd’hui est mon joueur de violon et de mandoline. Ça a toute commencé là le band. Aujourd’hui sur scène on est trois avec Martin Melanson à la contrebasse. Mais le nom du groupe c’est le mien : Cayouche.

Vous jouez flat picking ?

Ah ! Ouais tout le temps flat picking. Moi j’ai grandi avec Doc Watson. C’est la suite du style commencé par Mama Maybelle Carter. Elle, a pickait dans son accord et on avait jamais fait cela avant, pis doc Watson a amélioré le style. Ça oui, big time !

Connaissez vous D.L. Menard ?

D.L. Menard je connais, mais je ne l’ai jamais rencontré. Dans la Louisiane il y a différents styles et différents timings de musique. C’est de la belle musique.

Dans quelles genres de salles jouez vous ?

Mes concerts au commencement c’était un peu partout dans des salles, maintenant c’est des chapiteaux et c’est full partout.

La chanson la plus demandée ?

La chaîne du tracteur, les québécois virent fous avec ça. Un de mes chums est arrivé avec deux trois phrases : « T’as cassé la chaîne de mon tracteur, t’a brisé la roue de mon étendeuse ». Moi je suis parti avec ça et j’ai fait un p’tit brin plus « On vit sur le bien-être social. On attend not' chèque dans boite à malle ».

Cayouche et son bycicle - Photo Vicky Michaud -

Une passion pour la moto ?

Pour commencer c’est pas une moto c’est un bicycle !

Mon bicycle c’est un vieux 81 Shovelhead. C’est un étalon. C’est mon étalon… Mon bébé !

Mon bicycle est peinturé de la même couleur que le pickguard sur ma guitare. Sur mon siège il y a écrit Gibson, pis y a un hummingbird qu’est posé à l’avant.

Vous jouez toujours ?

Oui ! Oui ! Tout le temps, mais là je ne compose plus beaucoup. Ils sont après moi pour faire des vidéos mais je veux juste rester che nous et faire de la musique. Ça paye ben plus que d’aller faire des shows ailleurs.

Vous vous revendiquez Acadien ?

Je suis Acadien et ça c’est important. Mes shows sont toutes en français et il y a des p’tites histoires entre les tunes. Rires ! Ça remet les esprits à la bonne place.

Écoutez vous les jeunes musiciens acadiens ?

J’écoute tout le temps la musique. Il y a tout le temps des « tites » paroles qui m’sautent dessus. De temps en temps… Oh ! Ça c’est beau !

Dans mes shows, tout partout, il y a du monde de 5 à 87 ans. Dans toutes mes shows les jeunes ça connaît toutes mes paroles et puis ça chantent. C’est le fun.

D’ou vient votre nom d’artiste… Cayouche?

Je suis venu au monde au Nouveau-Brunswick à Moncton. J’avais 13 ans quand on a déménagé aux États, ma mère et mes deux sœurs. À 13 ans, les acadiens j’connaissais rien là-dedans. C’était dans les années 60.

Puis les dernières années que j’étais aux États Il y avait un gars qui runnait pour nous autres, John l’Acadien qu’on l’appelait. Du Nouveau-Brunswick qu’il était. Moi j’étais aux États. « Pourquoi John l’acadien ? » Je lui ai dit ? « Ben » y dit « j’suis un Acadien. J’suis venu au monde au Nouveau-Brunswick » « Voyons » que j’dis « Moi itou, j’suis un Acadien » et mon chum dans ce temps là me dit « toi t’es pas un Acadien, t’es un Acayouche. Un Acadien qui fait tout à l’envers » Quand j’suis arrivé par ici c’était l’Acayouche pas l’Acadien. À ce jour c’est juste Cayouche et ça marche. Pourquoi changer ? Rires.

Un chanteur qui écrit dans le refrain d’un de ses tubes « Tu m’as flushé dans la toilette de ton cœur » est forcement un personnage hors norme à découvrir.

 

Notre camarade de road trip ( MusiConnect Canada) Kaushik Dutta voulait organiser une tournée en Inde pour Cayouche. Le dialogue fut souriant mais bref et la réponse définitive : « Merci pour votre invitation, mais je ne quitte pas le Canada ». En compensation de la déception Cayouche l’invita pour une photo avec sa Harley - Photo Vicky Michaud -

 

Discographie :

1994 Un vieux Hippy

1996 Moitié-moitié

1999 Roule, roule avec Martin Melanson (contrebasse), Johnny Comeau (violon, mandoline) et Kenneth Saulnier (banjo, mandoline, guitare et violon) ainsi que les choristes Solange Campagne et Martine Daigle.

2003 Last Call

2011 Le Rappel

Documentaire vidéo : Cayouche, le temps d'une bière -Alpine -2009- de Maurice André Aubin. Productions Mozus.

 

http://www.cayouche.ca/

 

Le bicycle de Cayouche

Sur la selle il est écrit : au dos « Cay » sur le devant « Gibson ». Le réservoir est peint comme le pickguard de sa Gibson 72 hummingbird. Le bouchon du réservoir est la copie d’une capsule de bière Alpine et sur le garde-boue avant trône un hummingbird. (Oiseau mouche).