Aller au contenu
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies notamment pour réaliser des statistiques de visites afin d’optimiser la fonctionnalité du site.
Des mondes de musiques

 En lisant avec gourmandise les articles de 5planètes.com, vous pouvez écouter Canal Breizh, en cliquant sur le logo.

 

 

 

 

 

 

 

Donovan : The Hurdy Gurdy Man L’homme qui joue de la Vielle à roue !

Etienne Bours

S’il est un chanteur que je n’aurai de cesse de vouloir défendre, rappeler, conseiller, sortir de l’oubli ou de l’ignorance de certains prétendus amateurs de musique, c’est bien Donovan, de son nom Donovan Leitch, né à Glasgow en 1946 et célèbre avant d’avoir atteint vingt ans.

 

 

Permettez-moi déjà de vous dire que je reviendrai encore sur l’œuvre de cet étonnant chanteur. Parce que c’est un styliste dans le meilleur sens du terme. Il a toujours su donner aux chansons, qu’elles soient de sa plume ou issues de la tradition, une dimension personnelle unique, incomparable et directement reconnaissable. Personne ne chante comme Donovan et Donovan ne chante comme personne. Ceux qui se sont empressés, au début des années 60, de le cataloguer comme un sous Dylan n’avaient rien compris et se sont d’ailleurs empressés de l’oublier, à jamais relégué dans leurs tiroirs de sous-produits. Grave erreur. Le troubadour américain et le troubadour écossais se sont connus, rencontrés (voyez le film Don’t look back de Pennebaker sur la tournée de Dylan en Angleterre en 1965), appréciés. Mais jamais copiés.

Deux poètes, deux chanteurs à guitare et harmonica, à une époque où le folk song battait le rappel d’une nouvelle génération. Certes. Mais chacun avait (et a encore) une poésie bien à lui ; leurs univers furent vite très différents même si quelques préoccupations identiques animèrent leurs débuts, notamment la guerre. Les chanteurs français qui nourrissaient la vague yé-yé s’en allaient, je le répète souvent, puiser au vivier des Anglo-saxons et de leurs succès d’Outre-Manche ou d’Outre-Atlantique. Un des champions de ce pillage intensif était Richard Anthony qui s’en vint encore brouiller les pistes et sans doute insister sur la ressemblance d’alors entre les deux chanteurs puisqu’il adapta le Catch the wind de Donovan et le Blowin’ in the wind de Dylan… Deux chansons pourtant très différentes même si emblématiques du même mouvement et de la même inspiration. Mais Donovan allait très vite plonger en d’autres racines, allumant ses compositions au feu de multiples influences. Tandis que Dylan allait durcir le ton en transformant son folk en blues-rock incisif au risque de se faire traiter de Judas – voyez toujours ce même film !

Si tout le répertoire de Donovan mérite une écoute, il faut néanmoins reconnaître que les chefs d’œuvre y côtoient quelques pièces trop allumées d’ésotérisme et de tendance new age – mais Dylan eut bien sa passe religieuse plutôt insipide… Il n’en reste pas moins que les chansons de Donovan regorgent de surprises, de poésie délicate, de reflets celtiques, de musiques surprenantes, d’élégance raffinée. Et souvent tout simplement de la plus élémentaire mais talentueuse simplicité. Certaines chansons accompagnées sur sa seule guitare sont d’une qualité renversante tout en paraissant l’évidence même. Tandis qu’à d’autres moments il s’ouvre à un rock innovant qui n’échappe pas aux maîtres de la guitare électrique ou à des ambiances tendrement jazzy que ne renient pas les amateurs de la note bleue.

Tout ça pour vous parler, aujourd’hui, d’une seule chanson de ce troubadour écossais : The Hurdy Gurdy Man ! 

“Histories of ages past

unenlightened shadows cast

down through all eternity

the crying of humanity

 

‘tis then when the hurdy gurdy man

comes singing songs of love

then when the hurdy gurdy man

comes singing songs of love

hurdy gurdy, hurdy gurdy…he sang”

 

“Histoires du temps passé

des ombres sans lumière projettent

à travers l’immense éternité

les larmes de l’humanité

 

c’est alors que le joueur de vielle à roue

vient nous chanter des chansons d’amour

alors quand le joueur de vielle

vient chanter des chansons d’amour

il chante hurdy gurdy, hurdy gurdy…”

 

Donovan aurait écrit cette chanson lorsqu’il était en Inde chez le Maharishi Mahesh Yogi à Rishikesh pour une retraite consacrée à la méditation. L’histoire est célèbre grâce au fait que les quatre Beatles étaient également présents et que la presse internationale s’en délectait. Les Fab Four étaient là avec leurs compagnes du moment mais d’autres célébrités faisaient également partie du lot : Mia Farrow et sa sœur Prudence (elle aurait inspiré la chanson Dear Prudence de John Lennon), Jenny Boyd, la jeune sœur de Patty alors épouse de George Harrison (Jenny inspira Donovan pour sa chanson Jennifer Juniper), le musicien Paul Horn, Mike Love membre des Beach Boys et quelques comparses des uns et des autres. Donovan et les Beatles étaient amis depuis quelque temps déjà. Donovan aime raconter que c’est son ami Derroll Adams qui lui fit connaître Jack Elliott qui lui présenta Buffy Sainte Marie qui lui présenta Joan Baez qui l’introduisit auprès de Dylan, lequel lui fit rencontrer les Beatles !

Toujours est-il que cette belle bande se retrouve en Inde en février et mars 1968. Chacun a sa guitare acoustique, George se fait livrer divers instruments indiens, il offre un tambura à Donovan et des tablas à Ringo. La méditation est une pratique exigeante mais elle n’empêche pas, au contraire sans doute, l’imagination de tourner et les nouvelles chansons de naître. C’est là que Donovan commence à chanter Hurdy Gurdy Man. Ils se retrouvent le soir, jouent, s’apprennent divers trucs (Donovan a un besoin irrépressible de dire qu’il a appris certains jeux de guitare aux Beatles – les méchantes langues vont jusqu’à dire que si on l’écoutait on croirait qu’il est l’inventeur des Beatles ! Il est vrai qu’il a une sacrée tendance à l’auto encensement !).

 

La légende raconte qu’en entendant la chanson de Donovan, George Harrison lui aurait suggéré un couplet supplémentaire, non retenu par le chanteur au moment de l’enregistrement. Cette légende est devenue réalité lorsque Donovan chanta Hurdy Gurdy Man en concert et expliqua la proposition faite par Harrison un soir en Inde. Et non content de raconter, il chanta le couplet du Beatle :

“When the truth gets buried deep

beneath a thousand years of sleep

time demands a turnaround

and once again, the truth is found”

 

“Quand la vérité est profondément enfouie

endormie sous le poids de milliers d’années

le temps exige un revirement

et à nouveau la vérité apparaît”

Revenons-en quand même à l’enregistrement original de ce titre. Il fut mis en boîte dès le retour en Angleterre en 1968 et a vu le jour en single avant de donner son titre au nouvel album. Donovan pensait donner la chanson à Jimi Hendrix mais son ami et producteur Mickey Most estimait que cette chanson devait être chantée par lui-même avant tout. Ce qu’il fit sans Hendrix à la guitare, celui-ci étant alors occupé ailleurs. N’empêche, le titre va prendre une tournure électrique, voire psychédélique, étonnante dans le répertoire du chanteur écossais.

Il faut préciser que les spéculations ne manquent pas sur le nom des musiciens qui ont participé à cet enregistrement. Curieuse habitude de l’époque : il était fréquent que les noms des musiciens ne figurent pas sur la pochette du disque. Donovan a lui-même entretenu le flou à ce sujet puisqu’il explique dans son autobiographie que John Bonham, Jimmy Page et John Paul Jones étaient présents ! Soit les trois quarts de Led Zeppelin dit-il fièrement. S’il aime paraître comme étant l’inventeur des Beatles, le voici sans doute créateur de Led Zeppelin qui allait se former dans la foulée… Selon John Paul Jones, lui seul était présent, comme arrangeur, la guitare étant jouée par Alan Parker et la batterie par Clem Cattini (Ceci dit, Page aurait joué avec lui, tout comme Jeff Beck). Cela fait partie de cette sorte de magie propre à la musique de Donovan : tour à tour très folk, jazzy, pop, psychédélique, rock, celtic rock, new age, beat, new folk et que sais-je encore.

En tout cas, un auteur-compositeur-interprète qu’on ne peut oublier si l’on se permet d’écrire sur l’histoire du rock et de la pop ! Et pourtant la plupart l’oublient, comme s’ils ne l’avaient pas pris au sérieux. Il suffit d’écouter cette version enregistrée en 1968 pour saisir toute l’ambiance de l’époque résumée en un titre parfaitement réussi. La voix d’abord et cette signature unique : le vibrato de Donovan, un coup de génie qu’il utilisera souvent et toujours à bon escient – on en reparlera avec un tout autre titre. Le bourdon joué sur tambura (celui-là même qui revient de Rishikesh, merci George) et les envolées de guitare électrique (que Donovan attribue aussi à Allan Hollsworth qui affirme n’avoir jamais joué avec lui !). En tout cas quelque chose se passe. Qui se passera encore. Lorsque Led Zeppelin s’ouvrira aux guitares acoustiques, à la mandoline, au chant de Sandy Denny. Lorsque Mike Oldfield en fera autant avec Maddy Prior, la chanteuse de Steeleye Span… et ainsi de suite…

Ou encore lorsque Steve Hillage reprendra lui aussi ce Hurdy Gurdy Man pour en donner son interprétation personnelle. Hillage, en tournée en France avec le groupe Gong en 1975, découvrit Maxime Boireau un facteur de vielles à roue dans le vieux Lyon ayant appris la lutherie auprés des suisses : les fréres Jacquot. Fasciné par l’instrument, il passa quelques heures à s’y essayer puis se souvint de la chanson de Donovan, de cette guitare électrique et de ce bourdon. Une fois de plus un grand musicien rock va interpréter cette chanson sans y inclure de vielle à roue mais en en donnant une version qui vaut le détour.

Revenons sur le sens de cette chanson et sur son titre. Pourquoi le hurdy gurdy man, l’homme qui joue la vielle à roue? Pourquoi cet instrument aux mains d’un chanteur qui arrive dans ce texte pour y amener l’amour, un amour indispensable, salvateur, lumière dans la pénombre ? Un amour qui vient par la chanson, par le chanteur itinérant, celui qui passe simplement laissant plus qu’une impression: une trace, un souvenir, une image. Celle de ses chansons d’amour, celle, aussi d’un instrument hors normes, d’un homme hors du commun. Dylan a écrit Mister Tambourine man, L’homme orchestre comme l’ont traduit Delanoë et Aufray. Le tambourine man de Dylan devait l’emmener au loin, dans un symbolisme fou, cher à l’Américain à l’époque. De la même manière, avec une autre poésie, le hurdy gurdy man de Donovan doit le ramener à des chants d’amour, loin de ses rêveries, vers une réalité, une vérité. Les deux font peut-être le voyage dans un sens différent. Dylan veut s’évader avec l’aide de l’homme orchestre, Donovan revient à la vie, à l’amour, avec l’aide de ce qui est aussi et pourrait sans doute être traduit par homme orchestre: un musicien itinérant, un homme venu dont ne sait où et repartant vers l’inconnu, laissant traîner derrière lui des flots de musiques indispensables. Pour lui, cet homme à la vielle à roue était un barde, un chroniqueur, tout chanteur compositeur de n’importe quel lieu et n’importe quelle époque, « c’est moi », disait-il, « mais aussi tout chanteur chantant l’amour ».

La vielle à roue de Donovan n’est sans doute pas plus importante, en tant que référence précise, que le tambourin de Dylan. Instruments différents, univers différents, chanteurs différents, poésies différentes… seules les images se ressemblent et les symboliques se rencontrent. Les deux chanteurs auraient peut-être pu s’échanger les instruments cités, sans plus, ils ne sont qu’images. Encore que ! La vielle à roue ne fait absolument pas partie de l’imaginaire américain…

Pourquoi justement la vielle à roue dans cet univers de Donovan ? Parce que, sans doute, dans la symbolique anglaise, l’instrument a dû être associé à l’image du musicien itinérant. Il semble qu’on a souvent confondu vielle à roue et orgue de barbarie dans les mains du chanteur de rue: un instrument actionné par une manivelle. D’ailleurs, le Harraps donne aussi bien la définition de vielle à roue que celle d’orgue de barbarie pour le mot hurdy gurdy.

Il n’empêche que cette appellation bizarre désigne donc bien la vielle à roue et qu’on ne trouve nulle part (du moins à ma connaissance) une explication étymologique du mot hurdy gurdy, un terme apparu pour désigner l’instrument à partir du XVIIIe siècle.

Festival de Saint-Chartier années 80 - Christian Rault et son premier oragnistrum - Photo Philippe Krümm

Jusque-là, pour les Anglais comme pour les autres, la vielle à roue a suivi le parcours connu: organistrum du XIIe siècle, puis chifonie ou symphonia (appelé de la sorte probablement parce qu’il produit plusieurs sons simultanément). La vielle sert aux chansons de geste, aux musiciens de rue… Elle traverse les siècles, entre campagnes, villes, châteaux et cours. A la mode chez les aristocrates et les rois de France, elle survivra surtout dans les campagnes. Littéralement inséparable de l’histoire des musiques françaises, l’instrument a pourtant connu d’autres fortunes, d’autres noms et d’autres factures, discrets le plus souvent. Leier, drehleier, bettlerleier…dans les pays germanophones, draailier en Flandre et en Hollande, lyra tedesca, ghironda, sambuca, rotata, sanfona…en Italie, tekero en Hongrie, zanfona en Galice…

Mais encore ?

Que les amateurs de musique classique me permettent de pénétrer sur leurs terres. Je n’ai jamais aimé les frontières ou séparations esthétiques, voire élitistes, entre genres musicaux. Et l’écoute du Winterreise (Le Voyage d’hiver) de Schubert m’a littéralement émerveillé à plus d’une titre. C’est en 1827 que Franz Schubert écrit des musiques au piano pour 24 poèmes de Wilhelm Müller (1794-1827). Errance, solitude, mélancolie, manque d’amour, désespoir… le tableau de ces poèmes n’est guère réjouissant, il symbolise l’itinérance d’une homme à travers un paysage hivernal sans abris, sans amour, sans humains. Tout transpire la solitude, le froid, le dénuement. Et soudain, dans le dernier lied (Die Leiermann), une rencontre incongrue se fait entre l’itinérant et un joueur de vielle à roue :

 

Aux abords du village se tient un vielleux

Et de ses doigts gourds il tourne ce qu’il peut

Pieds nus dans la neige, en tout sens il chancelle

Et jamais rien ne tombe dans son escarcelle

 

Nul ne veut l’écouter, ne lui jette un regard

Et seuls les chiens rognent autour du vieillard

Pourtant à leur gré il laisse aller les choses

Tourne et son instrument jamais ne se repose

 

Singulier vieillard, si nous nous associons ?

Veux-tu sur la vielle rythmer mes chansons ?

(Traduction de Pierre Balascheff)

L’espoir arriverait-il avec ce musicien ? Vient-il, comme celui de Donovan, chanter des chansons d’amour ? Son passage augure un changement, sa vielle apporte un revirement. Car c’est bien de vielle à roue qu’il s’agit. Karl Schumann écrit : « il s’agit d’une vielle à roue, telle qu’on en fait usage principalement en Hongrie, et non d’un orgue de Barbarie. Les lourdes quintes en fauxbourdon de la musique folklorique se sont figées en une image de la monotonie du désespoir » (livret du CD Winterreise, Philips 464 739-2). Schubert sentait la fin de sa vie approcher (il mourra quelques mois plus tard), se posait des questions sur son œuvre, sa solitude, ses désillusions… Ces poèmes de Müller ne pouvaient alors lui échapper, il en fit une partition poignante. Comment ne pas penser à Donovan et à son joueur de vielle à roue ? Comment ne pas faire un lien, quitte à être le seul à le faire ? Ce lied a souvent été transcrit en anglais sous le titre The hurdy gurdy man, même si on peut en lire d’autres traductions comme The organ-grinder

Une question en passant : Donovan avait-il entendu cette pièce de Schubert avant d’écrire sa chanson ? Se serait-il tout simplement inspiré du titre ? Ou la vielle à roue est-elle à ce point liée à l’image du musicien itinérant qu’elle réapparaît presque cent cinquante ans plus tard tout-à-fait naturellement ?

Suivez-moi encore, amis du classique, on repart vers le rock. Sans quitter Schubert ! Sting, chanteur du nord de l’Angleterre ne s’est pas privé de sortir des sentiers battus au cours de sa carrière. En 2009, il sort un disque étonnant chez Deutsche Grammophon (label classique s’il en est) dont le titre est évocateur : If on a winter’s night. Il semble que l’hiver soit sa saison préférée. Il concocte alors un répertoire aux emprunts divers : traditions anglaises, compositions personnelles, œuvres de Purcell, Praetorius, Bach et Schubert. On y croise un poème de Robert Louis Stevenson et un autre du poète Robert Southwell mis en musique par Chris Wood. Lequel nous indique une des directions prises par Sting pour le choix des musiciens ici présents : Kathryn Tickell, Mary MacMaster et Julian Sutton, dignes représentants de la scène folk anglaise et écossaise. Mais l’homme ne manque pas de ressources et la liste des invités est trop longue pour mon propos. Retenons seulement Dominic Miller, Ibrahim Maalouf, Vincent Segal, Ira Coleman, David Mansfield, Bijan Chemirani, Jack DeJohnette et bien d’autres, tous aussi talentueux. Toujours est-il que Sting a inclus en ce répertoire le lied de Schubert et Müller dont nous venons de parler. Il l’interprète sous le titre The Hurdy Gurdy Man et explique avoir pris quelques libertés avec les paroles qu’il termine en chantant : 

« En te regardant vieil homme,

Je me vois en toi

Un jour je jouerai aussi

De la vielle à roue »

Et pourtant Sting a choisi, pour l’accompagner en ce chant, deux instruments : le mélodéon de Julian Sutton et le violon de Daniel Hope ! Pas de vielle à roue. Étonnant quand même puisqu’il avait, très largement, les moyens d’engager un joueur de hurdy gurdy que ses comparses n’auraient eu aucun mal à lui désigner parmi les musiciens anglais (Nigel Eaton, Jake Walton, et pourquoi pas l’Irlandais Andy Irvine… ou d’autres encore sans doute).

Nous revoilà donc encore avec une belle version, originale, de cet homme à la vielle à roue mais toujours sans que l’instrument y fasse la moindre apparition.

On continue ? Et comment ! Avec un retour vers la France et très précisément vers l’Alsace et l’un de ses grands musiciens rock : Rodolphe Burger. Lui aussi a repris ce lied sur l’un de ses albums (Environs). Il le chante en allemand évidemment avec un arrangement qui laisse une place de choix au piano mais en l’incluant dans un univers électrique dont Burger a le secret et le talent.

Mais toujours pas de vielle à roue…

Diverses versions du Hurdy Gurdy Man de Donovan ont existé à travers le temps. Quelques-unes valent le détour : celle de Eartha Kit, celle des Phantoms et une version assez déjantée des Butthole Surfers, version dans laquelle ils forcent totalement et mécaniquement le vibrato vocal.

Mais toujours pas de vielle à roue…

On trouvera la chanson de Donovan en première version sur le disque Donovan The hurdy gurdy man  et en version allongée (avec le couplet de George Harrison) sur le disque Donovan the classics live. Il existe de nombreuses versions du Winterreise de Schbert, celle de Alfred Brendel au piano et Dietrich Fischer-Dieskau au chant vaut le détour.

 

Le Dandy vielleux

Il était une fois Pierre Imbert -1954/2001-

 

Connaissez-vous Pierre Imbert ?

Vielleux du "Grand Rouge" et "Lo Jai", chercheur, collecteur. On doit à Pierre Imbert de nombreuses publications disques et articles. Il a joué un rôle essentiel dans le renouveau et l'évolution de la vielle à roue. Avec entre autres un travail important sur l’évolution de la vielle à roue avec le luthier Jean-Luc Bleton.



Jean-Luc Bleton - Festival le son continu - Photo Philippe Krümm

Le Grand Rouge est un groupe français de musique folk d'origine lyonnaise. Les origines du groupe : En 1976, le groupe le Grand Rouge se forme avec le Olivier Durif : violon, accordéon, chant, Pierre Imbert : vielle à roue, guitare, chant, Eric Montbel : cabrette, Bechonnet chabrette, Christian Oller : violon, accordéon diatonique chant, l’ancien violoneux du Claque Galoche ( une autre belle histoire ce sera dans l’album de 1979 chez Arfolk - Folk traditionnel Français : Concertina violon chant : Anatole Benoit, Mandoline, Flutes chant : Patrick Perroton, Mandole, bouzouki, chant : Alain Cluzeau, Violon, accordéon, guitare chant : Christian Oller.

Festival de Courville sur Eure : Christian Oller, Olivier Durif, Pierre Imbert

Le premier album 

Peu après sa fondation, Le Grand Rouge signe chez Cezame et sort un premier album en 1976.

Le second album 

Traverser du pays sort en 1979 chez Hexagone. Ce second album sera important dans l’histoire du revivalisme folk. Le groupe se séparera à la fin de 1981 pour renaitre sous le nom de Lo Jaï.

Pierre s'était, marié avec Diana Stewart, et installé au Canada à Vancouver dés 1995, où il se produisait avec le groupe "Cordes en folies". Il jouait en Amérique du Nord avec la chanteuse "Lorenna Mac Kennit". Il animait des stages aux Etats-Unis, aimait croiser et jouer avec son ami l’accordéoniste Italien Riccardo Tesi.
Pierre Imbert nous a quitté à 47 ans.

 De gauche à droite : Pierre  Imbert, Christian Oller, Eric Montbel Didier Boyat , Guy Bertrand,Jean Christoohe Maillard . Avant une tournée de 2 mois en été 89 aux Usa Canada avec l AFAA / pour le bicentenaire de la révolution

Pierre Imbert la jouait, Donovan la chantait.

1986, États-Unis, festival d’Edmonton :  Lo jaï, le nouveau groupe de 4 compères - Pierre Imbert, Olivier Durif, Christian Oller, Éric Montbel - est invité et Donovan est là !

« Quand j’étais jeune et que je jouais de la guitare je connaissais toutes les chansons de Donovan. En le voyant jouer j’étais ému. » nous raconte Pierre

Pousser par ses camarades et avec l’aide d’un régisseur il peut attendre la fin du concert de son idole au pied de la scène.

« J’ai pris ma vielle. Je suis allé en coulisses. Quand Donovan est descendu de scène, je lui ai dit « Hello I’m the hurdy-gurdy man » Il me répond : « Wow, it’s the first time i’ve seen a real hurdy-gurdy. »

Ce fut une belle rencontre où Donovan essaya la vielle de Pierre. Il lui confia l’anecdote de comment la chanson « the Hurdy-Gurdy man » lui était venue. « C’était vers la fin des années 60, j’étais sur une plage à Goa (Inde) avec toute une bande : Georges Harrison et des membres des Stones. Nous étions « défoncés » et j’ai eu une vision : J’ai vu arriver, les jambes croisées en tailleur, flottant au-dessus de l’eau, un hurdy-gurdy man tournant sa manivelle.

Joueur d'orgue de barbarie

(Donovan n’ayant jamais vu une vielle à roue, le doute restera toujours sur le fait que le « hurdy-gurdy man » tournait peut-être la manivelle d’un orgue de barbarie ! Instrument connu de tous.

Mais comme beaucoup, j’aime à penser que non ! Bien évidemment, c’était une vielle à roue !

Hurdy-gurdy woman 

Donovan dédicaça la vielle de Pierre :

Vielle de Pierre Imbert dédicacée par Donovan : Photo Stephan Imbert

Extrait de l’interview du livret de : Pierre Imbert, l’Age de Pierre : Croisière

Pierre Imbert : Quelques disques repères :

  • 1976 - Le Grand Rouge - (Cézame CEZ 1029)
  • 1979 - Le Grand rouge, Traverser du pays - (Hexagone HEX 883025)
  • 1981 - Lo Jaï, musiques traditionnelles du limousin - (Revolum)
  • 1987 - Lo Jai, Acrobates et musiciens - (Sanachie)
  • 1996 - Ad vielle que pourra – Ménage à quatre -  (Xenophile records)
  • 1999 - Cordes en folie, Ô expresso - (Not on label)
  • 2004 - Pierre Imbert, L’Age de Pierre : Croisière -  (Cordes Productions) – Compilation posthume.