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Des mondes de musiques

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ETHNOTEST XIV

Un colloque à Cuges-les-Bains

Epistémologix

Dans un numéro de feu Trad'Magazine nous avons déjà parlé des colloques, ce qui a valu à ce journal quelques résiliations d'abonnement.

De tels dégraissages sont malheureusement une nécessité, si l'on veut rester compétitif. Or le journal l'eût moins été sans les Ethnotests, qui lui assuraient la fidélité d'un public intelligent et cultivé, donc nombreux. Cela dit, il demeure encore trop d'abonnés moins nombreux et vu qu'il n'y a plus de Trad Mag, vous n'aurez pas à vous justifier d'abandonner cette revue pour une autre (de droite, de gauche, ou alors socialiste). Ci-dessous un passage extrait d'un récent colloque sur les musiques vivantes qui s'est tenu à Cuges-les-Bains.

Le modérateur : – Stéphanie Clément, pour quelles raisons continuez-vous à enseigner les techniques traditionnelles du violon solognot, alors que l'heure est à l'ouverture et aux métissages ?

Stéphanie : – Pour trois raisons, dont la troisième est la plus importante. Il y a d'abord le souci de lutter contre une ignorance généralisée, dont le terrorisme…

Dugland : – Ah non ! Je ne peux pas laisser passer ça ! Où est l'ignorance, où est le terrorisme ? Moi, j'estime que …

Stéphanie : – Permettez, je vous ai laissé parler sans vous interrompre, alors laissez-moi finir !

Dugland : – Pas si c'est pour dire n'importe quoi ! Dites-nous plutôt que …

Le modérateur : – Thierry Glandu, vous vouliez intervenir ?

Glandu : – Oui, non, je voulais juste rebondir sur ce qui vient d'être dit, là, il me semble que tout cela pose la question de l'enseignement et de son cadre. Si c'est le conservatoire…

Le modérateur : – Alors justement, parlons-en. Qui veut intervenir ? Marc Chichmelard ?

Chichmelard : – Heu, moi, je voudrais d'abord revenir sur le point précédent, celui des…

Le modérateur : – Non, désolé, il faut avancer, si on revient tout le temps en arrière, on n'aura jamais fini dans les délais, je vous rappelle que le buffet de clôture est à 18h. Là, on en est à l'enseignement dans les conservatoires.

Stéphanie : – Mais avant de parler de ça, je vous fais remarquer qu'on ne m'a pas laissée répondre à la question qui m'a été posée. J'avais annoncé trois points et je n'ai même pas pu…

Le modérateur : – Non, Stéphanie, soyez raisonnable, vous avez déjà eu la parole, d'autres que vous veulent s'exprimer et il ne nous reste plus beaucoup de temps. Monsieur le Ministre, vous voulez conclure ?

Le Ministre : – Eh bien, je voudrais dire tout d'abord que je vous ai écoutés attentivement, les uns et les autres, que j'ai trouvé tout cela passionnant et que je me réjouis beaucoup du débat d'idées qui s'instaure ici, sans lequel tout consensus ne serait qu'une illusion dangereuse. Ce que je voudrais ajouter, au titre non pas du ministre, mais de l'ancien danseur de ballet contemporain que je suis, c'est que l'enseignement de la musique ou de la danse ne laisse pas d'alternative au conservatoire, sauf à militer pour une improbable école buissonnière laquelle par définition ne prépare guère à un diplôme (rires) et n'ouvre donc pas de bassins d'emploi (acquiescements). La posture de l'enseignant est fondamentalement la même dans les écoles de musique et dans la tradition (acquiescements). Car il y a une tradition du ballet, ne l'oublions pas (acquiescements) et ici comme là, il y a toujours sinon dogmatisme, du moins une pédagogie faite de guidances, de guideries…

Stéphanie (ironique) : – De guidages, de guidations, de guidements…

Le modérateur : – S'il vous plaît, laissez parler monsieur le Ministre.

Le Ministre : – D'où la nécessité, j'allais presque dire, d'établir des passerelles entre toutes ces traditions qui le sont au même titre, n'est-ce pas, il n'y a pas la bonne tradition d'un côté et en face une autre qui serait mauvaise (rires). Alors bien sûr, chacun peut se refermer sur lui-même, fonctionner en vase clos, mais je ne pense pas que ça puisse nous mener bien loin : on ne devient soi-même que par ouverture à l'autre (applaudissements). Et ce qui importe, me semble-t-il, c'est de travailler tous ensemble, sans exclusive, à l'émergence d'une tradition qui serait celle de tous, une tradition unifiée, au sein de laquelle chacun trouverait sa place et qui d'une certaine manière, voilà, serait au service de la danse, la vôtre, la mienne, celle de tous, puisqu'au fond, au fond, nous le savons bien, quelque posture qu'on ait choisi d'adopter face à tel ou tel répertoire, il n'y a qu'une danse, La Danse, celle-là même qui nous rassemble tous ici avec ses musiques, qui sont toutes au même titre La Musique (applaudissements nourris, tous sont debout, sauf Stéphanie).

Stéphanie : – Permettez !…

Le modérateur : – Eh bien, nous terminons juste à l'heure, il nous reste à remercier Monsieur le Ministre pour sa conclusion éclairante et à fixer la date du prochain colloque.