Croyez-vous accéder au statut de danseur

Avec vos notations pour toute connaissance ?

Je prédis votre échec et crains votre arrogance :

L’une est fille de l’autre et c’est là votre erreur.

Vous dites dans les bals avoir trouvé la danse

Et en avoir reçu recettes et secrets :

Quel pied fait quoi d’abord et que fait l‘autre après,

Si l’on doit reculer ou bien si l’on avance.

Sachez, mes bons amis, que rien de tout cela

Aux yeux d’un vrai danseur n’a la moindre importance.

Cherchez-vous des gourous qui prônent l’observance

Et qui pensent danser en récitant des pas.

Les pas sont un moyen d’approcher la déesse,

Comme un cheminement vers l’autel souverain

Où l’âme se fait corps et rencontre le sien :

Nul ne peut être amant s’il n’a pas de maîtresse.

La musique d’abord doit parler par vos yeux

Et vous dire en retour, indiscrète émissaire,

Ce qu’éprouve pour vous alors la partenaire.

La mélodie est danse, elles sont une en deux.

L’une dit en trajets ce que l’autre nous phrase,

Les pas dans les motifs trouvent sens et confort,

Elles font notre envol et freinent notre essor

Pour qu’un envol prochain à nouveau nous embrase.

En amont : le regard sur la danse des dieux,

A l’écart des marchés de la faveur publique.

En aval : le temps long, parcours initiatique

Qui fait la danse belle et le danseur heureux.