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Des mondes de musiques

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Ethnotest

Moyen Âge évolutif

Epistemologix

“Nous autres, chevaliers du Moyen-Âge, partons pour la guerre de cent ans ! “ Ouais, génial, trop cool ! “.

Vous avez sûrement repéré les détails qui révèlent que Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Gilles de Rais et leurs copains, c’étaient des tradeux d’aujourd’hui. Non pas parce qu’ils disent ouais, génial et trop cool, qui signifient en gros Montjoie et Saint Denis ! Mais parce qu’un chevalier du quatorzième siècle n’a aucun moyen de savoir qu’il est médiéval. Ni que la guerre va durer cent ans.

De sorte que le tradeux connait mieux le Moyen Âge que les chevaliers du quatorzième siècle, à qui il va falloir expliquer des choses. Des deux, le tradeux est seul à savoir que bientôt ce sera la Renaissance. Car le Moyen Âge évolue. Il est déjà passé du vase de Soissons à la Chanson de Roland, puis aux compos de Victor Hugo. Or le chevalier n’a pas conscience que la Légende des siècles, c’est l’évolution naturelle de l’épopée carolingienne. Et que Violet le Duc, c’est le gothique de demain. Tout ça permet au tradeux de partir pour la guerre de cent ans en tant que chevalier du Moyen Âge. Et du coup, il est plus moyenâgeux que Du Guesclin ou Jeanne d’Arc. Lesquels ne sont que de leur temps. Un temps sans avenir. En tous cas pour eux.

Il y a entre le moyenâgeux et le médiéval la même différence qu’entre le trad et le traditionnel. Mais ça, on ne le voit que quand il n’y a plus de Moyen Âge ou de société traditionnelle nulle part. C’est même ce qui permet de la nier, cette différence entre deux réalités, dès lors qu’il n’y en a plus qu’une.

Reste à en tirer les conclusions qui s’imposent, si on veut être cohérent. Alors soyons cohérents : Rozenn Kervoëllen, née en 1840, était paysanne dans les monts d’Arrée. Chaque matin en s’éveillant, elle se disait : j’ai assez dormi, il est temps de me lever et d’enfiler mon costume folklorique (coiffe, corsage de velours à encolure de dentelle, jupe lourde à larges plis). Et ce soir, j’irai au fest noz faire de la danse folklorique. Simplement, comme la tradition évolue, je vais remplacer le battage au fléau par du battage médiatique : si on me demande de chanter en kan ha diskan, je ferai évoluer l’aire à battre en podium et j’irai faire des gestes derrière un micro. Le traditionnel, Rozenn était tombée dedans quand elle était petite. Vers 1850, donc. Vous voyez le piège, là ? Pardon ? Vous aussi, vous êtes tombés dans le trad quand vous étiez petit ? Eh bien je vais vous dire une chose : vous n’êtes pas près d’en sortir.