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Des mondes de musiques

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Ethnotest XXIII

Les médias au service de la recherche

Épistémologix

Q : Monsieur Jean- Emile Strauss-Berger, bonjour !

J_E. S._B : Bonjour !

Q : Alors, Jean-Emile Strauss-Berger, vous êtes ethnologue, explorateur pourrait-on dire, dans la mesure où ce mot peut encore avoir un sens aujourd’hui, car enfin, on se demande s’il reste encore quelque chose à explorer sur la planète, vous nous direz ça tout à l’heure, et vous avez passé cinq ans en compagnie des Akawas, qui sont une tribu primitive, je ne sais pas si le terme est celui qui convient, vous allez nous le dire, il faut être prudent avec ce genre d’appellation, on a eu trop longtemps tendance à qualifier de primitives des peuplades dont la culture ne correspondait pas aux critères auxquels nous sommes habitués à mesurer ce que nous appelons la civilisation, entre guillemets, toujours est-il que ces Akawas ont la triple caractéristique d’avoir une culture exclusivement orale, d’une part, mais aussi d’autre part exogamique et anthropophagique - ce qui est une autre forme d’oralité, me direz-vous - mais qui pose ici, bien sûr, un problème, vous allez nous expliquer ça, parce que ça suppose des relations avec les tribus voisines qui,peuvent être alors au moins de deux types, a priori, en ce sens que, ou bien on épouse l’étranger, ou bien on le consomme, et dans ce cas, quels sont les critères de choix, il faudra nous éclairer là dessus, à moins de supposer, évidemment, qu’on épouse les femmes et qu’on consomme les hommes, ou l’inverse, vous allez nous le dire, à moins encore que les tribus voisines ne représentent en quelque sorte l’aire matrimoniale et que ce soient exclusivement les missionnaires et les touristes qui fournissent l’ordinaire proprement culinaire, mais ça ne semble pas être le cas, puisque vous avez vécu là-bas et que vous en êtes revenu, aussi célibataire qu'avant d’une part, et sans qu'on décèle sur vous la moindre trace de cuisson d'autre part, sans parler de la pointure de votre casque colonial, qui semble établir que les Akawas n’observent pas les mêmes rites d’accueil que les Jivaros. Monsieur Jean-Emile Strauss-Berger ?

J.-E. S.-B. : Alors, d’abord, il ne faut pas réduire les Akawas aux trois traits que vous avez évoqués...

Q : Non, bien sûr, vous allez nous parler de tout ça en détail, mais je crois qu’on ne peut pas, dans le cadre d’une émission comme celle-ci, entrer dans des considérations trop savantes, trop techniques, trop pointues, vous l’avez fait magistralement dans votre beau livre Le dit et l’inter-dit, qui fait autorité, mais qui n’est pas à proprement parler un ouvrage de vulgarisation à l’intention du grand public, ce grand public qui nous écoute ce soir et qui se pose bien des questions, auxquelles vous êtes là pour répondre, concernant l’oralité chez les Akawas, mais concernant aussi l’exogamie, et puis surtout, surtout, bien sûr, le cannibalisme, car enfin ces pratiques sont quand même en perte de vitesse, du moins on veut l’espérer, et le fait que vous soyez revenu indemne de ce séjour excite quand même la curiosité. Jean-Emile Strauss-Berger ?

J.-E. S.-B. : Oui, alors il faut d’abord distinguer entre anthropophagie et cannibalisme, en ce sens que ...

Q : Je vous demanderai, Jean-Emile Strauss-Berger, de bien vouloir être bref et d’aller à l’essentiel, car nous n’avons pas beaucoup de temps, malheureusement, je dis malheureusement, car toutes ces questions sont évidemment passionnantes, elles passionnent nos auditeurs, nous avons reçu un courrier très abondant à ce sujet, et d’ailleurs j’en profite pour rappeler à celles et ceux qui nous écoutent qu’ils peuvent nous écrire et se procurer la cassette de cette émission, c’est un service que nous assurons volontiers, pour une somme modique, car nous sommes avant tout au service de la culture et estimons avoir une mission à remplir, mission d’intermédiaire, en quelque sorte, de relais entre la recherche et le grand public, je suis sûr, Jean-Emile Strauss-Berger, que vous partager cette façon de voir ?

J.-E. S.-B. :- Absolument ...

Q : Eh bien je vous remercie, cette émission arrive à son terme, je vous rappelle que nous recevions aujourd’hui Jean-Emile Strauss-Berger, ethnologue, auteur de Le dit et l’inter-dit, publié chez Fayard, qui a passé cinq ans parmi les Akawas, tribu exogamique et anthropophage, ou cannibale, je ne sais pas comment il faut dire. Jean-Emile Strauss-Berger, merci, et au revoir.

J.-E. S.-B : Merci à vous.