Geneviève Nadeau
Directrice d’un étonnant festival.
Philippe Krümm (Photo d'ouverture Geneviève Nadeau aux Nuits de Fourvière - Photo P. Krümm
L’instrument de musique le plus méconnu au Québec, c’est probablement la vielle à roue. Demandez à un ou une Québécoise dans les rues à Montréal (je l’ai fait !!!) « Connaissez-vous la vielle à roue ? » : Ils vous répondront : « C’est quoi ça ! » Chez les amateurs de musique, l’inconnu est souvent le luthier.e le facteur.e, l’auteur .e des instruments dont ils écoutent le son.
Pour les festivals souvent, l’inconnue, c’est le gestionnaire des affaires, la cheville ouvrière comme on aime à nommer ces personnes indispensables. Dans le cas du festival Chants de Vielles et de la Compagnie du Vent du Nord la femme de l’ombre c’est : Geneviève Nadeau. Brève rencontre avec une femme d’action
Les Vielleux de 2006 au festival Chants de Vielles - Photo CDV
En quelle année naît le festival Chants de Vielles, qui trouve le nom et comment a-t-il cheminé toutes ces années ?
En 2004. On était en plein hiver 2003, dans notre petite maison à Calixa-la-Vallée. Nico (Nicolas Boulerice) et moi nous étions en plein brainstorming pour la création d’un festival de musique trad. J'ai lancé l'idée, là sur le bord du poêle, comme on dit, que ça pourrait s'appeler : Chants de Vielles.
Au départ c'était Chants de Vielles avec comme sous-titre : « Rencontre de chanteurs, musiciens, danseurs et curieux... » J’ai pensé à Chants de Vielles parce que je m'intéressais beaucoup aux chants à l'époque, encore aujourd'hui, mais, à ce moment-là, je chantais. J’avais passé pas mal de temps en Bretagne. J’avais bien des modèles de festivals, de lieux de rencontres qui m'avaient inspirés. J’avais pensé à Chants de Vielles pour mettre en valeur d'abord et avant tout le chant et bien évidement pour la Vielle-à-Roue, c’était Nicolas (Boulerice, vielleux, chanteur clavier du Vent du Nord). Chose incroyable, il y avait deux joueurs de Vielle à Roue dans le même village à Calixa-la-Vallée : Nicolas Boulerice et Daniel Thonon (voir article).
Nicolas Boulerice – Photo PK
On avait décidé que Calixa-Lavallée était la capitale nationale de la Vielle-à-Roue au Québec. Il y avait eu un beau festival « Vielles et Cornemuses » à Saint-Patrice-de-Beaurivage à l'extrême Est du Québec créé par Daniel Thonon et Yves Steinmetz. Je n'y suis jamais allé, c'est quand même une autre époque. Dans la bande de départ il y avait Olivier Demers, Nicolas Boulerice et moi. J’avais essayé de convaincre Nicolas d'abord, ensuite Olivier. Il était un peu réticent, mais en même temps, il avait l’envie de lancer un festival.
Finalement, on a convenu que, de nous trois, j'allais être : Chants, Olivier était : DE (Olivier Demers) et Nicolas : Vielles. On avait chacun un petit bout de nous dans le nom du festival. C'était très naïf, mais amusant. (Rires). Et dans la foulée Nicolas et Olivier ayant cofondé le label Roues et Archets, là j’étais le ET de l’équipe
Olivier Demers – Photo PK
On n'a pas été plus loin que ça dans notre réflexion. D'ailleurs, le nom, depuis ce temps-là, on le trouve difficile à porter au Québec parce qu'il n'y a personne qui sait ce que c'est une vielle à la roue. On se disait que peut-être un jour, il faudra changer le nom, En tout cas, depuis 20 ans, on a survécu. Les premières éditions, se déroulaient la deuxième fin de semaine de septembre. On attendait la fin de l'été parce qu'Olivier et Nicolas étaient toujours en tournée avec le Vent du Nord. On avait vraiment beaucoup de plaisir avec ce festival-là, même s'il ne faisait jamais beau. La scène était dans une grange. En fond de scène il y avait des duvets qui séchaient. (Rires) La première année, il y avait peut-être 500 personnes, beaucoup d'Américains et beaucoup de gens qui suivaient Le Vent du Nord.
Nicolas Boulerice, Geneviève Nadeau, Olivier Demers – Chants de vielles 2006 – Photo CDV
Le Vent du Nord voyageaient beaucoup sur la côte Est. Ils avaient fait de la promotion pour ce nouveau festival qui allait naître. Les Folkeux de la côte Est adorent ce genre de truc. La première année, il y avait même la directrice de Folk Alliance International. https://www.folk.org/
C'était une petite foule, mais des gens très engagés, très passionnés qui avaient voyagé pour venir au festival.
Geneviève Nadeau et son fils, 2006 – Photo CDV
En 2012, Le responsable de la Maison de la culture à Saint-Antoine-sur-Richelieu est venu me voir à mon bureau à Verchères pour me dire « J'aimerais que votre bureau déménage dans la Maison de la culture à Saint-Antoine-sur-Richelieu. On a besoin de rassembler les personnes qui s'impliquent dans le domaine culturel dans la région. Il faut qu'on crée un lieu pour être tous en réseau, pour que l’on travaille tous ensemble, que l’on mutualise, tout ça. » J'ai donc déménagé le bureau des productions Le Vent du Nord et de Chants de Vielles.
On s’est dit : « Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour vérifier si, dans le village de Saint Antoine-sur-Richelieu, il n'y avait pas d'intérêt à avoir un festival ? » Le hasard faisant bien les choses, un jour, en allant à La Poste, on a vu le maire qui prenait soin de sa pelouse. On lui a demandé « Est-ce que vous aimeriez avoir un festival à Saint Antoine-sur-Richelieu ? » Il a dit « Oui ! ». Tout a déboulé à partir de ce moment-là. On a rapidement signé une entente la ville. Tant qu'à changer le lieu du festival on a changé aussi la date pour la fin juin. Depuis 2013, on est à Saint-Antoine-sur-Richelieu. On a sauté une année. Donc, en 2012, on ne l'a pas faite. Ce qui explique qu'on a 20 ans en 2024.
L’année 2020, année de la COVID On a fait des petites choses. On ne peut pas appeler ça nécessairement un festival. Mais en tout cas, il y a eu de la musique. On a loué un ponton. On a fait un tour de ponton sur la rivière. Ça a été le début de Chants de Vielles-sur-Richelieu, qui est devenu la formule du festival qui pourrait évoluer dans l'avenir. Chants de Vielles-sur-Richelieu, c'est un grand bateau de 60 pieds (18m) qu'on loue, sur lequel on installe une scène. On va devant les quais des villages riverains de la rivière Richelieu pour présenter des spectacles.
La première fois qu'on l'a essayé, c'était avec un tout petit ponton. On avait mis un système de son, Il y avait eu les frères Brunet, les frères Baudry, puis les « frères » Boulerice/Demers, comme on les appelle. Il y était six sur le ponton, C'était très épique. C'était « des foules » de 50 personnes devant chaque quai. L’idée était bonne en 2021, c'était 250 personnes par quai. Puis en 2022, on a modulé encore. On l'a fait trois ans de suite.
Cette année, il y a quoi de particulier pour l’anniversaire ?
Il n'y a pas de thématique spéciale. On a maintenu le cap en termes de programmation sur les mêmes éléments qu’en 2023. C'est-à-dire les concerts sur le bord de la rivière, des concerts à l'église, des ateliers sur différents lieux. On n'a pas vraiment réinventé la roue...de vielle (rires)
Affiches 2024
Un rêve pour les années à venir ?
C'est qu'il fasse beau (rires). C'est le premier rêve qu'on chérit tous et toutes, considérant que l'année dernière, on a eu, dans notre édition de relance, une année extrêmement difficile.
Il a plu... Toute la fin de semaine, ça a été vraiment dégueulasse.
Sinon J’aimerais vraiment qu'on ait la possibilité d'inviter plus de musiciens et de musiciennes de centre-France et de Bretagne. C'est vraiment quelque chose que l’on n'a pas nécessairement assez développé à notre goût. On aimerait vraiment avoir beaucoup plus d'artistes qui représenteraient les différents pays de France.