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Des mondes de musiques

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Improviser avec les chevaux…

Une nouvelle aventure pour Jean-Luc Thomas, cet infatigable musicien voyageur.

Par François Saddi

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés pour une interview, c’était en 2016 à l’occasion de la sortie de ton CD en duo avec le flûtiste d’Inde du Sud Ravichandra Kulur (cf interview dans le n° 168 de Trad’Mag).

Nous nous sommes ensuite croisés en mars 2017 pour les 10 ans du label Hirustica, label que tu as monté avec le trompettiste breton Gaby Kerdoncuff. Ce concert/événement marquait aussi la sortie du dernier CD du trio Serendou.

Aujourd’hui, tu es sur scène avec 3 autres musiciens pour le dernier spectacle du théâtre équestre Zingaro, "Ex Anima"…

Jean-Luc Thomas Photo Françis Goeller

La rencontre avec Bartabas ?

La rencontre a eu lieu par l’intermédiaire de Denis Péan du groupe Lo Jo. Il y a plusieurs connexions entre Lo Jo et Zingaro depuis quelques années et quand Bartabas a eu l’idée du souffle sur cette création, il en a parlé autour de lui en disant qu’il cherchait un flûtiste capable de travailler sur plusieurs traditions de flûtes du monde, et c’est à ce moment là que mon nom est sorti car Denis avait suivi mes pérégrinations autour du Niger, du Brésil, de l’improvisation avec Michel Godard, du travail vers l’électronique,… S’en sont suivis quelques échanges téléphoniques avant une rencontre à Aubervilliers en Octobre 2016 puis en Mars 2017 où suite à un passage d’une équipe de Zingaro à un concert de Serendou et après avoir assisté à une répétition, j’ai accepté la collaboration. C’est à ce moment là également que je les ai mis en relation avec Véronique Piron que je connaissais de longue date et Wang Li dont Zingaro ignorait qu’il résidait sur Paris.

Quid du travail avec les autres musiciens, les flûtistes Véronique Piron, Wang Li et le poly instrumentiste François Marillier ? Comment se sont fait les arrangements ? Et le choix du répertoire ?

Nous nous sommes retrouvés en mai 2017 au Fort d’Aubervilliers, nous avons travaillé à partir de matériaux vidéo, les tableaux avaient été filmés et nous avons pris le temps de les visionner. Il y avait également du matériau audio, François Marillier avait préparé des enregistrements sur lesquels travaillaient cavaliers, chevaux et Bartabas. Ces matières nous ont guidés pour défricher quelques lignes musicales. Au mois de mai, nous avons proposé des ébauches de morceaux, 2 ou 3 par tableaux, que nous avons enregistrés et que François a transmis à Bartabas. Il y avait la volonté de laisser beaucoup d’espace à des solistes, nous avons donc laissé de longs espaces à chacun d’entre nous, Véronique Piron et ses fûtes japonaises, Wang Li sur les guimbardes et Hulusi, et moi même sur les flûtes traversières en bois et une petite Bansuri. Pour quelques tableaux, nous avons décidé de fabriquer ensemble les arrangements, donc nous avons proposé, écouté, essayé et in fine, François décidait de ce qui lui semblait respecter le plus l’esprit de la commande de Bartabas.

Le répertoire vient bien sûr de nos univers respectifs et de leur radicalité. Sur le spectacle, l’auditeur est embarqué pour un rituel onirique aux couleurs africaines, japonaises, balinaises, indiennes, irlandaises, chinoises, …

Wang Li Photo DR

Les spectacles de Bartabas sont toujours très cadrés, précis au millimètre. Celui-ci au contraire prend le temps, celui du cheval qui joue son rôle… Mène-t-il la danse, au moins partiellement ?

Le cheval mène la danse et toute l’équipe est au service de l’idée d’ »Ex Anima ». Certains morceaux sont cadrés, précis et sont d’une représentation à une autre sensiblement identiques. D’autres sont cadrés mais souples et, en fonction des mouvements et humeurs des chevaux, les musiciens s’adaptent à la situation, chaque soir est différent. Enfin, il y a deux séquences cadrées mais où l’improvisation joue une grande place et c’est tout l’intérêt de l’aventure qui va durer au moins 2 ans.

Qu’en est-il de l’interaction entre les chevaux et vous ? Quelle est la place de l’improvisation ?

 Pour certains tableaux, la musique, je dirais davantage le son, guide les chevaux dans une direction, une posture, un geste... dans d’autres la musique soutient un tableau pensé et structuré par Bartabas où les chevaux sont très cadrés, enfin certains tableaux sont très libres et les musiciens s’inspirent de ce qu’ils voient et ressentent d’un soir à l’autre, c’est très plaisant à jouer car tout se remet en cause à chaque représentation et nos camarades de jeu sont toujours imprévisibles !

Peux-tu déjà percevoir quelques incidences de cette nouvelle expérience sur ton cheminement artistique ?

C’est un peu tôt mais je reçois déjà l’histoire et le parcours de ce Théâtre Equestre de Zingaro où j’arrive après 30 ans d’histoires, de créations, de tournées. J’observe beaucoup les méthodes de travail, d’organisation, la vie avec les animaux. L’exigence de Bartabas, absolue, permanente, …il ne laisse jamais rien passer, pas de routine possible ! Je suis également logé au Fort d’Aubervilliers et l’organisation des relâches fait qu’il m’est difficile de rentrer en Bretagne. Soit, je profite donc des opportunités pour aller voir des concerts, des expositions, rencontrer des musiciens... Jusqu’au mois de mars où je quitte Aubervilliers car la tournée démarre et je retrouve la Bretagne entre les différentes dates. Donc des graines pour l’avenir sont en train de se mettre en terre, j’aurai besoin de temps pour bien digérer cette riche aventure complètement nouvelle pour moi.

Jean -Luc Thomas Photo samuel Jouon

Les autres projets pour demain ou après-demain ?

Je continue de travailler avec la compagnie Hirundo Rustica sur l’ouverture à d’autres artistes (Fawaz Baker, Gab Faure,…).

Je suis bien sûr les formations avec lesquelles je travaille depuis longtemps (Thomas/Hopkins, Serendou, Thomas/Godard,…).

Une tournée de Magic Flûtes est en préparation pour le printemps 2019 avec Ravichandra Kulur.

Je vais rejouer « Oficina » mon concert solo en mars prochain en Bretagne. Il y a le groupe « Kerlavéo » de São Paulo qui sort un album bientôt au Brésil avec des musiciens fabuleux (Vitor Lopes, Gabriel Levy, Carlinhos Antunes, Pedro Ito, Toninho Carrasqueira,…) et je vais sûrement être appelé pour quelques concerts par là bas.

Je pars animer une master classe à Galway en mars 2018 et je vais en profiter pour y passer la St Patrick et visiter mon ami le violoniste Pat O Connor à Feakle.

Le Trio Trio Libre avec Kristof Hiriart, Yoann Scheidt et Jérémie Ternoy se retrouve début avril pour préparer un album pour 2019.

Les aventures continuent et sont multiples comme toujours.