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Des mondes de musiques

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Jean Franc, fabricant de cabrettes à Paris (1828 -1901)

État des lieux de nos recherches

Agnès Unterberger ( Photo D'ouverture Portrait d'Antoine Bouscatel, qui a joué sur la cabrette en ivoire "la novià" tournée par Amadieu et achevée par Franc.- Collection P. Krümm)

Jean Franc (1828-1901) est habituellement évoqué comme l’ami et le collaborateur du fabricant de cabrettes Amadieu à la fin de sa vie, et d’une certaine manière son successeur. Ce qu’on en retient oralement doit surtout aux souvenirs évoqués par le cabrettaire Jean Bergheaud dans deux interviews[1]. Les recherches en archives effectuées pour la parution de notre ouvrage Paris-cabrette en 2013[2], et poursuivies depuis, nous ont permis d’approfondir des éléments supplémentaires sur sa biographie et son environnement artisanal à Paris.

 

Jean Franc, un commerçant bien connu de la rue du Faubourg-du-Temple : renseignements biographiques

Jean Franc est né en 1828 à Cissac[3], commune de Cantoin (Aveyron), à la limite entre le plateau de la Viadène et l’Aubrac, un « pays » aveyronnais qui concentre historiquement de nombreux joueurs de musique traditionnelle et de cabrette[4]. C’est aussi une terre d’où les Aveyronnais émigrent au début du XIXe siècle, avant même le mouvement massif de population pour rejoindre Paris, amplifié par l’arrivée du chemin de fer. On trouve ainsi la mention, sans qu’une parenté directe soit pour l’instant établie avec le fabricant qui nous intéresse, d’un certain Guillaume Franc, porteur d’eau né à Cantoin au moment de la Révolution, qui se marie en 1815 dans le premier arrondissement ancien de la capitale[5].

Jean Franc est le fils d’Antoine Franc et de Geneviève Dangles, propriétaires à Cissac, où habite également son grand-père. Sur une fratrie de huit enfants[6], il a en particulier deux frères aînés, l’un prénommé Raymond, né en 1817[7], et l’autre prénommé Antoine, né en 1820[8], qui habiteront eux aussi Paris au cours du XIXe siècle, et resteront proches. Ces trois frères se marient la même année, en 1852 : à Cantoin en ce qui concerne Raymond ; dans le 10e arrondissement de Paris (ancien 5e arrondissement) pour Antoine, dont la noce est célébrée dans la paroisse Saint-Laurent, et pour Jean, qui se marie dans la paroisse Saint-Joseph[9]. Peu après Raymond rejoint lui aussi la capitale, où l’on retrouve sa trace un an plus tard[10].

Jean Franc, déclaré « porteur d’eau », épouse Catherine Juéry, originaire de Lieutadès dans le Cantal, une commune voisine de Cantoin[11]. C’est une charbonnière de vingt ans, née à Paris en 1832, et domiciliée au moment de son mariage au 39 rue du Faubourg-du-Temple, dans le dixième arrondissement. Franc s’installe bientôt à cette adresse : c’est là que naît leur fille Louise en 1860, de parents « charbonniers ». Franc y demeurera jusqu’à sa mort en 1901[12]. Cette grande stabilité de domicile est attestée dans les archives et la presse régionaliste de l’époque, qui en fait état dans la nécrologie de Franc[13].

Rue du Faubourg-du-Temple, carte postale

Dans son ouvrage plus tardif, De la Popinqu’ à la Ménilmuch’ (1924), mais qui donne une idée de l’animation du quartier, Jacques Valdour évoque ce secteur du 10e arrondissement: « Le quartier du Faubourg-du-Temple s’étend au nord du Marais et à l’ouest du quartier Popincourt, entre la rue Oberkampf et l’hôpital Saint-Louis, entre la place de la République et les Boulevards extérieurs. La rue du Faubourg-du-Temple et la rue Saint-Maur, la rue de l’Orillon, la rue des Trois-Bornes et la rue d’Angoulême en forment le centre. Les ateliers de la petite métallurgie n’y sont pas rares […] Le petit commerce domine dans ce quartier, surtout rue du Faubourg-du-Temple, pourvoyant aux besoins de ses habitants en alimentation d’abord, en boisson et en vêtements ensuite[14] »

Les Franc habitent dans une artère populaire et commerçante, caractérisée par une fréquentation quotidienne importante. Ancien chemin conduisant à Belleville, la rue se dote en plus d’un tramway funiculaire dans les années 1890 : « …entre six et sept heures, la rue du Faubourg-du-Temple offre le spectacle d’une animation extraordinaire ; elle fourmille d’ouvriers, d’ouvrières, d’employés, qui remontent du centre de Paris vers Belleville. Il y en a, du trèfle ! De temps à autre, au milieu de cette foule rapide, passent dans un ronflement les voitures, chargées de monde, du funiculaire. Derrière les glaces des boutiques […] les marchandises s’entassent dans un ordre savant et sous des annonces séductrices[15] »

Non loin du foyer des Franc, la famille de Benoît Amadieu est établie rue Saint-Maur et dans les voies proches, dans les années 1860 et 1870[16] . Le gendre d’Amadieu, Ernest Vavasseur, qui assure sa double activité d’acteur aux Folies Dramatiques le soir et de vendeur de parapluies le jour, tient la boutique Amadieu au 115 puis au 155 rue Saint-Maur peu de temps avant la mort de son beau-père en 1877, soit tout près de l’intersection avec la rue du Faubourg-du-Temple[17]. Le beau-père de Franc, Jean Juéry, habite également à proximité, au 39 rue des trois Bornes, une voie parallèle à la rue Saint-Maur, avec sa femme et sa seconde fille, Marie Louise. L’adresse est mentionnée lors du mariage de celle-ci avec Jean Baptiste Gondal en 1862, auquel Jean Franc est témoin[18]. Tout ce secteur de la Folie-Méricourt fait partie de l’ancien quartier du Temple tel qu’il était délimité avant 1860 et le découpage de Paris en de nouveaux arrondissements. Il est dévolu davantage aux petits commerces, tandis que la grande majorité des artisans de précision et des garnisseurs travaillent dans le troisième arrondissement, de l’autre côté du canal Saint-Martin.

En 1879, la fille de Jean Franc épouse Pierre Jean Teissèdre[19], un garçon marchand de vins lui aussi originaire de Lieutadès et domicilié 86 avenue de Suffren, qui deviendra le maître de lavoir de la rue Popincourt, dans le 11e arrondissement[20]. C’est chez son gendre où il se trouvait « momentanément », au 28 rue Popincourt, que mourra Jean Franc en 1901, par ailleurs déclaré « rentier » au 39 rue du Faubourg-du-Temple. Sa femme était déjà décédée depuis quelques années, en 1896, date à laquelle il était encore déclaré « marchand de charbons ». L’article nécrologique relativement développé sur Jean Franc dans la presse régionaliste nous indique que sa réputation était acquise dans le milieu des Auvergnats de Paris, et son activité depuis longtemps reconnue.

 

L’Auvergnat de Paris du 13 janvier 1901 : nécrologie de Franc. Bibliothèque du Patrimoine, Clermont-Ferrand

Fabricant de cabrettes, ami de Benoît Amadieu (1804-1877) et cabrettaire

Dans la nécrologie de Franc est évoquée son activité de fabrication de musettes, alors que de son vivant, il est officiellement désigné comme porteur d’eau, charbonnier, marchand de vins ou rentier. Nous nous trouvons là dans un cas similaire à celui d’Amadieu: son artisanat musical n’est jamais mentionné en tant que tel dans les sources primaires, même si le travail déclaré de « menuisier », « souffletier », « tourneur en bois » ou « raccomodeur [sic] de parapluies » pour Benoît Amadieu, avec un outillage voisin de celui utilisé pour les cabrettes, nous en rapprochait beaucoup plus[21]. Cette activité est donc pratiquée en parallèle ou en complément du métier déclaré. À noter que Gaveau est établi entre 1851 et 1853 environ au 34 rue du Faubourg-du-Temple comme « facteur et accordeur de pianos », soit à quelques bâtiments du domicile de Jean Franc[22]. À son voisinage immédiat, au numéro 37, se trouve d’autre part un établissement de chansons ouvert en 1876 sous le nom de « Boléro Star », appelé le « Bijou Concert » quelques années plus tard, et dirigé dans la décennie 1890 par Albert Schmerck, futur fondateur des Folies Saint-Antoine[23]. Cette proximité, tout du moins géographique, avec un établissement de café-concert serait à examiner de plus près, car ce n’est pas la première occurrence rencontrée qui met en lumière des contacts possibles entre l’univers de l’opérette et de la chanson avec le milieu auvergnat[24].

La collaboration de Franc avec Amadieu est évoquée oralement par le cabrettaire Jean Bergheaud (1908-1979) qui se souvient de propos tenus par son ami Antoine Bouscatel (1867-1945). Il la situe à la fin de la vie d’Amadieu - soit à la fin des années 1870 -, lorsque ce dernier n’est physiquement plus en état de tourner lui-même ses cabrettes: « …c’était dans les derniers moments, il avait fait une éventration, Amadieu. Il était au lit. ». Il précise: « Ils [Franc et Amadieu] travaillaient presque ensemble, il était…, dans les derniers temps, il [Amadieu] pouvait plus tourner[25]. » Entraînée par cette « éventration », l’immobilisation forcée de Benoît Amadieu a sans doute été causée par son activité artisanale elle-même, lors du montage des parapluies: en effet, celui-ci nécessitait l’emploi d’un foret sur lequel venait s’enrouler un câble, monté sur archet[26], et qui prenait appui sur une « conscience », sorte de paumelle protégeant le ventre du « carcassier » (ou monteur). La compression répétée de l’abdomen, dû à ce perçage manuel, a pu favoriser l’apparition de cette maladie, une « éventration » désignant un certain type de hernie.

Outils de montage des parapluies : foret et conscience. Musée d’Art et d’Archéologie, Aurillac

Portrait d'Antoine Bouscatel, qui a joué sur la cabrette en ivoire "la novià" tournée par Amadieu et achevée par Franc.- Collection P. Krümm

À cette dernière période de la vie d’Amadieu, les tâches semblent donc partagées entre les deux fabricants. Pour le cas du hautbois de cabrette en ivoire « la nòvià », sur lequel jouera plus tard Bouscatel, Bergheaud y voit la raison pour laquelle il n’aurait pas été marqué de l’estampille Amadieu: « Alors il [Amadieu] avait fait cette cabrette [la nòvia], pour un type. Alors il avait fait tout l’intérieur, mais il l’avait pas tourné […] Oui presqu’un bloc, hein, il l’avait quand même ébauché un peu. Alors c’est, comme Franc qui travaillait avec lui, un nommé Franc, c’est lui qui lui a fini. Et quand il [le client] a acheté la musette, à Franc…, euh Amadieu était mort, euh…il a dit : Pourquoi vous la marquez pas Amadieu ? Il [Franc] a dit : moi j’ai fait l’extérieur, lui il a fait l’intérieur. Alors voyez comment qu’ils étaient pas…hein, ils étaient…intègres. Tandis qu’ç’aurait été un autre, il dit [aurait dit] : Je vais le marquer Amadieu[27]… » Si on lit attentivement ces propos, Franc achève donc l’œuvre d’Amadieu après sa mort (tournage et finitions), et remet alors la cabrette au « type » qui avait passé la commande[28]. Le vous de politesse utilisé par le client pour s’adresser à Franc indique que les deux interlocuteurs ne sont pas familiers et que la récupération de la nòvia par Bouscatel ne s’est pas faite de première main auprès de son fabricant[29], Bouscatel n’arrivant de toute façon à Paris qu’en 1890[30].

Hautbois de cabrette de 42 cm (buis) portant la double signature Amadieu et Franc : il est difficile de dire s’il s’agit d’un remontage postérieur ou si Franc a adjoint lui-même sa chanterelle signée au hautbois Amadieu. Coll. privée, photo Claude Quintard  

Détail du hautbois de cabrette de 42 cm (buis) portant la double signature Amadieu (partiellement effacée) et Franc. Coll. privée, photo Claude Quintard

La collaboration avec Franc n’empêche pas Amadieu de garder pour lui les outils dont il se sert pour marquer ses cabrettes : « …une fois, le père Bouscatel m’avait dit, t’sais qui paraît, que dans son lit, quand il avait fini les cabrettes, euh, tourné les cabrettes…pour euh…leur donner la forme quoi […] il me disait, le père…Amadieu, il était dans son lit, il avait une cuillère. Et, quant la machine était faite, il emmenait les machins sul’ lit et il n’a jamais voulu le faire voir à Franc, il voulait pas qu’il (cric cric cric). C’est pour ça qu’on tournait le bois au…derrière…au, au pavillon. Ca fait comme une excavation, un peu, et j’ l’ai remarqué dans beaucoup d’Amadieu, ça. Et…il me disait, soi-disant qu’il aurait été balancé ce truc-là, dans le canal. Saint-Martin. (Bergheaud, Jean, Montbel, Eric [enquêteur], entretien déjà cité). » On peut d’ailleurs remarquer que le canal Saint-Martin, encore à ciel ouvert sur cette portion, jouxte alors le secteur de la rue Saint-Maur.

Concrètement, dans les sources archivistiques, la présence de Jean Franc aux côtés de Benoît Amadieu est attestée dans l’acte de mariage de Michelle Amadieu, fille de Benoît, qui épouse Sigisbert Grandjean en 1876[31], et qui hébergera son père dans la dernière année de sa vie. Benoît Amadieu décède en effet au 64 rue Saint-Maur le 25 novembre 1877[32], où le jeune couple Grandjean est installé depuis le mois de juillet de la même année: en marge du calepin cadastral, on trouve cette indication « Bail 3 ; 6 ; 9 de Juillet 77 à Grandjean boutique[33] . » Jean Franc, « charbonnier âgé de quarante huit ans » en 1876, est témoin de la mariée, en tant qu’« ami » de la famille Amadieu. Ses prénom et nom, ainsi que son adresse du 39, rue du Faubourg-du-Temple sont retranscrits dans cet acte, même si la graphie de son nom de famille est à première vue difficile à lire dans le fil du texte. Mais, comme nous l’avions dit dans Paris-cabrette, l’adresse et le métier affiché laissent très peu de doutes, ce que confirme le calepin cadastral déjà consulté pour le 39 rue Faubourg-du-Temple[34], ainsi que son âge déclaré, impliquant une naissance en 1828, et sa signature en bas de l’acte. On peut par ailleurs rapprocher cette dernière de celles qui figurent sur les actes de naissance et de mariage de sa fille Louise, ainsi que de celle reportée sur l’acte de naissance de son petit-fils, où Jean Franc est déclarant. Tous ces documents d’état civil associent toujours ce témoin et ce nom à une adresse identique, celle du 39 rue Faubourg-du-Temple[35], et confirment, sans contestation possible, son identification.

Acte de mariage de Michelle Amadieu du 24 avril 1876 (1). Archives de Paris. V4E 3949 (11e)

Signature de Jean Franc au bas de l’acte de mariage de Michelle Amadieu du 24 avril 1876 (2). Archives de Paris. V4E 3949 (11e)

 Signature de Jean Franc au bas de l’acte de mariage de sa fille Louise, le 5 août 1879. Archives de Paris, V4E 3771 (10e)

Signature de Jean Franc sur l’acte de naissance de son petit-fils Jean Teissèdre, daté du 26 juin 1880. Archives de Paris, V4E 2563 (1er)

Jean Franc, fabricant de musettes, est aussi l’auteur d’une flûte, sans qu’on ait plus de précision sur son type - traversière, avec ou sans clés ? - et sur son aspect. L’instrument est offert comme prix pour une tombola organisée par la société musicale La Vercingétorix, « fanfare des Auvergnats de Paris » fondée en août 1886, en prévision de son premier banquet à la fin de la même année[36]. Cette mention dénote aussi un intérêt pour la fabrication d’instruments classiques.

L’Auvergnat de Paris du 26 décembre 1886 : annonce de la tombola de La Vercingétorix. Bibliothèque du Patrimoine, Clermont-Ferrand (reproduction F. Lenormand)

L’activité de cabrettaire de Franc est mentionnée dans plusieurs articles de L’Auvergnat de Paris à cette époque, même si les occurrences de presse qui le concernent sont plutôt rares. Il est en tout cas présent au banquet de La Ligue à la fin de l’année 1891 pour animer le bal au son de la cabrette, en compagnie notamment de Puech de Nasbinals, d’Alias et de Costeroste jeune[37]. Au printemps 1893, il assiste à un concours de musettes qui se déroule dans une salle au Champ de Mars et fait partie des musiciens volontaires pour se rendre aux fêtes régionales de Laguiole, Salers, Mauriac et Vic-sur-Cère[38]. Il n’est pas adhérent à l’association La Cabrette lors de sa fondation en 1895, mais en janvier 1898, il participe au grand bal de L’Aveyronnaise, association distincte de la Ligue auvergnate et regroupant les originaires de ce département, au même titre qu’Alias, le vielleux Tarible, Deschaud, Rigal, et bien d’autres joueurs.

L’Auvergnat de Paris du 30 janvier 1898 : bal de L’Aveyronnaise. Bibliothèque du Patrimoine, Clermont-Ferrand (reproduction F. Lenormand)

Une mention de 1890 dans la presse reste toutefois encore obscure, car il y est question d’un « jeune Franc » qui s’illustre à la cabrette lors du banquet de la jeune Ligue auvergnate. Jean Franc a pour sa part soixante-deux ans: s’agirait-il d’un neveu, par exemple de Raymond Franc, le fils de son frère Antoine [39] ?

Cabrette Franc de 47 cm (ébène), de face. Coll. et photo Dominique Paris

Signature Franc sur le hautbois de cabrette (47 cm, ébène). Coll. et photo Dominique Paris

Hautbois de cabrette Franc de 39 cm (buis). Coll. et photo Jean-Claude Rocher

  Signature Franc sur le hautbois de cabrette (39 cm, buis). Coll. J-C. Rocher, photo A. Unterberger

 

Cabrette Franc de 42 cm (buis), de face. Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

Signature Franc en haut du hautbois (42 cm, buis). Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

Cabrette Franc de 42 cm (buis et ébène), de face. Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

Extrémité haute de la chanterelle en ivoire (cabrette Franc de 42 cm, buis). Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

 

Cabrette Franc de 42 cm (buis et ébène), de face. Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

Signature Franc sur le hautbois (42 cm, cabrette en buis et ébène). Coll. privée, droits réservés, photo A. Unterberger

 Signature Franc sur un hautbois de cabrette de 33 cm (ébène). Coll. et photo Michel Esbelin

Signature Franc sur une cabrette de collection privée (ébène). Droits réservés, photo Agnès Unterberger

Liens avec le troisième arrondissement 

La longue période du séjour de Franc au Faubourg du Temple est précédée du passage par un arrondissement plus spécifique sur le plan de l’artisanat, le troisième arrondissement. Avant son mariage, Jean Franc habite en effet au 40 rue Notre-Dame de Nazareth, dans une « maison d’ouvriers plus ou moins aisés, avec deux boutiques[40] ». Cette voie est comprise entre les rues du Temple et Saint-Martin. Elle se situe dans le quartier des Arts et Métiers, une zone de Paris historiquement peuplée d’artisans tourneurs, de garnisseurs et de tabletiers, comme nous l’indique la lecture des sections du bottin du commerce dédiées à ces artisanats[41]. Ces ouvriers et fabricants sont habitués à travailler quotidiennement avec l’ivoire, le bois et les métaux précieux pour façonner des objets d’art, des bibelots, des bijoux, des accessoires, comme les cannes et les parapluies, et des articles de Paris. D’après les rapports d’expositions, c’est la tabletterie qui emploie le plus d’ouvriers qui travaillent l’ivoire, matière qui entre aussi dans la fabrication d’instruments de musique à vent - bagues, viroles - mais pas seulement : les artisans l’utilisent par exemple pour l’élaboration des touches de piano.

Rue Notre-Dame de Nazareth, carte postale

L’environnement géographique de Franc est donc intéressant à ce titre, bien qu’il ne soit pas lui-même déclaré artisan. Il l’est aussi si l’on se souvient qu’une adresse de la famille Amadieu nous renvoyait à la rue de Saintonge, numéro 18, dans le quartier voisin du Temple, en 1850[42] : « Dans la rue de Saintonge, selon le relevé cadastral effectué à partir de 1852, on trouve entre autres des fondeurs de cuivre, des bijoutiers, des horlogers, des pacotilleurs, des tabletiers à façon, des tourneurs[43]» Il n’est donc pas à exclure a priori que les Franc et Amadieu aient déjà pu cohabiter dans ce secteur au milieu du XIXe siècle, bien que l’année exacte de l’arrivée de Jean Franc à Paris ne soit pas connue ; ils étaient en tout cas à même de s’imprégner directement de ce type d’artisanat d’art et de tournage. On peut, à ce propos, s’arrêter à une noce célébrée en 1860 dans cet arrondissement. Le marié est un certain Juéry originaire de Lieutadès, domicilié rue Dupetit-Thouars, quartier du Temple. Il épouse Adélaïde Guérin, fille d’Henry Guérin, « facteur de pianos ». Parmi les témoins on trouve un second « facteur de pianos », ainsi qu’un « fabricant d’instruments de musique »[44], sans que le type d’instruments soit explicité. Bien qu’une parenté directe entre ce Cantalien et la belle-famille de Franc ne soit pas établie à l’heure actuelle, cette alliance mérite toutefois attention.

Les frères aînés de Jean Franc ont également élu domicile dans le troisième arrondissement au milieu du XIXe siècle et y séjourneront plus longtemps que Jean. Tandis que celui-ci gagne le Faubourg du Temple, Raymond continuera d’y habiter jusqu’en 1879 au moins[45]. Leur présence est attestée dans les archives de l’époque, bien que la graphie du patronyme soit parfois variable dans les calepins cadastraux : en effet, comme le « c » de Franc se prononce, cela conduit, dans les retranscriptions administratives, à des variantes patronymiques telles que « Franck » ou « Franque ». Les Franc n’ont certainement pas choisi au hasard ce point de chute dans la capitale. La famille de Catherine Juéry, future femme de Franc, y était déjà implantée au début de la décennie 1830, au 38 rue Notre-Dame de Nazareth[46], soit à un numéro d’écart de l’adresse de Jean Franc vingt ans plus tard. Une fois qu’ils sont bien établis, les Franc transmettent à leur tour leur bail à des gens du « pays » : Charbonnier de métier, Raymond Franc vend en 1876 son fond du 74 de la rue Charlot[47] à Jean Antoine Goutal, un confrère originaire de la commune de Sainte-Geneviève-sur-Argence[48]. Antoine Franc est pour sa part domicilié au 36 rue Notre-Dame de Nazareth en 1852, au voisinage immédiat de son frère Jean[49].

« Franque » marchand de charbons. Archives de Paris, relevé des propriétés bâties, rue Charlot, 1862 (1), D1P4 234

Enfin, on peut remarquer pour cette période du milieu du XIXe siècle, la présence d’un locataire du nom de Romany, qui habite dans le même immeuble que Raymond Franc, rue Charlot[50] : on trouve en 1854 la boutique de « Franque » au rez-de-chaussée, « marchand de charbon en détail » qui a succédé à un certain Rigal. C’est à l’entresol, à l’emplacement n°9, dans une « chambre à feu » qu’est inscrit Romany depuis 1852, à la suite d’un horloger du nom de Georges. Dix ans plus tard, ce patronyme figure toujours dans la liste des occupants de l’immeuble et est reporté une seconde fois à l’encre rouge.

Locataire du nom de Romany. Archives de Paris, relevé des propriétés bâties, rue Charlot, 1862 (2), D1P4 234

Il reste encore à explorer l’identité de ce Romany et ses contacts éventuels avec les Franc. A-t-il un quelconque lien avec le dénommé Claude Romany, 65 ans, témoin aux noces de Marie, une fille de Benoît Amadieu, en 1861[51] ? Ce dernier, originaire d’Arcon dans la Loire, est domicilié à la même adresse que Benoît Amadieu à cette époque, et mourra en 1870. Rappelons que sur le plan musical, le témoignage de Jean Bergheaud désigne Romany comme l’un des diffuseurs potentiels du style de jeu limagnier à la cabrette, même si le nom de « Nicolas » est aussi évoqué.

Perspectives de recherches

L’exploration des quartiers où ont séjourné Jean Franc et ses frères reste à poursuivre, qu’il s’agisse de leurs fréquentations ou des artisanats exercés dans leur voisinage. On peut en tout cas souligner la proximité géographique des Amadieu, qui vivent dans le quartier de la Folie-Méricourt au moment où Franc y tient son commerce dans les années 1860 et 1870, et qui continuent d’y habiter après la mort de Benoît. À la fin du XIXe siècle, un autre facteur de musettes loge également dans ce secteur : Alias, domicilié rue de la Fontaine au Roi entre 1896 et 1900, avant qu’il ne gagne le onzième arrondissement, lors de ses multiples déménagements. Il conviendrait aussi d’approfondir la participation des Franc au milieu associatif aveyronnais et auvergnat, sur plusieurs générations.

Annexes

- Arbre généalogique des Franc (droits Agnès Unterberger) 

Arbre généalogique de la famille Franc, droits Agnès Unterberger 

- Carte en ligne avec les adresses des familles Franc et Amadieu :

https://drive.google.com/open?id=1Pn1EZPDIaDveJQ7FcwFQXT6P95xtkwjP&usp=sharing  (droits Agnès Unterberger)

Retranscription de l’entretien entre Jean Bergheaud et Eric Montbel à propos d’Amadieu et de Franc (version audio disponible sur le site cabrette club, cité en bibliographie) :

Premier extrait :

Jean Bergheaud : […] Voilà, voilà, je cherchais le… le passage Thiéré. C’est là qu’était Dufayet, passage Thiéré, fabricant de cabrettes. Et il faisait tout à la pédale, hein, il n’avait pas de tour euh électrique, il faisait tout à la pédale. Ah dis donc tout à la....mon vieux. Et il faisait des bonnes musettes, mais, il avait tous les outils, il avait acheté les outils d’Amadieu, qu’il avait eu, et il a jamais arrivé à…Y en a pas, d’abord y en a aucun qui a pu arriver à faire comme Amadieu.

Eric Montbel : Oui. Y a des gars qui l’avaient connu, Amadieu, ou c’était…C’était quelle époque Amadieu, à peu près ?

J.B : Oh Amadieu, ça devait être euh…bien avant la guerre, bien avant 1900, oh oui.

E.M : Oui. Et Costeroste, il l’avait connu Amadieu, par exemple ?

J.B : Ah oui oui oui ! Ah oui il avait, oh oui, à l’époque, oui…Oh oui, oui, il avait dû le connaître. Oui, parce que, la musette que j’ai, la musette en ivoire…

E.M : Oui

J.B : que… le père Bousca - les autres m’ont pas intéressé- Euh… Elle avait été, c’était dans les derniers moments, il avait fait une éventration, Amadieu. Il était au lit. Alors il avait fait cette cabrette, pour un type. Alors il avait fait tout l’intérieur, mais il l’avait pas tournée.

E.M : Ah, elle était pas creusée, quoi.

J.B : Elle était creusée, tout…toute faite

E.M : […]

J.B : Oui presqu’un bloc, hein, il l’avait quand même ébauché un peu. Alors c’est, comme Franc qui travaillait avec lui, un nommé Franc, c’est lui qui lui a fini. Et quand il [le « type »] a acheté la musette, à Franc… euh Amadieu était mort, euh…il a dit : Pourquoi vous la marquez pas Amadieu ? Il [Franc] (m’) a dit : moi j’ai fait l’extérieur, lui il a fait l’intérieur. Alors voyez comment qu’ils étaient pas…hein, ils étaient…intègres. Tandis qu’ç’aurait été un autre, il disait : Je vais le marquer Amadieu et puis…

E.M : Ah oui d’accord

J.B : Alors il (m’) a pas marqué.

Second extrait :

J.B : […] Oh ben y en avait d’autres qu’Amadieu…à, à son époque.

E.M : Oui

J.B : Y avait…comment qu’il s’appelait, y avait Breuil, y avait…Franc.

E.M : Oui oui. C’est la même époque qu’Amadieu ?

J.B : Ah oui oui oui. Y avait Franc, Amadieu d’ailleurs il était… Ils travaillaient presque ensemble, il était, dans les derniers temps, il pouvait plus tourner. Puis y avait…Et c’est pour ça que, et puis une fois, le père Bouscatel m’avait dit, t’sais qui paraît, que dans son lit, quand il avait fini les cabrettes, euh, tourné les cabrettes…pour euh…leur donner la forme quoi, mais, lui en avait fait une bonne cargaison, mais tous les fabricants de musettes en ont…y en a, Costeroste en a bousillé des, des…des brouettées, p’être qu’il a crevé les pieds. Pour que les leurs prennent de la valeur ! Parce qu’ils étaient jaloux !

Alors…il m’a…il me disait, il me disait, le père…Amadieu, il était dans son lit, il avait une cuillère. Et, quant la machine était faite, il emmenait les machins sul’ lit et il n’a jamais voulu le faire voir à Franc, il voulait pas qu’il (cric cric cric) C’est pour ça qu’on tournait le bois au…derrière…au, au pavillon. Ca fait comme une excavation, un peu, et j’ l’ai remarqué dans beaucoup d’Amadieu, ça. Et…il me disait, soi-disant qu’il aurait été balancé ce truc-là, dans le canal. Saint-Martin.

E.M : Les formes, là ?

J.B : Oui, ce, cet…l’outil.

- Retranscription d’un extrait de l’entretien entre Jean Bergheaud et Eric Montbel à propos de Romany :

E.M : Et pourquoi ça s’appelle limagnier, ça, vous savez ?

J.B : Eh ben soi-disant c’est un nommé Nicolas, euh…je crois que…je…si j’ai…bonne mémoire, Bouscatel m’en avait eu parlé, Nicolas ou Romany… J’me, je ne sais pas bien…euh, qui était de la Limagne, et qui a importé ce doigté limagnier, euh, et puis que, euh…ils en jouaient, que […] voilà c’est, voilà comment que c’est venu.

E.M : Il l’avait ramené du pays, alors.

J.B : Du pays, voilà, quand il était monté à Paris. C’est pour ça qu’on appelé le doigté limagnier, c’est le nom de la Limagne. Soit Romany ou… Nicolas, je me rappelle plus.

[…]

E.M : Et c’était à quelle époque, c’est-à-dire c’était de la génération à Bousca, ou avant ?

J.B : Ah, avant ! Oh oui oh oui oh oui, avant ! Oh oui, oh là là !…Oh oui.

Bibliographie

Sources :

Archives départementales de l’Aveyron 

- Registres de l’état civil

- Presse : Paris-Centre-Auvergne, Revue de la Solidarité aveyronnaise

Archives de Paris 

- Registres de l’état civil - Bottins du commerce - Relevés des propriétés bâties - Registres des déclarations de successions

Bibliothèque du Patrimoine, Clermont-Ferrand

L’Auvergnat de Paris

Documents sonores

Bergheaud, Jean, Montbel, Eric [enquêteur], entretien réalisé en 1976, document des « Musiciens routiniers », CMTRA. Extraits disponibles sur : http://cabretteforum.clicforum.com      (Rubrique enregistrements)

Ouvrages et articles :

- Chaumeil, Pierre, « Jean Bergheaud un patron de bistrot pas comme les autres », Paris-Centre Auvergne, 1968, p.6.

- Hillairet, Jacques, Dictionnaire des rues de Paris, 2 vol. , Paris, éd. de Minuit, 1963.

- Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, « Benoît Amadieu, l’homme au parapluie » in Paris-cabrette, Société de la Haute-Auvergne, 2013, p. 97-200.

- CNRS, L’Aubrac : étude ethnologique, linguistique, agronomique et économique d’un établissement humain, tome 5, CNRS, Paris, 1975.

- Unterberger, Agnès, « Avant L’Auvergnat de Paris…L’Auvergnat (1867-1868) », Trad’mag, 165, janvier-février 2016, p. 20-24.

- Valdour, Jacques, De la Popinqu’ à la Ménilmuch, Paris, éd. Spes, 1924.

 Crédits photos

Archives de Paris, Archives départementales de l’Aveyron, Bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand, Musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac, Agnès Unterberger, Dominique Paris, Michel Esbelin, Jean-Claude Rocher, Claude Quintard, Fabrice Lenormand

Pour la mise à disposition de certaines illustrations d’instruments, je remercie en particulier Jean-Claude Rocher, Dominique Paris, Michel Esbelin et Claude Quintard.

[1] Chaumeil, Pierre, « Jean Bergheaud un patron de bistrot pas comme les autres » in Paris-Centre Auvergne, 1968, p.6. Bergheaud, Jean, Montbel, Eric [enquêteur], entretien réalisé en 1976, document des « Musiciens routiniers », CMTRA.

[2] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, « Benoît Amadieu, l’homme au parapluie » in Paris-cabrette, Société de la Haute-Auvergne, 2013, p. 97-200.

[3] Archives départementales de l’Aveyron, registres de l’état civil, commune de Cantoin, 4E47-5, acte du 8 février 1828.

[4] Voir à ce propos Marcel-Dubois, Claudie, Pichonnet-Andral, Marie-Marguerite, « Musique et phénomènes paramusicaux » in L’Aubrac : étude ethnologique, linguistique, agronomique et économique d’un établissement humain, tome 5, CNRS, Paris, 1975, p. 167- 290.

[5] Archives de Paris, état civil reconstitué. Acte de mariage de Guillaume Franc avec Jeanne Albaret daté du 12 octobre 1815.

[6] Voir l’arbre généalogique des Franc en fin d’article, dans lequel les descendances parisiennes sont en priorité développées.

[7] Archives départementales de l’Aveyron, registres de l’état civil, Cantoin, 4E47-5, acte du 29 mars 1917.

[8] Archives départementales de l’Aveyron, registres de l’état civil, Cantoin, 4E47-5, acte du 7 octobre 1820.

[9] Archives de Paris, état civil reconstitué, acte de mariage du 17 avril 1852 et du 14 octobre 1852.

[10] Archives de Paris, relevés des propriétés bâties, Rue Charlot, 1852, D1P4 233 ; état civil reconstitué, acte de naissance du 12 juin 1853 de sa fille Antoinette Franc.

[11] Archives de Paris, état civil reconstitué, acte de mariage du 14 octobre 1852 (5e arrondissement ancien), rétabli le 14 juin 1873.

[12] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 162-164.

[13] L’Auvergnat de Paris du 13 janvier 1901, numéro consulté par Fabrice Lenormand. Voir plus loin la reproduction de l’article.

[14] Valdour, Jacques, De la Popinqu’ à la Ménilmuch’, p. 32-33.

[15] Valdour, Jacques, op. cit. , p. 37.

[16] Voir la carte de ces adresses en ligne, dont le lien est indiqué en fin d’article (annexes).

[17] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p.169-170.

[18] Archives de Paris, registres d’état civil, acte du mariage du 20 mars 1862. Jean Baptiste Gondal est un marchand charbonnier lui aussi originaire de Lieutadès, fils de Pierre Gondal et de Catherine Cayron.

[19] Archives de Paris, registres d’état civil, acte de mariage du 5 août 1879.

[20] Archives de Paris, tables des successions, DQ8 2926-2927; Archives de Paris, état civil, acte de mariage de Jeanne Marie Teissèdre du 10 mai 1906.

[21] On pourrait trouver des exemples historiquement plus anciens à la fin du XVIIIe siècle, où l’activité paternelle de menuiserie favorise l’établissement de la descendance familiale comme fabricant(s) d’instruments à vent.

[22] Archives de Paris, Bottins du commerce. Un autre fabricant de pianos, Auguste Marlard fils, est établi au numéro 37 en 1862 (source : Annuaire-Almanach du commerce, Gallica, BnF).

[23] Voir l’historique de cette salle transformée ensuite en « Palais des glaces » dans l’entre-deux-guerres sur le site: http://www.palaisdesglaces.com/historique.php

[24] Sous le second Empire, l’éphémère journal L’Auvergnat faisait la part belle au monde du spectacle, comme nous l’avions analysé dans notre article paru dans Trad magazine n°165, janvier-février 2016, p. 20-24. Dans le milieu auvergnat, un parent du cabrettaire Gabriel Ranvier était lié par son mariage au chef d’orchestre Charles Hubans et au goguettier Clairville, auteur du célèbre succès Les Cloches de Corneville. Enfin comme rappelé plus haut, le gendre de Benoît Amadieu, Ernest Vavasseur, était acteur aux Folies Dramatiques, dont le talent comique était apprécié à la fois du public et de la critique.

[25] Bergheaud, Jean, Montbel, Eric [enquêteur], entretien déjà cité.

[26] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 161.

[27] Bergheaud, Jean, Montbel, Eric [enquêteur], entretien déjà cité.

[28] Après le décès de Benoît Amadieu, ses filles continueront à travailler dans l’artisanat du parapluie. Son petit cousin Antoine Amadieu habitera lui aussi le quartier de la Folie-Méricourt, où il décédera en 1910, au 10 rue de la Folie-Méricourt (Archives de Paris, état civil, acte de décès du 10 septembre 1910, 11e).

[29] Si cet acheteur avait été son ami et maître Antoine Bouscatel, Jean Bergheaud l’aurait mentionné de façon explicite.

[30] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, « Gabriel Ranvier, premier roi des cabrettaires », op. cit. , p. 50-52 et p.93-94 : commentaires sur la date d’arrivée de Bouscatel à Paris. La seule occurrence de 1887 pour la remise de ce hautbois de cabrette à Bouscatel apparaît dans un article de Pierre Chaumeil « Jean Bergheaud un patron de bistrot pas comme les autres », Paris-Centre Auvergne, 1968, p.6. Mais aucune source n’est avancée ou confirmée pour cette date, qu’on doit considérer très peu fiable, vu la date d’arrivée ultérieure de Bouscatel à Paris.

[31] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 160-163.

[32] Archives de Paris, registres d’état civil, acte de décès de Benoît Amadieu du 26/11/1877, V4E 3976.

[33] Relevé des propriétés bâties du 64 rue Saint-Maur, 1876, D1P4 1044 ; documents déjà analysés dans Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 165 et 169.

[34] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 163.

[35] Archives de Paris, registres d’état civil, acte de naissance de Louise Franc du 19 mars 1860 ; acte de mariage de Louise Franc du 5 août 1879 ; acte de naissance de Jean Julien Teissèdre du 24 juin 1880.

[36] L’Auvergnat de Paris du 26 décembre 1886. Le don d’un instrument de musique comme premier prix de tombola semble assez courant car Alias fera de même au mariage de sa fille, mais en offrant une cabrette de sa fabrication, et non une flûte (recherches sur Alias en cours).

[37] L’Auvergnat de Paris du 27 décembre 1891 (consulté par Fabrice Lenormand).

[38] L’Auvergnat de Paris du 21 mai 1893 (consulté par Fabrice Lenormand).

[39] Archives de Paris, état civil reconstitué, acte de naissance du 6 avril 1853 de Raymond Henri Antoine Franc. La famille d’Antoine Franc, frère du fabricant, est domiciliée à Saint-Ouen vers 1887, au 59 rue des Rosiers  (source : Archives de Paris, état civil reconstitué, acte de mariage d’Antoine Franc du 17 avril 1852.)

[40] Archives de Paris, relevés des propriétés bâties, rue Notre-Dame de Nazareth, 1852, D1P4 807

[41] Bottins parisiens consultés aux Archives de Paris depuis les premiers numéros jusqu’à 1880 pour Paris-cabrette.

[42] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op. cit. , p. 136-137

[43] Certains fournisseurs de « caisses, peaux, ivoire et ustensiles pour pianos » sont aussi installés rue Saintonge. Dans le bottin de 1854 par exemple, on en relève deux, Dumas et Vincent, ce dernier proposant des pianos droits ou carrés, ainsi que des « fourches buis et cuivre ». (Source : Almanach du commerce, BnF, Gallica).

[44] Archives de Paris, registres de l’état civil, acte de mariage du 29 novembre 1860, 3e arrt.

[45] Il mourra en 1896 à Cantoinet

[46] Archives de Paris, état civil reconstitué, pièce jointe : baptême de Catherine Juéry célébré le 18 octobre 1832.

[47] Archives de Paris, relevés des propriétés bâties, D1P4 234.

[48] Archives de l’Aveyron, registres de l’état civil, Sainte-Geneviève, 4E229-8, acte de naissance du 10 avril 1850. Goutal demeurera à cette adresse jusqu’au début des années 1880. Raymond Franc déménagera ensuite au 100 rue du Temple où il est rentier en 1879 ; c’est dans cette rue que naîtra aussi son petit-fils en 1886.

[49] Antoine est ensuite « marchand de vins" au 8 boulevard de la Chapelle, à partir de 1877.

[50] Archives de Paris, relevés des propriétés bâties, 74 rue Charlot, 1852 et 1862, D1P4 233 et D1P4 234

[51] Lenormand, Fabrice, Unterberger, Agnès, Bécamel, Bruce, op.cit. , p. 154-155