Aller au contenu
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies notamment pour réaliser des statistiques de visites afin d’optimiser la fonctionnalité du site.
Des mondes de musiques

 En lisant avec gourmandise les articles de 5planètes.com, vous pouvez écouter Canal Breizh, en cliquant sur le logo.

 

 

 

 

 

 

 

KABYL'OC

D'UNE RIVE À L'AUTRE DE LA MÉDITERRANNÉE

Gérard Viel

La première représentation du spectacle Lo viatge de l'ironda - Azikel N'firellest - Le voyage de l’hirondelle aura lieu le samedi 23 juillet à 17h à Loon-PLage dans le cadre de la 20ème édition du festival Het Lindeboom. Ce projet insolite regroupe des musiciens Kabyles de Tighri Tzuri et les Occitans de Coriandre. Cette création entre deux cultures millénaires et deux langues minoritaires s’appuie sur les cultures qui vont  de part et d'autre de la Méditerranée. C’est le premier projet dont Het Lindeboom est partenaire depuis sa genèse, une création portant l’esprit du Festival et qui a vocation à parcourir les scènes de France, d’Europe et d’au-delà.

Rencontre avec Denis Galvier : chant, hautbois languedocien, chalémie, flûtes à bec, saxos au sein des groupes Coriandre et Garric

Quels sont les liens qui unissent la Kabylie et l’Occitanie ?
Aucun a priori… mais en y regardant de plus près, ils sont multiples, et notamment avec les Cévennes :
Des situations géographiques très proches de part et d’autre de la Méditerranée.
Des langues qui font partie d’un grand ensemble (Amazigh, Occitan) avec plusieurs dialectalisations.
Des langues et cultures millénaires très riches qui ont été reniées, méprisées avec une volonté de les supprimer.
Des situations de résistance aux politiques nationales centralisées, historiques et actuelles.

Comment est né ce projet ?
« Ce serait bien de faire un projet entre les Occitans et les Kabyles ». Avec cette phrase prononcée par Zina Bourguet, Conseillère Régionale Occitanie, pendant les 20èmes Trad’Hivernales, ce qui était déjà une très forte envie est devenu une évidence. Et c’est au cours d’une tournée française de Bihik et Bangril (Abdellack Ziani et Daniel Bourguet) que j’ai pu rencontrer Bihik et Dahmane Bendahmane avec qui le projet a pris forme. La première résidence s’est déroulée en novembre 2019 à Sommières et devait être suivie de deux autres en 2020. Le Covid en a décidé autrement.



Quel est la démarche Coriandre dans ce projet artistique ?
C’est une démarche de co-construction avec les musiciens engagés dans le projet, de part et d’autre de la Méditerranée. Le but est d’être résolument dans notre temps, tout en assimilant des thèmes et formes musicales traditionnelles des deux côtés.

Comment avez travaillé pour le répertoire de Kabyl’Òc ?
Nous avons commencé par nous envoyer des fichiers (vive internet…), des références, des idées, des textes, des ébauches. Les rencontres nous ont permis de leur donner forme en tâchant de trouver l’équilibre de communication, tant culturel que musical et linguistique. De fait, il y a égalment un équilibre entre les morceaux traditionnels, souvent avec des actualisations et des paroles rajoutées, et les créations qui s’inspirent des styles des deux rives.

Quelles sont les principales difficultés pour concrétiser Kabyl’Òc ?
On peut le dire, nous avons eu la pire accumulation de difficultés imaginable. Les visas accordés au compte gouttes par la France étant la principale, à égalité avec les blocages liés au COVID, entrainant deux ans de reports successifs et le découragement d’une partie de l’équipe.
Pour les visas des Kabyles (accordés au compte goutte par l’ambassade de France), ils ont été refusés à la chanteuse pour la première résidence puis à tous les musiciens pour les autres temps prévus. A l’heure ou j’écris, une semaine avant la résidence à Loon Plage, on n’est toujours pas sûrs de les avoir, malgré une intervention d’un sous préfet, de conseillers régionaux, d’un sénateur… On peut rajouter le doublement du prix des billets d’avions, des billets annulés pour Covid dont on attend le remboursement deux ans après, un avion Volotea, pour lequel GoVoyages nous a vendu des places, qui n’a jamais existé…
Et bien d’autres petits moments complexes,
Heureusement que nos partenaires (CR Occitanie, Mairie de Loon Plage, CD du Gard, Commune de Sommières, Occitanie en Scène, Jeunes Libres de Barbacha) nous ont suivis avec constance.



Comment s’est constituée l’équipe musicale de Kabyl’Òc ?
Au Départ, il s’agissait du groupe Coriandre et d’une formation Kabyle (Tighri Tzuri) réunie pour l’occasion autour de Bihik. Le découragement venant avec deux ans pendant lesquels le projet était bloqué, nous avons eu plusieurs désistements mais l’équipe recomposée pour la résidence à Barbacha en mai 2022 (un moment d’une densité incroyable) a pu réellement faire avancer la création. Elle sera rejointe à Loon Plage par Dahmane Bendahmane qui entre temps est parti travailler à Québec.

Quel avenir pour ce type de projet ?
L’expérience nous montre deux choses :
La pertinence de ce genre de rencontre est évidente, avec une richesse de partages et de créations merveilleuse. Le sens culturel et linguistique, la curiosité suscitée, les liens créés au-delà de l’histoire douloureuse, en sont d’autant plus forts. Les dialogues inter-culturels dépassent de loin le seul aspect musical et comme le disait un Kabyle rencontré à Barbacha : « On a fait la guerre avec des armes, maintenant on va faire la paix grâce à la culture »
Les difficultés de mise en place sont réelles et les problèmes administratifs et financiers nombreux. Les pays ont du mal à se rendre compte qu’ils ont tout à gagner à cultiver les richesses de leurs cultures pour s’ouvrir au monde dans toutes leurs diversités.
Il y a souvent un long chemin du discours aux actes ! Pour ce projet le dialogue et la rencontre créative sont à la fois le sujet, l’objet et l’outil : l’humanité en actes…

Contact : https://www.coriandre.info/