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Des mondes de musiques

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Le terme Chanson à répondre est centenaire

Photo d'ouverture - DR : Montréal, Québec, 16 septembre 2018 – Et de dix! Eh oui, le muraliste Laurent Gascon a réalisé au cours de l’été la dixième murale de sa série qui immortalise des artistes québécois. Pour son œuvre de céramique de 2018, il a dessiné sur la brique le beau visage de la chanteuse Mary Travers, mieux connu sous le pseudonyme de « La Bolduc ».

Pierre Chartrand (Montréal)

J'écoutais récemment  les excellents podcasts "Contretemps" de la Famdt, réalisés par Péroline Barbet et me délectais d'entendre notre chère Catherine (Perrier) nous raconter l'histoire du Bourdon et plusieurs souvenirs tout aussi savoureux les uns que les autres.

 

J'enchaînai ensuite sur celui d'Yvon Guilcher, également fort intéressant. Mais quelle fut ma surprise d'entendre Yvon affirmer à 11mn22s :

"C'est moi qui ai inventé le mot chanson à répondre. Je vous défie de le trouver où que ce soit avant le folk."

Le défi s'adressait bien sûr à l'intervieweuse, mais j'ai pris la liberté de le relever tant l'énoncé me stupéfiait. L'expression Chanson à répondre ne date pas d'hier, ni d'avant-hier. On parle de chansons à répondre dans ma famille depuis ma naissance, mais, puisque le recours aux sources est incontournable, j'ai fait une recherche rapide recensant quelques occurrences antérieures au folk français :

Le programme de la Veillée du bon vieux temps du 5 mai 1920 (Montréal) indique : Chanson à répondre : L'Air des vêpres (no.12)

Le journal La Presse (Montréal) du 7 novembre 1922 (p.21), parlant de la Veillée du bon vieux temps du 6 novembre, organisée par Conrad Gauthier et Arthur Lapierre, mentionne de vieilles chansons à répondre interprétées dans le cadre d'une épluchette de blé d'Inde au Monument National (en France dirait-on plutôt une corvée d'épluchures de maïs?)

Ou encore cette publicité de 1950, du célèbre magasin de musique Archambault, à Montréal encore, qui annonce la publication de deux nouvelles chansons à répondre.

La discographie atteste également l'utilisation du terme sur plusieurs microsillons 33 tours, dont :

Les Princes du folklore enregistrent en 1958 Chansons à répondre - avec Les Princes du folklore et l'oncle Adhémard.

Le célèbre orchestre La Famille Soucy enregistre son disque Chansons à répondre en 1961.

La liste pourrait être longue. On voit bien que l'appellation chanson à répondre est attestée au Québec depuis au moins un siècle. Elle a pu arriver en France sous l'influence d'Yvon, qui m'avait déjà dit grandement apprécier La Bolduc, célèbre chanteuse québécoise, connue pour ses fameuses chansons à répondre.

Quoi qu'il en soit, je suis fort heureux que le français du Québec ait pu enrichir celui de France, peut-être par l'entremise d'Yvon!

 Pierre Chartrand aux Nuits de Fourvière à Lyon - Photo P. Krümm

Amoureux de la danse, tant traditionnelle qu’ancienne, Pierre Chartrand poursuit sa carrière en danse depuis près de 50 ans. Alliant ses talents d’interprète à ceux de chorégraphe, il pratique aussi bien la gigue saguenéenne que la gaillarde XVIe siècle, le cotillon de Charlevoix que le menuet de Rameau. Il tourne régulièrement en Amérique du Nord, et se produit également à l’international. Formateur d’expérience, il enseigne à l’année longue à Montréal, et se déplace fréquemment aux États-Unis ou en Europe dans le cadre de stages spécialisés en danse et musique traditionnelles. Reconnu aussi comme chercheur et spécialiste en histoire et ethnologie de la danse (Maîtrise en danse, Paris-Sorbonne 1991), il est fort apprécié comme consultant et comme professeur (UQAM, Cégep de Joliette, etc.) ou comme conférencier. Il est également co-fondateur de la compagnie «Danse Cadence» vouée à la diffusion de la danse traditionnelle et ancienne (www.danse.qc.ca).