Marc Perrone
Le romantique du diatonique
Propos recueillis par Philippe Krümm le 31 08 2017.
Marc Perrone est un accordéoniste « diatonique », mais encore plus un mélodiste. On l’avait perçu au fil du temps, le musicien aime aussi écrire. Pour ce nouveau disque « Babel-Gomme » l’artiste nous présente, en compagnie de nombreux camarades de route, des airs et des textes riches d’émotions et chargés d’histoires… De son histoire. Celle d’un « immigré première génération » devenu un emblématique musicien du renouveau des musiques populaires de France.
Petite rencontre avec un grand Monsieur.
Ce nouvel album, fut difficile à réaliser ?
Non ! Dans ce disque, plein de choses ce sont faites de manières incroyables. Une succession de petits miracles. Mais, pour moi, c’est ça aussi la musique : Des amis et des miracles ! Rires
Raconte-nous la genèse du projet ?
J’ai toujours eu l’idée d’écrire un livre un peu autobiographique, mais surtout un ouvrage pour parler des gens, des musiciens que j’ai rencontrés. J’ai commencé à écrire. J’ai une amie italienne, Marta Giusti, qui a été une de mes élèves, il y a longtemps. Et qui est aujourd’hui traductrice. Elle m’a dit « Envoie moi tes textes et je traduis tout ce que tu veux ». J’ai donc commencé à lui envoyer des textes. Quand on a conçu ce disque, il y a certains textes assez longs, que j’ai choisis pour ce travail. Elle les a traduit.
C’est là que je me suis dis que ce serait bien d’avoir un livret en italien.
J’ai également récupéré le passeport de mon grand père, arrivé en 1924. Un document très important pour moi.
Donc nous avions : le français et l’italien et Gilles Fruchaux (Le directeur de Buda Musique) m’a dit que systématiquement il traduisait tous ses disques en anglais !!!!
Les textes en trois langues cela fait un beau et riche livret de 35 pages ! Et (rires) moi même, cela m’a fait faire des progrès terribles en italien et en anglais.
Quand et comment te décides tu à faire ce nouveau disque ?
Je n’avais pas fait de disques depuis : « les petites chansons » Il y a dix ans. Le temps passe vite, surtout avec des ennuis de santé.
Mon ami Gilles Apap, que je connais depuis 2007, à chaque fois qu’il passait, en coup de vent, entre deux avions, deux concerts à travers le monde, à chaque fois, il me disait : « Il faut que l’on fasse une cession ! » J’avais mis cela dans un coin de ma tête.
Le 16 novembre 2015, le lendemain des attentats du Bataclan
Gilles avait trois jours de libre, après des annulations de concerts à Radio France. On a été au Lilas, au studio, chez Patrick.
On a enregistré une partie de ce qu’il y a dans le disque. Mais dans ma tête, à ce moment, je n’avais pas l’idée de faire un nouvel album. Et puis là j’ai eu à nouveau des problèmes de santé.
Je me suis retrouvé à l’hôpital. Ce n’était pas rigolo. Mais la magie de « l’Iphone » a fonctionnée. Je me suis mis à écouter de nombreux enregistrements anciens : des musiques de XYZ, des Acrobates , des musiques que j’avais faites pour Marcel Trillat, d’autres pour un film italien ou encore pour un film Chinois et aussi des impros…
C’est là que j’ai vraiment commencé à penser faire un disque. Ça m’a donné la niaque pour avancer, pour récupérer le plus vite possible.
Les neurones se sont mis à carburer. J’ai fini d’écrire des trucs.
J’ai même eu de belles idées, dans ma chambre de l’hôpital Rothschild, à Paris.
Car sous ma fenêtre, il y avait une école maternelle. Ça m’a inspiré un des derniers morceaux du disque (Petit Paolo récré).
Car à gauche il y avait une maternelle et à droite une crèche. C’est mieux que la télé. Il se passe des choses incroyables. Là j’ai vu une petite fille danser. Elle se faisait des chorégraphies magnifiques.
C’était étonnant de la voir maitriser un tas de pas que l’on enseigne de manière très didactique dans les ateliers de danse. J’ai souvent joué pour des ateliers. Ce n’est pas évident, surtout pour les garçons. Et là, une petite fille de 3/4 ans faisait cela naturellement avec des pas marchés, des tours sur elle-même… C’était magnifique !
Comment as-tu choisi les mélodies ?
J’ai sélectionné des morceaux qui me touchent. Il y a beaucoup de valses, car j’aime la valse. Tout le monde le sait. Mais il n’y a pas que cela.
Il y a entre autres deux improvisations totales, que j’avais faites à l’époque, pour mon plaisir, en studio. Quelques minutes devant un micro et laisser venir… Comme pour la « voix des anches » et « souffler n’est pas jouer » Et puis il y a les chansons de Marie-Odile et aussi un poème de Baudelaire.
C’est tout ce que j’aime, ce mélange entre la musique, les mots, les textes, la poésie et l’histoire.
Je pense beaucoup à l’immigration. Ce grand père, je ne l’ai pas connu. Il est décédé en 47 et je suis né en 51.
Je me dis en pensant immigration, les gens sont focalisés sur l’intégration ou la désintégration.
Ce que je sais, c’est que cela ce fait sur le temps long.
En Italie avec son père et sa grande tante Julietta. Photo DR.
Les gens ne veulent pas comprendre que ce n’est pas en une ou deux générations. Ce qui m’a étonné, et que je raconte dans le livret, c’est en allant à Aubervilliers rencontrer une classe de seconde, car là, tu as des gamins qui viennent du monde entier,
Ils ont tous une relation particulière à la langue.
Ils ont des phonèmes dans leurs têtes.
Chinois, Turc, Africain et la gymnastique intellectuelle est obligée entre leurs langues d’origines et le français qu’ils apprennent. C’est formidable.
On dit toujours, il faut apprendre une deuxième langue à l’école, mais il y a des tas de gamins qui parlent ou qui ont la sensibilité, des notions, de une, deux ou trois langues. On ne développe pas cela. On n’en parle jamais. J’ai fait un chapitre la dessus dans le livret du disque.
Marc, parle moi de tes amis musiciens qui interviennent dans Babel-Gomme ?
Tu as le droit à trois mots pour chacun !
(Ce fut impossible. Ndlr)
Gilles Apap
Humainement un être exceptionnel. Il a l’art de se glisser dans la musique, les styles de l’autre.
C’est un homme qui irradie autour de lui l’amour de la musique, l’amour des gens. Il fait se sentir bien les gens ensemble et on est bien avec lui.
Comme musicien… Je n’ai pas de mots. C’est le sommet des sommets.
André Minvielle
Un frère d’âme. On se connaît depuis presque 40 ans au travers d’Uzeste, de nos rencontres et de nombreux concerts. Certains au débotté. Il est toujours prêt à réagir. On a même fait un groupe ensemble que l’on appelle « le GIROL » - Groupe d’Intervention Rapide 0ral Libre -
Il faut nous chercher pour nous mériter. On ne nous trouve pas partout. C’est comme le champignon. (Rires). Un ami…Et la aussi comme musicien…Je n’aime pas mettre de superlatif sur les gens …Mais là les gens le savent. Ils le connaissent.
Comment a-t-il travaillé pour ce disque ?
En trente ans on avait fait 5 chansons ensemble. Et dans les deux années qui viennent de passer, on en a fait deux d’un coup. On a cassé les statistiques. C’est la surchauffe (Rire).
Quand il faisait son disque (1time chez l’Autre distribution). Il y a un peu plus d’un an. Il était un peu en panne de mélodies et d’idées. « Toi qui est un mélodiste ! Tu n’aurais pas une musique » Je lui ai envoyé « Quai des vertus ».
Il a écrit tout de suite une superbe chanson « le Verbier », qu’il a mis dans son disque. C’est la plus belle chanson écolo que j’ai entendu. Et en plus elle est drôle, ce qui est rarement compatible (rires). C’est sur les petits vers de terre qui ensemencent le terreau.
Quand j’ai eu l’idée de mon disque, j’ai écouté un truc que j’avais fait pour un film italien de Emanuela Piovano : « le Stelle Inquiete » sur la philosophe Simone Weil.
J’avais composé deux mélodies. Je me disais que j’aimerais bien que Dédé la chante. Je lui ai envoyé la mélodie et il a fait un texte splendide.
Et miracle de la technique, j’avais enregistré en solo, il a enregistré ses textes dessus et nous avons finalisé au studio. Merci la technique d’aujourd’hui.
Marcel Azzola (Photo V.Michaud)
Un concurrent (rires). Je le rencontre en 1977. On a eu tout de suite beaucoup d’amitié l’un pour l’autre. Il a déjà participé à deux de mes disques.
Je me suis dit que pour celui là, ce serait sympa qu’il joue sur « onze fleurs ».
Il a écouté et il a dit « D’accord ! Je vais faire une deuxième voix ». Il est venu et il l’a faite. Il est passé au studio et comme c’est Marcel on ne peut rien dire… Je n’ai pas les qualificatifs. Il n’y a pas beaucoup de musiciens comme ça. Gilles Apap est pareil.
Ce sont des artistes qui sont capables de se glisser dans l’univers du musicien avec lequel ils jouent.
Et c’est rare. Oublier ce qu’ils sont. C’est ce qu’ils font, pour juste être au service de l’autre…Et puis j’aime les rencontres diatonique-chromatique.
Jacques Di Donato
En 88, une de mes rencontres à Uzeste. On a tout de suite flashé l’un pour l’autre. Je ne le remercie jamais assez pour son souffle chaud.
Il emporte les gens. Il y en a plein d’autres de très bons avec chacun de merveilleuses personnalités musicales, mais Jacques, c’est peut être le plus beau son que j’ai entendu à la clarinette. Il a une manière à lui tellement particulière.
Mon idée a été de lui soumettre « Tracer la route » et de le réunir avec Bernard Lubat.
Ils sont copains de conservatoire. Toute une vie de musiques à eux deux. Mais très peu d’enregistrements ensemble.
J’avais cette envie et quand je réécoute, il n’y a peut être que moi qui ressent cela – Mais le dernier morceau, c’est la cours de récré et le premier morceau c’est Bernard, Jacques et moi et pour moi c’est comme si nous étions dans un bac à sable.
Au début, ils ne savaient pas trop quoi faire. Chacun a fait sa piste. « Et vous choisirez » Nous dirent-ils. Alors on a choisi. On a architecturé cela, mais ça c’est fait tout seul, tellement ils se répondaient de manière simple et évidente… Comme des gamins jouant dans un bac à sable.
Bernard Lubat
Ah ! Bernard ! Il a déjà participé à des enregistrements avec moi. Là, je le voulais au mélodica.
L’idée du disque, c’est aussi de dire et de montrer à entendre : « qu’avec un petit diatonique, un violon, une clarinette : ce n’est pas des instruments très volumineux, un mélodica : ce n’est pas très sérieux, Un chromatique : Bon, déjà ça cause plus ! Encore qu’il ne soit toujours pas considéré à ça juste mesure par les musiciens dit savants… Une vielle à roue, des voix, une batterie… Des instruments portatifs d’horizons différents - On pouvait faire de la jolie musique.
Bernard, je le connais depuis 82. Mon premier souvenir c’est à la fête de l’huma. C’est Marcel Azzola qui était en tournée avec Montand mais qui m’avait encouragé à le rencontrer.
Le soir, il y avait un grand bœuf d’accordéonistes et pour le final, on devait passer un part un sur scéne. Luba était à la batterie. Il accompagnait tout le monde. Il était un peu le chef d’orchestre de la soirée.
Il nous appelait un par un, en continuant de faire sonner sa charley. Il me fait signe. En montant sur scène je croise Michel Portal. Je l’avais rencontré dans l’après midi. Je lui demande de venir avec moi, mais il me dit un truc terrible : « Je vais écouté. Je viendrais si je sens que je peux faire quelques choses ! ». (rires). Ça te met à l’aise immédiatement ! J’avais choisi un petit accordéon italien, un rang et deux basses. J’ai démarré bille en tête sur une tarentelle. Et là, presque immédiatement, tout ce beau monde c’est agité, Portal et Lubat en premier puis tout le monde s’y est mis. Ça a fait quelque chose d’assez incroyable et à la fin de ce chouette moment, Lubat m’a dit : « Il faut que tu viennes à Uzeste ! ». C’était le début d’une longue histoire.
Ça va peut être surprendre les gens mais Bernard pour moi, c’est un grand poète. Tout ce qu’il touche en son, les mots, il les rend magiques.
Tout ce qu’il touche en musique se transforme en or. C’est un alchimiste du son.
Avec quel instrument à-t-il participé ?
Impossible à vraiment dire pourquoi, mais je l’aime beaucoup au mélodica. Avec presque rien il fait résonner un expressionnisme stupéfiant.
Avec Bernard et Jacques on rigole. On s’amuse. Il y a une vraie joie d’être ensemble
Jean-Luc Bernard
Il a été de tous mes bals, de tous mes concerts depuis 25 ans.
Un éclectique de la musique. Un vrai batteur paysagiste. « La batterie ça peut être carcérale !». Ce n’est pas de moi, je pique l’image à Bernard. Comme des barreaux autour de la musique. Mais, en ce qui concerne Jean-Luc c’est le contraire. Il joue de la batterie comme on jouerait d’un saxophone, il en fait un instrument expressif.
Marie-Odile Chantran
Je ne peux rien dire (rires) …Bon comme elle n’est pas là.
Elle n’a pas écrit pour faire du rap mais c’est sorti comme cela. Elle chante 4/5 choses qui sont radicalement différentes, dont une chanson écrite à un moment ou c’était un peu dur physiquement pour nous. « Sorrows of loss », une très belle chanson. La mélodie m’est venue comme ça.
Mes premiers amours musicaux c’était le blues, le bluegrass, le cajun. J’ai d’ailleurs toujours la Gibson de mes débuts. Après avec le folk club le Bourdon c’était le trad. C’est un air à la façon de, mais sans le vouloir.
Nicole et Jean Corti en compagnie de Marc Perrone et Marie-Odile Chantran (photo DR)
Je suis content, dans ce disque, d’avoir réuni des couleurs musicales qui vont du trad., du folk, à la musique improvisée, à la chanson… Ça navigue dans plein de couleurs.
C’est presque impossible d’en parler. Tant d’années… Une personne très importante dans ma vie.
On écrit tous les deux ensemble depuis longtemps. Elle a une vraie plume. On avait accumulé beaucoup de textes et certains, ce sont parfaitement articulés dans le projet.
Patrick Sigwall
C’est comme un musicien à part entière dans ce disque. Je travaille avec lui depuis 96. J’aime l’appeler : Maitre dentellier. Il fait de la dentelle avec le son, l’architecture des musiques, les montages.
Je n’ai jamais vu quelqu’un prendre le son de l’accordéon aussi bien. À force de travailler ensemble et lui de se poser de nombreuses questions sur l’émission de son de l’accordéon, il a trouvé la solution pour obtenir le meilleur son. C’est comme sur la batterie dans l’impro de « Jacasera », la batterie est prise avec simplement un couple de micros, pas avec un micro sur chaque élément. Et pour moi, on l’entend sur ce disque, comme on l’entend rarement dans un enregistrement… Simplement un génial ingénieur du son.
Un producteur : Buda musique
Gilles Fruchaux
Les choses s’articulent de manière incroyable.
Le photographe qui a fait le plus de photos sur le disque s’appelle Gaston.
Je le connais depuis plus de 20 ans, en fait son nom c’est François Bergeret. Quand j’en parle à Gilles, il avait, dans son bureau une photo de Gaston que lui avait offerte la patronne d’un bistrot !
Pour la photo du disque, Gaston est venu la faire à la maison. Il a installé un mini studio. Il était accompagné par Gregory Mouloudji qui lui servait d’assistant.
Pendant la séance j’ai eu appel au tel, et crac, c’était Marcel Azzola ! Qui me disait toujours, qu’il a aimé tous les chanteurs qu’il a accompagnés, mais que Mouloudji, était un chanteur à part. Il a une vraie tendresse pour Mouloudji.
Alors je lui ai passé le fils. Ils ne s’étaient jamais rencontrés. Ils ont parlé un bon moment. C’était incroyable. Le monde est un village. Une chose de plus qui est venu avec le projet. Ce sont des moments magiques qui me font vraiment plaisir.
Tu vas présenter Babel-Gomme en avant première à la fête de l’huma (15 au 17 septembre 2017) ?
Oh ! Oui c’est une vieille histoire.
C’est une des premières fois, grâce à Roger Mason et à un cajun que je découvre le mélodéon et la musique de Louisiane. Nous y étions en 1974. Un de mes grands souvenirs, c’est d’y avoir vu les Who et Pete Townshend faisant des bons avec sa guitare.
Après, j’ai fait une pose. J’étais dans le sud-ouest avec Perlinpinpin folc.
Je suis retourné à l’huma en 80 et en 82, quand il y a eu ce grand moment autour de l’accordéon. Depuis, je suis sur la scène des amis de l’Huma. Je fais partie de l’association des amis du journal l’Humanité.
Une conclusion ?
Ce disque est pour moi une œuvre complète, qui dit des choses. Un parcours poétique. Une ballade qui raconte une histoire. Je conseille au gens de l’écouter en prenant leur temps.
Le collectage c’est ma passion. J’ai découvert comment ramener les choses du passé vers aujourd’hui, pour en faire quelque chose pour soi.
Les souvenirs, les ramener d’avant pour en faire une œuvre de notre temps.
Pour moi la scène de la valse (rue Lucienne) est d’une grande importance. Décrire mes ressentis. Avoir ramené ce couple qui dansait, dans mes histoires d’aujourd’hui, pour moi, c’est simplement cela mon but.
Depuis, j’ai compris que le plaisir que j’ai eu à faire danser les gens, à faire valser les couples dans les ateliers et les bals, c’était né ce jour là. Dans un petit bistrot de banlieue.
J’ai mis longtemps à le comprendre. J’avais cette scène en tête, qui ne m’avait jamais quittée. Mais je n’avais jamais fait le lien avec aujourd’hui …
Et surtout pour cette sensation du temps suspendu autour d’eux… Depuis, j’ai toujours ressenti cela. Mais la première fois que je le ressens, c’est dans ce café. La mère de mon pote qui dansait une valse musette avec cet homme. Tout était là. Maintenant je le sais. Je peux enfin le raconter. Ça me prend toujours aux trippes. Ils étaient leur danse. Ce moment était à eux .Cela m’émeut toujours et c’est dans l’écriture et la musique que je peux dégager ces sensations.
Marc Perrone viendra dédicacer son nouvel album "Babel-Gomme" en avant première sur le stand Fisart/Castagnari le samedi 7 octobre à 15H au 4eme Salon de l’accordéon à la Bellevilloise à Paris.