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Des mondes de musiques

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Open-Bar sur les musiques traditionnelles

La tradition appartient à celui qui la vend !

Par Philippe Krümm

Amusant ! Il y a quelques années, dans l’édito de Mondomix Papier N°3 (Mai 2003), je m’insurgeais contre le fait, qu’allégrement, les musiciens, Trad’ pour certains, déposaient les musiques du domaine publique sous leurs noms.

Facile alors de devenir compositeur.

Aujourd’hui, toutes ces musiques vont pour la plupart disparaître dans les océans musicaux des sites de streaming.

Ils vont s’endormir là, jusqu’à un hypothétique réveil, mais sous le nom usurpé de leur nouveau « créateur ».

Oh ! En parlant streaming, en ce moment il y a un débat qui me fait sourire : Imaginez que notre Maitre à tous « Pascal Nègre » part en guerre contre les paiements ridicules des artistes par les différentes plateformes.

Il a une idée qui est intéressante, mais souvenons nous qu’il n’y a pas si longtemps, le même Pascal Nègre, alors grand Manitou d’Universal, avait été le chef de file de ceux qui ne croyaient absolument pas à la vente de musique en ligne et qui donc, par leurs refus de voir l’évidence, laissèrent les sites définir des tarifs qui furent évidement trop faibles et qu’ils combattent aujourd’hui.

Vas y Pascal ! Vas y ! …On est avec toi !!!

On ne peut qu'applaudir, mais c'est une autre histoire,  quand tu dis :

« On va favoriser les musiques écoutées par les moins de 25 ans, mais on va tuer la monétisation de la world music, du jazz, de la musique classique, de la chanson française, des fonds de catalogues français... »

 

Il y a une manière assez simple de devenir un véritable compositeur, éditeur, membre de la Sacem, « auteur » de splendides musiques.

Il vous suffit de vous plonger dans quelques manuels ou grimoires de collectage des siècles passées ou, encore plus agréable, de simplement voyager à travers le monde, le micro en alerte.

Puis de retranscrire les morceaux ainsi repérés et d’en devenir le fier arrangeur et même pourquoi pas le compositeur. Rien de plus facile.

Ces temps-ci, cela me semble être le sport lucratif et favori de nombre de « musiciens » de tous bords qui, grâce à quelques accords ou apports de sonorités d’instruments « modernes » ou électroniques, deviennent les créateurs et donc les heureux propriétaires de mélodies traditionnelles des peuples du monde.

Quelle prétention de la part de musiciens qui souvent, par des arrangements désuets, pensent magnifier les musiques de compositeurs inconnus ou volontairement ignorés !

Alors que bien sûr ce qui donne la force et la beauté, c’est la mélodie, la structure du morceau et parfois ses paroles.

Comme l’on disait à Ménilmontant : « Ce n’est pas celui qui repeint les murs qui a construit la maison ».

Mais ne nous voilons pas la face. Il ne s’agit pas là d’art, ni de musique, mais simplement de business. Car toutes les musiques historiques des cultures des peuples du monde ne rapportent rien (Je parle d’argent) ni aux artistes autochtones qui les jouent et donc encore moins au organisme de perception. La tentation est grande de les revendiquer. Ces musiques dites il n’y a pas si longtemps « du domaine public » sont aujourd’hui pudiquement estampillés par la Sacem « propriétaire actuellement inconnu »…soyez en certains, elles ne vont pour beaucoup pas le rester longtemps. À qui fait-on du tord ? À personne ! Pensent évidemment les nouveaux et sémillants propriétaires.

Ces nouveaux « Easy compositeurs » revendiquent au contraire – Quand ils reconnaissent que très rarement leurs emprunts - que grâce à eux, lesdits morceaux sont enfin révélés, magnifiés pour le plus grand nombre. Que grâce à eux, ils revivent et prennent une nouvelle dimension . Car oui, ces « artistes aspirateurs » ne sont pas les plus modestes.

Ils affirment tranquillement être ainsi les sauveurs de « chefs-d’œuvre » voués à une disparition certaine ! Alors sereinement, tout ce petit monde pioche dans ce fantastique gisement de profit possible, qui n’appartient de toutes façons, selon eux, à personne. Et donc à celui qui le « recueille ».

Le pillage va bon train, dans tous les pays. Le notre n’étant pas en reste. Chacun se drapant dans sa probité.

Ces musiques vont comme les nappes phréatiques constituées par des suintements millénaires être une source rapidement asséchée.

Leur création furent le fruit d’un long processus. Mais il est si facile de se les approprier et d’assécher ses richesses du patrimoine immatériel de l’humanité, juste pour son propre profit ou celui de certaines entreprises.

Alors qu’elles devraient être libre de droit, à la disposition de tous.

En quelques années, les riches sources musicales du patrimoine mondial seront certainement taries. L’individualisme fait rage. La « nouvelle vie » des musiques ainsi reprises ne durera pas plus de quelques mois. Le temps d’une mode. Mais parfois, elle générera de beaux profits. Qui s’en préoccupe ? Mais pourquoi s’alarmer ? On touche là à de l’immatériel – Ce n’est pas comme pour le pétrole ou l’eau pour lesquels on commence enfin à entendre et à voir des oppositions, des réactions à leurs exploitations déraisonnées.

Mais il est sûr que la musique, surtout lorsqu’elle appartient à des « petits peuples » n’est pas vitale ! Alors en avant. Stockons ces morceaux. Donnons-leur enfin des propriétaires… Adoptons les !

Devenez compositeurs. Rien de plus facile. Ça peut rapporter gros. Aujourd’hui, on ne peut que reconnaître, impuissants que :

La tradition appartient à celui qui la vend !