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Des mondes de musiques

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Etienne Grandjean

DJIBOU !

Gérard Viel

Homme de cœur, de passion et de rencontres, Etienne Grandjean fait partie de ces musiciens incontournables de la scène folk française : La Mirlitantouille, Pennoù Skoulm, Archetype, l’Ensemble Gwenva avec Pierrick Lemou, Jean Baron et Christian Anneix, sans oublier le premier groupe de chants de marins français Djiboudjep.

Rencontre avec Etienne qui nous parle de Mickael Yaouank et du projet Djibou !

 

Peux-tu nous rappeler comment l’aventure du groupe Djiboudjep est née ?

Le groupe a été créé au début des années 1970 par une bande d’une dizaine de copains lorientais, dont Mickael Yaouank et Michel Tonnerre. Ils se retrouvaient régulièrement sur l’île de Groix dans la taverne Ti Beudeff, pour chanter des chansons de marins traditionnelles et faire la fête. Ils choisissent le nom de « Djiboudjep » (p’tit bout d’Joseph) qui est un surnom groisillon donné à un jeune mousse de l’île. Petit à petit, Michel Tonnerre se met à écrire de nouvelles chansons pour le groupe. Elles deviendront emblématiques, « Quinze Marins », « Le Gabier Noir », Mon P’tit Garçon », En 1974 sort le premier disque solo de Mickael entouré de toute sa bande de potes. Puis, la formation se resserre autour de lui et devient professionnelle avec 3 autres musiciens/chanteurs, Patrick Le Garrec, Gérard Bono et Philippe Berthonneau. Ils enregistrent le premier disque sous le nom de Djiboudjep en 1976. L’état d’esprit de fête et de convivialité ajouté au répertoire inédit de nouvelles chansons maritimes ont fait le succès du groupe.

Quels souvenirs gardes-tu des années de route avec Djiboudjep ?

J’ai fait partie du groupe à partir de 1980. J’avais 20 ans et je me suis retrouvé dans un tourbillon de concerts et de tournées. J’étais pourtant déjà bien rodé à l’exercice avec mon groupe précédent, La Mirlitantouille qui sillonnais la France et les principaux festivals folks européens. Mais devait s’ajouter en plus, toutes les festivités maritimes et Dieu sait s’il y en a en Bretagne. A cette période, toutes les fêtes de ports, les fêtes de la mer, les fêtes de la langoustine ou autre côtriades de poissons se devaient d’inviter les Djiboudjep. En effet, le côté festif et rigolard de Mickael Yaouank et de Patrick Le Garrec était un gage de réussite à l’ambiance de leurs banquets.

La saison d’été nous voyait jouer quasiment tous les jours et notre point d’ancrage faisait que nous finissions les nuits (après la route du retour de concert) dans les bars de nuit du port de pêche de Lorient. Là, à des heures tardives voire matinales, nous côtoyions dockers et commandos marines qui ne faisaient pas toujours bon ménage. Les fins de soirées pouvaient être mouvementées... J’ai des souvenirs de Mickael chantant debout sur une table pendant qu’une bagarre se déroulait dans un coin du bar... Les concerts pour les départs ou arrivées des grandes compétitions de courses au large nous faisait fréquenter également le milieu de la voile sportive, les médias et les entreprises spécialisés. La Route du Rhum, la Transat en double, le Baptême de la bisquine de Cancale ou même le Grand Prix des Navigateurs de Saint Gervais (dans les alpes), le festival du film de voile de La Rochelle et autres événements du genre nous faisait croiser les grands skippers du moment comme Eric Tabarly, Eugène Riguidel, Florence Arthaud, Frédéric Beauchêne, ... Quelle fierté quand Eugène Riguidel nous disait qu’à chaque fois qu’il passait le Cap Horn, il mettait la cassette de Djiboudjep dans son lecteur et écoutait « Nous sommes Marins au long cours » en passant sous le rocher mythique, la classe...Tant de souvenirs... autant vous dire que les anecdotes pullulent...Nous avons été le cadeau d’anniversaire de la femme d’un commissaire de police de Lorient lors d’une soirée privée chez lui... il nous avait déjà offert à sa première femme !

Nous passions bien entendu beaucoup de temps ensemble, et les voyages étaient le moyen de discuter de la vie et également l’occasion de bonnes parties de rigolade. Cela pourra paraître étrange mais je ne me souviens pas d’avoir parlé beaucoup musique avec eux. Il n’y avait aucune stratégie ou aucun réel travail d’arrangements musicaux. Les choses se faisaient assez spontanément. Je me considère très chanceux d’avoir pu vivre mon rêve de musicien et de l’avoir fait avec de telles personnalités qui m’ont aidé à devenir un homme. Djiboudjep, c’était une famille.

 Qu’est-ce qui a motivé la présentation au festival Interceltique de Lorient d’août dernier d’une nouvelle version de Djiboudjep ?

La réponse pourrait être simple : tout ce que je viens de vous raconter...Mais il y a une histoire à cette soirée qui fut exceptionnelle à plusieurs titres.Les 50 ans de Djiboudjep correspondent aux 50 ans du festival de Lorient. Pour fêter cela, une création devait être programmée il y a deux ans et c’est pour cela que j’avais rejoint le groupe avec Pierrick Lemou pour préparer l’événement. Malheureusement, le Coronavirus nous a fait annuler la première année puis est survenu le décès de Mickael la deuxième...Le festival nous a donc demandé de faire un hommage à Mickael tout en marquant les cinquante années d’existence du groupe.

Quels sont les musiciens qui ont fait partie de cet évènement Djibou ?

Nous avons voulu nous retrouver en formule réduite avec quatre anciens membres : Nicolas Le Rallic, Pierrick Lemou, Guillaume Yaouank (le neveu de Mickael) et moi. Cette formule nous a permis de retrouver le son que Djiboudjep avait dans les années 80.

Comment le public du FIL a réagi à ce concert ?

Pour ceux qui ont déjà assisté à un concert du groupe Djiboudjep à Lorient, ils connaissent la ferveur de ce moment. Cela a toujours été un partage entre le groupe et le public.Un peu comme quand on va voir un ami, tout le monde se sent heureux d’être là. Sur beaucoup de chansons, le public chante autant que le groupe, mais ce soir-là, nous avions 1.500 personnes présentes pour rendre hommage à leur chanteur de cœur récemment disparu. Ils chantaient à tue-tête et nous sentions une solidarité avec nous. Un réel partage d’émotion et d’amitié. C’était très fort. Je pense que Mickael et Patrick nous ont entendu et ont été heureux de nous voir tous ensemble.

Est-ce que vous pensez à une suite Djibou ? quels sont vos projets ? un enregistrement peut-il être envisagé ?

Nous n’arrivons pas à imaginer que l’aventure de ce groupe, devenu légendaire pour beaucoup, soit terminée. Pourtant, c’est la réalité. Le décès de Mickael a clos l’aventure. Djiboudjep n’existe plus. Que nous reste-t-il ? Un répertoire unique dans lequel une centaine de groupes ont allègrement puisés, la nostalgie d’un état d’esprit, d’une manière de vivre, de partager la scène et la musique. Nicolas, Guillaume, Pierrick et moi sommes touchés à vie par cette aventure et nous ne pouvons nous résoudre à penser que tout cela sombrerait dans les oubliettes un jour ou l’autre. Alors oui, nous allons faire encore un petit bout de route tous les quatre en mémoire de Mickael et des Djiboudjep. Un enregistrement n’est pas du tout d’actualité même si nous avons déjà une invitation à participer à un projet.