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Des mondes de musiques

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Rencontre avec Gilles Le Bigot

NOUVEL ALBUM "BALE"

Gérard Viel

Guitariste et compositeur incontournable de la scène et de la culture musicale de la Bretagne, Gilles Le Bigot prépare son premier album solo qui va arriver dans les mois qui suivent. Rencontre chaleureuse autour d'une table, pour échanger sur ce projet de "balade musicale" d'un artisan passioné de rencontres humaines et artistiques

Après des années de routes et de concerts, qu’est-ce qui te motives aujourd’hui pour produire un nouvel album ?
J'ai encore des choses à dire après toutes ces années, je continue d'explorer de nouvelles pistes, j'avance. Avec l'expérience mes outils sont mieux affutés et quand j'aborde la musique bretonne, je suis comme le sculpteur, je la façonne avec plus de précision grâce au savoir faire acquis depuis tant d’années.

Pourquoi ce choix d’un album en solo !
 Le format groupe a été ma principale expérience ces quarante dernières années, j'ai été un accompagnateur, arrangeur et compositeur demandé, je n'ai pas pu tout faire, j'ai dû refuser     des propositions. Puis du groupe je suis passé aux trios puis aux duos. Malgré des passages en solo dans certains projets, il me manquait le solo pur, une guitare, pas de re-recording. C'est un challenge et aussi un vieux rêve que je n'arrivais pas à réaliser par manque de temps, le confinement et la crise qui a suivie m'ont donné ce temps qui me manquait jusque là.

 N’est-ce pas trop risqué, voir ennuyeux ?
 C'est toujours risqué de proposer quelque chose de personnel mais après plus de     quarante disques en quarante ans on apprend à gérer ce risque. Un solo de guitare de bout     en bout peut être ennuyeux, je me suis beaucoup interrogé sur ce point, j'ai assez vite imaginé des intermèdes entre les morceaux, restait à en trouver la forme. Après quelques tentatives de « miniatures » à la guitare, je me suis orienté vers des reportages sonores équipé d'un magnéto Zoom que j'ai spécialement acheté pour l’occasion.

Peux tu nous présenter dans quelle « balade » tu souhaites emmener l’auditeur ?
La musique se déplace d'un point à l'autre de la Bretagne, des terres à la côte, avec un port d'attache Douarnenez où j'ai vécu près de 30 ans. La balade démarre sur le port du Rosmeur à Douarnenez puis à Bulat Pestivien au coeur du Pays Plinn en passant par le pays vannetais, le Bas Leon, la région de Pontivy, le Pays Dardoub etc.. Par trois fois je reviens à Douarnenez : Le Rosmeur, les Plomarc'h et la plage de Pors Cad. L'album est ponctué d'ambiances sonores caractéristiques de notre région, la mer bien sûr, la forêt, le fest-noz, la foire de Bulat mais aussi de rencontres avec des chanteurs : Marcel Guilloux pour le Plinn, Jean Pierre Quéré pour la Gavotte et Gilbert Bourdin pour le Rond de St Vincent.
    
Comment as tu travaillé pour les compositions ?
J'ai autant travaillé sur les arrangements que sur les compositions, les premiers morceaux de ce disque ont été des airs de danses et la première question a été de savoir comment faire sonner un Laridé (par exemple) sur une guitare en solo et sans re-recording ? J'ai beaucoup ré-écouté les chanteurs et les sonneurs bretons, je me suis de nouveau penché sur le détail des pas de danses. J'ai relevé beaucoup de morceaux de sonneurs et chanteurs que j'ai essayé à la guitare, juste la ligne mélodique. Et petit à petit j'ai posé des basses sur ces mélodies tout en tenant compte de l'aspect rythmique observé à travers les pas de la danse. C'est comme un puzzle, on assemble les pièces. Si je ne trouvais pas l'air qui me convenait alors je le composais. Il y a dans Bale 21 airs de danses répartis dans 6 suites : Plinn / Laridé / Hanter Dro / Gavottes / Kas a Barh / Ronds de St Vincent, pour le reste il y a 3 balades, 1 marche et une valse lente.
    


Comment s’est déroulé l’enregistrement de ce CD ?
Dans le luxe le plus total ! (rires). Chez Ronan Le Guillou (au studio Boozooq) à 5 kms de la maison j'ai pu étaler l'enregistrement dans le temps, il s'est passé 8 mois entre le début et la fin de l'enregistrement de la guitare, grosso modo je venais enregistrer au studio quand le morceau était prêt, jusqu'au suivant. Pour les ambiances sonores cela m'a pris ensuite 4 mois pour tester toutes sortes d'ambiances, rencontrer les gens, promener mon micro dans différentes fêtes et ensuite à la maison travailler les architectures sonores dans mon home studio. Quand ces passages sonores étaient montés, j'envoyais les fichiers à Paris chez Alain Genty (du groupe Barzaz) qui a fait le mixage du disque.

Sur quelle guitare as tu enregistré de disque ? Est-ce toujours la même ?
J'ai enregistré sur deux guitares, 8 morceaux ont été fait sur une guitare LPR OD28 du jeune et talentueux Rémi Le Prat à St Brieuc, 3 morceaux ont été joués sur une guitare canadienne : Boucher modèle JP Cormier.

Comment se sont déroulés les prises de son ?
Nous avons passé avec Ronan une journée entière à tester et positionner 5 micros répartis devant la guitare. Le but était de laisser à Alain Genty, le choix au mixage. J'ignore ce qu'il a choisi, il n'y a que le résultat qui m'intéresse. J'aime l'idée que sur ce disque, il y a trois regards différents, Ronan Le Guillou pour la prise de son, Alain Genty pour le mixage, François Roulin pour le mastering.

Quel regard portes tu aujourd’hui sur ta vie de musicien ?
Le regard d'un musicien de 63 ans commence à ressembler à un bilan ... Mais ça serait trop long à raconter. J'ai fait un travail d'artisan, le terme artiste est trop vague pour moi. Mon outil est la guitare, cet outil m'a permis de raconter des histoires, de faire rêver, c'est là mon plus grand succès. Aujourd'hui je suis à la retraite, ça n'est qu'un changement de statut social, je reste musicien mais chose importante : sans les contraintes. Aujourd'hui je peux choisir encore plus qu'hier et surtout Je peux prendre mon temps pour faire les choses, 'Bale' en est l'illustration.
Le regard que je porte sur la vie de musicien aujourd'hui (pas la mienne) est qu'indéniablement c'est devenu beaucoup plus dur pour les collègues en activité. Le monde du travail s'est dégradé, celui de la musique n'échappe pas à la règle. Tant que nous serons gouvernés par des comptables qui ne pensent qu'à la rentabilité, l'art aura du mal à trouver sa place. Je n'oublierai pas le terme de « non essentiel » utilisé pendant la crise sanitaire, on a franchi là un cap supplémentaire.


Tu dois partir sur une ile déserte sans guitare ! Quel cd prendrais tu avec toi ?
Sans aucun doute mon disque de chevet : Arild Andersen "SAGN", découvert dans les années 90 en Norvège au cours d'un festival où nous jouions avec Skolvan accompagnés d'Annie Ebrel. je n'ai jamais cessé d'écouter ce disque, il est indémodable.

« BALE » qui veut dire balade en breton est le titre du nouveau disque du guitariste Gilles Le Bigot. Il est composé de 11 morceaux de guitare solo et 6 ambiances sonores pour un voyage à travers la Bretagne de la côte jusqu’au centre de notre région.
Ce disque sortira au printemps et sera livré chez vous dédicacé en avant-première en suivant ce lien :
https://fr.ulule.com/projects/disque-solo-de-guitare/
Sachant qu’il n’y a plus de producteurs de disques en Bretagne, cette prévente en ligne sur un site sécurisé ‘Ulule’ permettra à l’artiste, avec votre aide,  de financer la production de son album. Vous y trouverez des informations complémentaires sur cet artiste.

Contact : http://www.gilleslebigot.com/