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Des mondes de musiques

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Yom les bons tuyaux

Yom by Yom

François Saddi

Cela fera bientôt 20 ans que cet artiste exigeant aux multiples facettes trace une route toute personnelle avec la musique Klezmer en fil conducteur. C’est en 2008 qu’est sorti son 1er CD sous son nom propre chez Buda Musique : "New King of Klezmer Clarinet". Aujourd’hui, 10 ans et 7 albums plus tard, Il ouvre cette nouvelle année 2018 avec un magnifique album en duo avec l’organiste Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, "Prière", reforme les Wonder Rabbis, CD à sortir prochainement, et revient sur le chemin parcouru et les multiples projets engagés avec un double CD, "YOM by YOM".

YOM by YOM, un double CD anniversaire, florilège ponctuant ces 10 ans de carrière solo. Mais l’aventure a commencé bien avant, je me souviens du jeune clarinettiste Guillaume Humery dans le second album de l’Orient Express Moving Schnorers en 2001 ! Quelques mots sur ton parcours jusque là, les études, les rencontres importantes…?

Première rencontre avec Pierre et le Loup de Prokoviev à cinq ans, puis avec un prof de clarinette exceptionnel, Franck Séguy, féru de klezmer, qui m’a fait découvrir Giora Feidman à 7 ans. Puis mon prof au CNR de Paris, Richard Vieille, qui fût mon Maître pendant huit ans jusqu’à mon prix.

Ensuite c’est Pierre Wekstein dans l’Orient Express Moving Schnorers qui m’a fait confiance pour me lancer à 100% dans le klezmer, puis Denis Cuniot avec qui j’ai énormément joué en duo, puis Michaël Nick qui m’a fait pratiquer énormément l’improvisation, et ensuite la rencontre avec Giora Feidman en 2009 qui m’a vraiment encouragé à suivre ma voie, mon destin, accepter pleinement ma personnalité musicale.

Yom et Baptiste-Florian Marle-Ouvrad - photo DR

Après "Klezmer Nova", de l’OEMS, il y a eu aussi le duo avec Denis Cuniot sous le nom de Yomguih, "The Golem on the Moon" en 2004. Guillaume Humery, puis Yomguih, puis enfin YOM ! Sans pour autant passer par le divan, comment analyses-tu cette évolution ?

Je vis depuis petit la musique comme une quête. Une quête de sens, une quête de rencontre, de découverte du Monde, une quête de soi. Mon nom a changé au fur et à mesure de ma réinvention, de mon acceptation de ma personnalité. En même temps, c’est mon prof quand j’avais 7 ans qui m’appelait déjà Yom… Mais c’est plus tard, pour me sentir libre dans ma création que j’ai décidé de m’inventer un nom, une identité, qui soit celle du musicien, libre de tout son passé et ses obligations de tous les jours, libre de tout inventer.

En 2008, un 1er Cd signé YOM et un vibrant hommage au grand Naftule Brandwein. Le Klezmer comme point focal, comme racine immuable… ?

Oui, depuis 1998 à peu près, le klezmer est le point focal de mon travail et de ma créativité. Même si je me permets de plus en plus de m’en éloigner pour de vrai maintenant que j’ai rendu hommage aux ancêtres, que j’ai dédié une part non négligeable de ma vie à la recherche sur cette musique historique.

Tu enchaînes ensuite de nombreux projets avec des artistes aussi divers que Wang Li, Ibrahim Maalouf, Denis Cuniot, Sébastien Lété, Sylvain Daniel, Alexandre et Benoit Giffard, Claude Tchamichian, Bijan Chemirani et bien d’autres. Des musiciens issus de milieux musicaux traditionnels, rock, jazz… Qu’est ce qui te pousse à ouvrir toutes ces portes, un besoin de confrontation à divers styles, un appétit insatiable pour la diversité… ?

La rencontre est indispensable en musique et en art en général: il fut se nourrir, aller au contact, voir le Monde avec une autre paire d’yeux (et d’oreilles) que les siens pour ouvrir les vannes de l’inspiration. D’un point de vue énergétique, c’est sans doute la rencontre avec Wang Li qui m’a fait comprendre à quel point être AVEC l’autre était important, enrichissant, et je ne peux plus m’en passer maintenant, je ne pourrais penser un projet sans prendre en considération la personnalité de l’autre comme un élément central de ma motivation à créer, à être surpris, impressionné, ébahi par le Monde.

Tous tes disques sont chez Buda Musique, à l’exception je crois de "The Empire of Love" sorti en 2013 chez Jazz Village, belle fidélité pour ce remarquable petit éditeur militant !

Petit mais costaud ! Oui Gilles Fruchaux de Buda Musique est un ami fidèle que je respecte autant humainement que professionnellement, à qui je fais une confiance aveugle et qui porte à tous ses artistes la même confiance (aveugle mais pas sourde !), qui leur laisse une liberté totale, qui est un vrai passionné de musique, et qui a énormément œuvré pour les « musiques du monde » avec une fraicheur et une honnêteté impressionnantes ! Je suis fier de sortir tous mes disques sur ce label !

Te voilà aujourd’hui et depuis plusieurs années maintenant l’un ces clarinettistes de référence. Quelques mots sur d’autres musiciens incontournables comme Giora Feidman, David Krakauer…?

Je vénère Giora Feidman qui a apporté énormément à la clarinette klezmer, à son ouverture sur le monde, à sa sur-expressivité, quand il joue j’ai l’impression qu’il me parle, c’est absolument magnifique, et c’est en plus un être spirituellement remarquable.

J’écoute David Krakauer depuis son passage dans les klezmatics et ses premières œuvres solistes chez Tsadik en 1995, j’ai adoré ce qu’il a amené dans le renouvellement de l’arrangement, des mélanges, l’énorme coup de jeune dans la collaboration avec Socalled.

Il y a aussi une énorme scène dans les balkans (Bulgarie, Macédoine), la Roumanie, la Hongrie et surtout la Turquie, qui sont devenues mes principales sources d’inspiration clarinettistiques, une scène d’une vivacité et d’un niveau hallucinants, indispensables à mon évolution.

Il est frais mon poisson ! photo DR.

Tu as participé à l’un des derniers grands projets de Denis Cuniot, le Raga Klezmer…?

Denis Cuniot est un des mes plus anciens amis, je l’adore, j’adore son jeu, j’ai adoré son idée d’un concert de huit heures dans lequel les gens peuvent entrer et sortir, boire et manger, tout en écoutant un des artistes les plus spirituels que je connaisse, d’ailleurs les spectateurs ne s’y trompent pas, les ragas ont fini à chaque fois en standing ovation. Denis fait vraiment partie des artistes incroyables qu’on n’entend vraiment injustement pas assez en France…

Les projets à venir ?

Toujours nombreux, ils vont se concentrer principalement sur le retour des Wonder Rabbis, le disque sortant en novembre, mais aussi des collaborations avec la danse contemporaine et le théâtre, mais comme j’ai fait cinq créations dans l’année, je crois que je vais me calmer un tout petit peu et profiter de ces belles graines plantées à tour de bras pour en récolter les fruits en allant partager toute cette musique avec le public au maximum !

 

https://www.yom.fr