

Aguamadera
Las historias que han Dejado
François Saddi
Pour ce 3ème et très bel album, le duo argentin s’est entouré de très nombreux musiciens. Les compositions, principalement du duo, sont fortement nourries des traditions musicales argentines, péruviennes et vénézueliennes. Elles constituent un joli témoignage de la vitalité des musiques traditionnelles dans cette région du Monde.
Le duo, fondé en 2015 à Buenos-Aires, est formé de María Cabral (chant, cuatro, maracas) et de Marco Grancelli (chant guitare, cuatro). Ils sont rejoints pour cet opus par la compositrice et chanteuse chilienne Elizabeth Morris (chant, chœurs, flûte, charango) qui assure aussi les arrangements et la direction artistique de l’ensemble du CD, ainsi que par une douzaine de musiciens : Solana Biderman (contrebasse), Mariano ‘Tiki’ Cantero (batterie percussions), et pour quelques titres S. Luna (mandoline), E. Alvarez (clarinette), R. Delgado (violoncelle), L. Nebra et N. Segovia (charangos), V. Curci (chœur), N. Martinez (quena, zampoña), F. Tapia (guapeos), J. Abreu (tambora) et les chanteurs Marta Gómez et Raly Barrionuevo.
Le titre, "Las historias que han dejado" que l’on peut traduire par "Les histoires qu’ils ont laissées" définit clairement le contenu de l’album et l’engagement de ses 2 fondateurs : perpétuer la tradition musicale héritée du passé, sans passéisme, ou pour les citer : "…Continuer le chemin ouvert par ceux qui ont chanté avant nous…".
C’est donc dans un grand respect des divers rythmes, mélodies, et formes héritées des anciens qu’ils s’approprient les différents genres (chacarera, zamba, huayno, joropo, merengue, gaita zuliana et autre valse) pour, je les cite à nouveau : "Faire notre ce langage afin de le transformer en disant notre propre message".
Les thématiques abordées dans les chansons sont tout aussi diverses que l’absence, les chagrins d’amour, la nostalgie, le ras le bol de la société dans laquelle on vit, le voyage en exilé, le droit du coq à chanter, la maternité ou encore l’histoire d’une couturière assistant à la fête de son village ! Je ne peux résister à citer quelques perles parmi les 16 titres de l’opus : l’émotion distillée par "Cuentapesares", la délicatesse d’"El Pregón de las Flores", la très dansante "Alma de Rezabaile" (qui me renvoie immédiatement à Atahualpa Yupanqui) ou encore le mélancolique "Huayno de Sal". Cet album est une petite merveille à écouter d’urgence !