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Des mondes de musiques

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Cornemuses

Terres Lointaines

Philippe Krümm

Septembre 2021 la vie semblait reprendre, la preuve c’était la sortie officielle mais confidentielle, autoproduction oblige, du deuxième disque de Jean-Claude Blanc dans sa série « CORNEMUSES » qui s’annonce comme un triptyque.

Le premier de la série fut titré sobrement « CORNEMUSES » et enregistré en 2017/2018. Le nouveau c’est "Terres lontaines", un beau voyage semble annoncé !

Aujourd’hui quand on écoute la radio on entend principalement des « artistes » sur des sons générés par des machines, ou l’auto-tune est de rigueur. Ces temps si, on parle beaucoup à raison de la disparition de la faune et de la flore mais dans les cultures des peuples du monde j’aimerais bien savoir, comme pour les langues, à quels rythmes, des instruments, des musiques, des sons acoustiques, des techniques disparaissent à tout jamais. Seuls les musées en posséderont certains (Souvent seulement des instruments déracinés et muets) et si c’est pour nous les présenter comme dans l’horrible colonne mortifère du musée du quai Branly ou des instruments de musique « momifiés », stockés sans commentaire semblent comme emprisonnés, ce sera une deuxième mort, une fin qui semble définitive.

Le Musée de l’Homme était peut-être vieillot mais on voyait des instruments, on les nommait. Je ne vais pas m’aventurer dans cette chronique à parler du lumineux fouillis d’instruments de musique du Musée des Arts et traditions populaires du bois de Boulogne à Paris ou de celui du conservatoire de la rue de Madrid. Aujourd’hui les instruments de ce musée, les ATP » fondé en 1937 par Georges-Henri Riviére, ( Le Mucem à édité un livre – Éditions de Mucem 2018 : « Georges-Henri Rivière – Voir, c’est comprendre. À l’occasion d’une exposition au musée marseillais en 2019) meurent étouffés dans des boites « spéciale conservation » dans les stocks du Mucem (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) de Marseille…Seul le MuPop (Musée des Musiques Populaires) de Montluçon tente un peu timidement de les faire briller et de nous les raconter au 21eme siècle.

Si au siècle dernier ces musées, que l’on décréta « poussiérieux », n’avaient pas été comme ils se présentaient à l’époque, foisonnant de merveilles, il est certain que ma passion pour les instruments et les musiques des peuples du monde n’aurait jamais germée dans ma petite tête d’ado passionné de motos …

Alors dans les années 70, quand quelques personnes se lancèrent dans la lutherie des instruments des musiques du monde et que Bernard Blanc quitta son beau statut d’intermittent du spectacle au sein du groupe mythique et malheureusement méconnu de la jeune génération : la Bamboche, pour refaire revivre cabrettes, cornemuses du Berry, du Bourbonnais… Personne n’imaginait que son travail allait permettre à des milliers de musiciens dans l’Europe et le monde de s’exprimer avec des cornemuses du centre de la France des 14, 16, 20, 26 pouces. Oui, la longueur donnant la tonalité du hautbois est calculée en pouces. Mais c’est une autre histoire. « Krümm ! N’oublie pas que c’est une chronique, alors Parle nous vraiment du deuxième disque de Jean-Claude Blanc ».

13 titres pour ce nouvel opus (Oui ! Opus ça fait plus sérieux que rondelle ou galette…). Le premier morceau, en mineur, ce qui va parfaitement à ce type d’instrument est plus que parfait, les anches des cornemuses sonnent à merveille J.C. Blanc à des idées très précises sur ce qu’il aime et ce qu’il veut.

Au fil de ses écoutes diverses : classique, jazz, baroque, chanson… Trad. Le monsieur est éclectique. Des morceaux vont accrocher ses oreilles d’interprète à la cornemuse (Pour ce répertoire on ne dira pas cornemuseux ni cornemusiste… Ça ne fonctionne pas bien, non ?). Alors une fois la sélection affinée un long processus d’appropriation va commencer. Puis avec quelques camarades ils passent à l’enregistrement. 4 Séances en 2020 & 2021 dans le studio de la ferme, antre d’un historique du Trad’ : Jacques Lanfranchi, membre insubmersible de l’association/Label : L’A.E.P.E.M. (Association d’Étude, de Promotion et d’Enseignement des Musiques Traditionnelles des Pays de France). https://www.aepem.com

Bien évidement Bernard, le grand frère, n’est jamais loin quand Jean-Claude fait sonner le plus grave des instruments de ce disque, les grandes cornemuses de 20 et 26 pouces. Bernard donc, le grand frère facteur de cornemuses pendant 40 ans - Bien évidement toutes les cornemuses du disque sont sorties de son atelier- brode avec une 14 pouces comme dans le premier titre évoqué précédemment : Chant des pêcheuses, Romance de Guarinos & Shall I Sue

Les compositeurs choisis sont étonnants pour cet instrument : Le duo de compositeurs à découvrir Georges Gurdjieff -1866/1949 & Thomas de Hartmann -1885/1956- et aussi Orlando Gibbons -1583/1625- et même un extrait du Roi Arthur composé en 1691 par Henri Purcell (1659/1695). On trouve également quelques morceaux estampillés « anonymes ». Et imaginez que les précisions du petit livret vous informent que : L’enregistrement  de l’Alleluia  de Gurdjieff & De Hartmann qui conclut le disque fut fait au diapason 440,5 et que pour la partie avec cornemuse au tempérament Erlangen ! (Anonymous « Pro clavichordiis faciendis » XVème siècle)

Pour le plus grand nombre de morceaux J.C. Blanc a convoqué quelques camarades, déjà présents sur la première production. En plus de son grand frère, on entend Jean-François Déat au piano -un nouveau- mais on retrouve les Gitenait père : cornemuses, saxo alto et fils : contrebasse.

Le choix des mélodies est original et renouvelle le genre…Malgré quelques incompréhensions auditives sur le mixage. Piano, contrebasse et saxophone ne semblent pas sur la même planète que les cornemuses. (Mais mes oreilles vieillissent, je prends les devants sur la réponse que pourrait me faire Jacques Lanfranchi.)

En résumé on sent que chaque morceau a été murement choisit, séquencé, répété et répété encore et encore… Rien n’est laissé au hasard. C’est là que Jean-Claude Blanc est un musicien d’exception. D’aprioris normalement insurmontables : la raideur, le manque de spontanéité, d’improvisation… Jean-Claude Blanc en fait simplement de la musique comme on l’aime, celle qui parle à l’âme…

 Ecoutez le podcast avec Jean-Claude Blanc : CLIC

Autoproduction

jc.blanc2@wanadoo.fr

 Cornemuses "Terres Lointaines" 

Jean-Claude Blanc : Cornemuses 26 pouces, 20pouces

Bernard Blanc : Cornemuse 14 pouces

Jean-François Déat : Piano

Olivier Ginetait : cornemuse 20 pouces, saxophone alto

Aloïs Ginetait : contrebasse