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Des mondes de musiques

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Efrén López, Stelios Petrakis, Bijan Chemirani

Taos

Etienne Bours

Certains musiciens ont l’art de nous convier à des rendez-vous qu’on pressentait ; plus qu’un espoir de les voir se concrétiser c’est un peu comme si on était certains que ça se ferait. Et ça se fait !

Ici c’est la rencontre attendue entre Stélios Petrakis, maître incontesté de la musique crétoise actuelle, Bijan Chemirani, qui se faufile adroitement entre diverses expressions en caressant ses peaux, et Efrén López, multi-instrumentiste brillant qui se devait de joindre son talent à ceux des deux autres comparses. López nous épate, c’est peu de le dire, il fait partie du groupe espagnol L’ham de foc mais ses traces sont excessivement nombreuses au sein de multiples expériences musicales orientalo-européennes… D’ailleurs il faut se souvenir qu’il avait déjà rejoint Chemirani et Petrakis sur l’album Orion de ce dernier. Il a vécu un moment en Grèce et en Crète, question de concrétiser son approche de certaines musiques. Au point de collaborer aussi avec Ross Daly. Mais on l’espérait vraiment dans cette formule à trois qui convient à chacun des musiciens ; chacun semble s’y épanouir à la perfection en laissant une foule d’instruments se partager la tâche d’une visite approfondie d’un univers musical concocté et composé par les trois comparses. Rien ne manque à ce voyage dans le temps et dans l’espace. Le temps qui fait référence aux mythologies anciennes, aux religions dans ce qu’elles ont pu avoir de plus philosophique. L’espace qui visite la Méditerranée certainement mais aussi un monde de tous les Orients musicaux possibles, ces expressions que les trois musiciens connaissent, pratiquent et étudient encore sans cesse, avec une ouverture inégalable. Ce disque nous donne une définition parfaite de ce qu’on peut entendre par musique du monde aujourd’hui : un héritage compris, renouvelé, magnifié. Une démarche profondément musicale au service de traditions en mouvement ; des musiques dont se moque le marché avec un mépris qui n’est que la manifestation d’une ignorance rare. Et pourtant, ces musiciens s’en vont remplir des salles de mélomanes, ces gens qui écoutent non pas les sirènes du commerce musical mais les accents différents de tous les peuples de la terre et de leurs remarquables instruments de musique. Une pépite.

(Buda Musique)