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Des mondes de musiques

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E.Wassie & M.Sourisseau invitent Julie Läderach

Yene Alem

François Saddi

Pour ce magnifique second et très singulier album, le duo formé de la chanteuse d’Ethio-Jazz Etenesh Wassie et du musicien de jazz et bassiste acoustique Mathieu Sourisseau, sont rejoint par la violoncelliste Julie Läderach.

Le disque, en trio donc, s’ouvre par 2 "standards" de la tradition des azmari (chanteurs et chanteuses improvisateurs éthiopiens) et de cette chanteuse en particulier, "Ambassel" et "Bati", titres emblématiques qu’elle décline de diverses façons depuis sa première apparition au CD dans le volume 18 de la collection Ethiopiques (BUDA 2003). Elle y était alors accompagnée simplement du masinqo, vièle à achet à une seule corde présente tant en Ethiopie qu’en Erythrée. On retrouve ces 2 mêmes titres dans l’album Zéraf ! (Ethiosonic 2007, BUDA), album réunissant le quartet de jazz toulousain "Le tigre des platanes" au sein duquel officie M. Sourisseau, et la chanteuse. Le titre "Ambassel" est aussi présent dans le 1er disque du duo, Belo belo, de même qu’un autre chant traditionnel présent dans ce dernier Cd : "Tezeta".

C’est dire si une continuité est installée au sein du parcours artistique d’Etenesh Wassie depuis le début des années 2000, une chanteuse dont la voix à l’âpreté brute presque sauvage et parfaitement maîtrisée (le titre "Dera" en est une parfaite illustration) adapte et interprète dans ce dernier album neuf chansons présentées comme issues du domaine traditionnel.

L’oreille occidentale est depuis maintenant nombre d’années relativement familiarisée à la spécificité des modes abyssins, d’une part parce que de nombreux musiciens de jazz s’en sont emparés, mais aussi par leur présence au sein de musiques urbaines plus connues du grand public.

La singularité du présent album, et son étrangeté, tient plus dans diversité de l’expression vocale ainsi que dans les arrangements réalisés par Mathieu Sourisseau. Il compose et réalise ici toute une palette de climats fortement teintés jazz allant de contrepoint basse/violoncelle, de boucles ou de nappes de cordes frottées et pincées entretissées, à des sonorités saturées propres au rock et divers grincements quasi bruitistes, à une voix strictement a capella comme le titre éponyme, "Yene Alem" (mon monde) qui permet d’apprécier pleinement la riche palette vocale de cette grande et étonnante chanteuse, un bijou !

Seul vrai regret : l’absence d’un livret explicatif de la démarche artistique ainsi que de la traduction des textes des chants présentés…

 

www.budamusique.com