
François Robin - Mathias Delplanque
L’ombre de la bête
François Saddi
Cet album constitue le premier "grand œuvre" d’un duo improbable formé du sonneur de veuze Nazairien François Robin et du compositeur contemporain Nantais Mathias Delplanque.
Situé à la croisée des chemins entre la musique minimaliste de la fin du 20ème siècle, les Pink Floyd, certaines transes traditionnelles d’ici ou là et le paysage sonore d’une promenade bucolique au fin fond du Poitou, ce disque, objet sonore difficilement identifiable en agacera certains et en émerveillera d’autres.
Pour ma part, je l’ai dégusté à belle puissance avec un plaisir ineffable comme on déguste un Curry Madras, ça brûle mais que c’est bon ! François Robin y joue alternativement, ou simultanément grâce à la technique, de la veuze, du doudouk, du mizmar et du violon. (cf le site Alazim ci-dessous) Mathias Delplanque quant à lui officie aux synthétiseurs, sampling et autres dispositifs électroniques (écouter l’interview sur France Musique ci-dessous).
François Robin, joueur de veuze vendéen nourri de traditions orales construit pas à pas son cheminement artistique autour de la matière sonore qu’il explore depuis nombre d’années maintenant. Tout naturellement, cette démarche l’amène à disséquer son instrument, acoustiquement puis via des dispositifs électroacoustiques. Ce travail d’expérimentation croise celui du compositeur contemporain qui lui s’interroge et avance sur la voie de l’improvisation. Ces 2 gaillards étaient faits pour se rencontrer et cheminer de concert, "L’ombre de la bête" en est un magnifique témoignage. A l’exception des titres "Fin de règne", composition de F. Robin, et "Le puits", traditionnel adapté par F. Robin, l’ensemble de l’album est signé des 2 musiciens.
Les textures sonores tantôt simples tantôt complexes, les timbres que l’on connaît et d’autres qui d’ordinaire sont soigneusement gommés, les multiples bourdons, nappes et trames diverses produits par les 2 compères constituent la matière de ce bel objet musical. Les instruments y sont utilisés tout autant comme corps sonores que dans leur utilisation traditionnelle. C’est passionnant, j’y retourne illico !