JOHN SHEAHAN

Parmi ces cinq vauriens barbus et chevelus, comme ils se plaisaient à se nommer eux-mêmes, John Sheahan se distinguait par sa classe et sa discrétion. Violoniste de formation classique, il avait durant toute sa jeunesse, flirté avec la musique traditionnelle au grand dam de ses professeurs de violon. C'est en 1964, presque par hasard, qu'il intègre le groupe des Dubliners et il y restera 48 longues années, jusqu'à ce que Barney McKenna, membre fondateur, tire sa révérence en 2012.

Tout au long de sa carrière au sein du groupe, John Sheahan  a flirté au fil des ans avec des styles de violon aux antipodes de la tradition, du classique au swing, du baroque au bluegrass. Et il a fallu attendre son quatre-vingtième anniversaire pour qu'il se décide à nous gratifier d'un album solo, Flirting Fiddles. Seize titres dont quinze composés par lui-même. Comme le nom de l'album le suggère, la musique de John s'acoquine avec une flopée de musiciens de toutes sortes, fiddlers, pipers, guitaristes, de son compagnon d'armes Colm Mac Con Iomaire au guitariste de jazz Drazen Derek, en passant par le piper Mick O'Brien et le saxophoniste Richie Buckley.

On retrouve des classiques comme The Marino Waltz ou des compositions plus récentes The Winding River, mais aussi Draggin' The Bow, un swing texan endiablé ou Among Friends qui fait penser aux compositions baroques de T. O'Carolan. Pratiquement tous les airs ont été arrangés pour un orchestre et un quatuor à cordes, ce qui ajoute une touche d'originalité. Pour qui rechercherait de la musique uniquement traditionnelle, il risquerait d'être déçu. Mais la musique de John Sheahan a encore de quoi surprendre. Comme quoi l'âge n'efface pas le talent.

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