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Des mondes de musiques

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EKKO Trio

3 = 1

Etienne Bours

EKKO ? LOGIQUE !

Ekko, c’est trois en un, un à trois, trois fois un, une fois trois… Ces trois ne font qu’un, sans leader ; trois solistes pour un trio, trois solos pour un seul son.

Ces musiciens se sont rencontrés par hasard, lequel fait décidément bien les choses. Il est vrai qu’il n’est guère fréquent de s’autoriser un mariage à trois entre mandoline, accordéon diatonique et trompette. Où sont-ils donc allés chercher cette idée ? Certainement pas dans un processus mental consistant à vouloir à tout prix créer un chemin de traverse, l’air de dire qu’il faut absolument innover pour surprendre et surprendre pour attirer. Loin de tout calcul, Ekko est né on ne peut plus naturellement de l’envie de festoyer musicalement en mélangeant d’un même élan des sons et des goûts d’origines différentes. La planète Ekko est commune à trois galaxies. L’un est à Gand, l’autre à Bruxelles, le troisième à Liège. Leurs caractères diffèrent, leurs origines et influences tout autant. Aux parfums d’Irlande se mêlent ceux de l’Italie et quelques fragrances germaniques. Qu’importe du moment qu’on a l’ivresse et l’inventivité instantanée qu’elle donne aux doigts et au souffle. Les doigts de la mandoline au profit de notes pétillantes, le souffle de la trompette ciselé grâce aux doigts sur les pistons, les doigts encore sur les deux côtés de l’accordéon qui ne serait rien s’il n’était conduit par le souffle. Et le soufflé de cette musique gonfle, il prend, il se dore, il est velouté et croustillant à la fois.

Sacrés cuisiniers que ces trois gaillards : Lorcan Fahy, Pablo Golder et Antoine Dawans ! On serait tenté de leur demander leurs secrets, leurs astuces. Parce que cette musique qu’ils vous servent est gourmande, on en redemande ; elle donne la patate tout en ayant de la bouteille. Trêve de métaphores de cuisine, la recette est simple, Ekko est à la musique ce que l’agro écologie est à l’agriculture : un retour aux valeurs, une compréhension exacte du juste équilibre entre certaines traditions musicales et une bonne dose de créativité et d’audace. Cette musique va échapper à ceux qui aiment coller des étiquettes toutes faites. Et pourtant ! Faut-il avoir peur du mot populaire ? Populaire comme folk, comme musique folk actuelle. Soit une musique qui ne prétend guère s’attacher à une tradition précise qu’on ne vit de toute façon plus, ni suivre un courant qui voudrait que le folk soit nécessairement une suite de danses rassurantes parce que toujours les mêmes. Le mouvement folk a bien vécu, il a relancé des pratiques, des répertoires, des idées, des envies, des savoir-faire. Les trois musiciens d’Ekko l’ont assimilé et ont enrichi cette compréhension d’autres expériences glanées de frottements avec le jazz, le classique ou n’importe quelle autre musique de notre monde. Puis sans tambour mais avec trompette, ils ont laissé couler un nouveau folk, une nouvelle musique acoustique gorgée d’humour, d’esprit surréaliste et d’autodérision. Sans la moindre prétention, Ekko s’amuse en musique, profitant pleinement des sons et des richesses mélodiques de leurs trois instruments.

Si différents et si proches, si complémentaires en fait. Il faut l’entendre pour le croire, ces notes de mandolines qui sautillent entre le souffle chaud du diatonique et les roucoulades d’une trompette qui laisse derrière elle tous les clichés qu’on lui attribuerait trop facilement. C’est un plaisir lorsque des instruments de familles différentes se réunissent pour créer une rencontre atypique. Ekko le réussit parfaitement et mérite une place de choix au sein des musiques dites du monde parce que cette nouvelle musique populaire belge n’a rien à envier à celles des ménétriers, des fanfares ou des carillons d’antan.

Ne faisons pas l’économie de nous priver d’Ekko !

Les gars n’ont pas sorti un CD physique, cette rondelle appelée à se dématérialiser comme tout le reste (nous compris !). Mais on trouvera une version numérique et son habillage en flip-book sur leur site www.ekkotrio.be (accessible dès la fin octobre).