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Des mondes de musiques

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Camille

Quand c'est flou c'est qu'il y a un loup !

Il y a peu de temps j’écrivais un petit texte « La tradition appartient à ceux qui la déposent »

Et bien voilà un cas concret : La musique et le texte ne viennent pas de la tradition mais d’un historique des musiques traditionnelles (Il n’aimera pas que je le nomme ainsi hi hi hi !». Mais Yvon Guilcher est bien un « authentique » de ceux qui au début du folk revendiquaient que les musiques traditionnelles appartiennent à tous et même les morceaux contemporains, s’ils avaient la chance de tomber dans les envies populaires. Mais le minimum étant d'en citer l'auteur.

Ce qui est le cas depuis maintenant plusieurs mois de « Je mène les loups « d’Yvon Guilcher ». Interprété et enregsitré par la chanteuse Camille.

Que nous dit Yvon Guilcher dans un petit message qui circule sur le net :

Yvon Guilcher Photo DR

“Les amis,
vous qui êtes plus jeunes que moi et mieux adaptés au XXIè siècle (qui est religieux ou qui n'est pas), vous pouvez peut-être m'aider à retrouver le sommeil : Car je ne dors plus depuis que j'ai découvert la chanteuse Camille, laquelle s'est approprié l'une de mes compositions : Je mène les loups, que j'ai inventée dans les années 90 (air et paroles), qui ouvre le CD Bourrées de l'ADP (1997) et que Camille présente comme traditionnelle (d'après Le Monde, elle l'aurait trouvée dans "quelque vieux grimoire"). Du coup, elle ne me cite jamais et ma chanson est en train de se répandre dans le monde entier (USA compris), on l'inscrit aux programmes des écoles et elle passe partout pour "la bourrée de Camille".
Outre que cette dame en appauvrit la mélodie, elle s'estime à même de montrer sur scène comment ça se danse, avec des copains et copines qui partagent son ignorance et son incapacité (merci, Gennetines ?) et leur gigotage hirsute, agrémenté de révérences cucul, fait de la bourrée un objet de dérision.
Sur le net, Michel Lebreton me cite, les Américains aussi, Gabriele Coltri signale que la chanson est de moi, mais rien n'y fait : pour tout le monde, c'est désormais "la bourrée de Camille" et personne n'a visiblement envie qu'on l'attribue à Yvon Guilcher.

Je ne demande à personne de me payer pour chanter mes chansons et je n'ai guère de vanité d'auteur. Mais ce qui se passe là m'est insupportable, je l'avoue.

Je voudrais donc :
1) que l'on sache que cette chanson, est de moi (je suis d'ailleurs seul à pouvoir en expliquer les paroles, à première vue mystérieuses) ;
2) que l'air ne s'en diffuse pas sous une forme abâtardie ;
3) qu'on dénonce cette singerie gesticulatoire qui n'a rien à voir avec la bourrée.

L'enjeu, c'est ma santé physique et mentale.

Yvon Guilcher”

 

 

Et donc le titre figure dans l’ album OUÏ de Camille sorti le 7 Juin 2017.

Il s’avére en plus que le morceau est devenu un des moments phares de ses spectacles. Comment est il référencé ? Le morceau a-t-il été déposé chez notre belle Sacem au nom de l’artiste ?

Camille va bien être au courant un jour du nom du compositeur…

Comment va t elle réagir ?

Star - Ne pas réagir.

Étonnée - Mille excuses ! Je ne savais pas. (Bon ce sera une excuse, mais on fait un minimum de recherche… Surtout si on l’a déposé, ce qui reste encore un mystère.)

Sûre d'elle - Oui peut être ! Mais je l’ai modifié, magnifié… Ce n’est plus le même morceau.

Attendons une réaction de la Dame !

 

 

Yvon Guilcher reste un vrai de la tradition, un gentleman, dans un courrier, ou il est à la recherche de l’adresse de la dame, il me dit juste :

« Je n’ai pas l’intention d’agresser cette Camille, mais j’aimerais lui écrire une lettre gentille (et amusante) pour lui dire deux ou trois choses. »

C’est aussi pour cela qu’Yvon Guilcher reste une personne importante dans l’histoire et le courant des musiques traditionnelles en France.

 Alors Madame l’Artiste Camille, le mail et l’adresse d’Yvon Guilcher sont disponibles à notre rédaction. Il vous suffit de dire : OUÏ

 

 

Le morceau résonne même à New-York :

Complément d'information d'Yvon Guilcher

"Tel internaute croit bon de nous préciser que Camille a repris dans Les loups une chanson traditionnelle (ce qui n'est pas vrai) et qu'elle n'a jamais eu l'intention de "voler une chanson à Yvon Guilcher, comme il le dit". L'ennui, c'est que Yvon Guilcher ne le dit pas. Yvon Guilcher, c'est moi et je n'aime pas plus les contrevérités que les procès d'intention. Je n'ai jamais douté de la bonne foi de cette Camille, je suis persuadé qu'elle croyait cette chanson traditionnelle (preuve que l'œuvre est crédible, donc réussie – on ne pouvait pas me faire de plus beau compliment, j'allélouille !) et je ne pense même pas que ce soit elle qui ait prétendu l'avoir "piochée dans un vieux grimoire", ça sent trop la prose journalistique convenue. Bref, je crois cette femme parfaitement honnête.

Je conçois aussi qu'un internaute mal informé puisse douter de ma paternité, vu que je n'ai pas eu le souci de déposer cette chanson. Pas plus que des centaines d'autres que j'ai commises, sans souci de lucre ni de notoriété, mais pour le simple plaisir que je prends à les inventer. Et tant mieux si elles plaisent et circulent.
Si , devant le succès de cette "bourrée de Camille", je me permets de signaler qu'elle est de moi, c'est seulement parce qu'elle est de moi. J'en suis désolé, je vais bientôt me sentir coupable de l'avoir faite. Et de le dire.

Ce qui me frappe, c'est les réactions sur le net. Il y a d'un côté ceux qui connaissent la vérité, et en face ceux qui l'ignorent et n'en veulent pas.

Ceux qui savent sont les gens qui ont dansé avec moi, connaissent mes autres compositions (bourrées et autres) et m'ont vu proposer Je mène les loups dans les années 90 pour accompagner les bourrées rondes du Pont Chrétien, que j'enseignais dans mes stages et qui manquaient à mes yeux de mélodies adaptées. Ces gens-là sont souvent bons danseurs et bien instruits des sources de notre pratique : car le répertoire chanté des bourrées à deux temps, limité dans ses airs comme dans sa thématique, leur est bien connu jusque dans le détail. De sorte que mes diverses compositions sont immédiatement repérées comme telles par ce public averti.

Ceux qui ne savent pas et ne sont pas familiers de la recherche en matière de bourrées nous proposent des considérations confuses (et erronées) sur les musiques traditionnelles : à leurs yeux, Je mène les loups a pu exister avant mon intervention. Ce qui n'est pas le cas, mais a priori pourquoi pas ? Ce serait donc moi l'imposteur. L'ennui, c'est que ces spéculations théoriques sont impuissantes à localiser et attester cette chanson dans aucune collecte. Si Camille l'a dénichée "dans un vieux grimoire", il doit lui être facile de nous dire lequel. Si elle ne s'en souvient pas, la chanson est forcément connue des collecteurs. Elle doit bien figurer dans une quelconque publication. Je demande donc à ces sceptiques de me révéler où et quand cette chanson apparaît avant que je m'en occupe. Avec même texte et même mélodie. Ce n'est pas facultatif.

Il faut savoir aussi que quand j'ai inventé cette chanson, je lui ai donné cinq couplets. Mais n'en ai enregistré que deux en 1997. Comme par hasard, ce sont les eux seuls qui circulent. Alors si la chanson n'est pas de moi, quelqu'un peut-il me citer les couplets "traditionnels" qui manquent ?

On a pu dire que "inventer, c'est se souvenir". J'en suis conscient, je sais ce que je dois aux formes traditionnelles et n'ai aucune vanité d'auteur. Mais je suis seul à pouvoir dire de quoi je me suis inspiré pour les paroles et quel sens elles ont exactement. Et en quoi la mélodie que j'avais inventée conditionnait l'ordonnancement des mots à mettre dessus. De sorte que je défie qui que ce soit de m'en expliquer le sens et la composition. Ça non plus, ça ne sera pas facultatif.

Il n'est quand même pas difficile de comprendre ma position, on n'a pas besoin de vains procès d'intention, je ne demande de "gros sous" à personne et je ne me sens pas outrecuidant en informant les gens que je suis l'auteur de ce que j'écris. Et qu'il ne m'est pas forcément agréable qu'on m'en refuse la paternité en toute ignorance de cause. D'autant que des pastiches (de bourrées, de "brunettes", de chansons des XIIIème et XVème siècles, de rondes traditionnelles, de contredanses ou de danses pour couple), j'en ai pondu des centaines et je n'ai pas l'intention de m'arrêter. Tous ceux qui me fréquentent le savent, certains ont même assisté à leur surgissement. Alors - mettez-vous à ma place – que dois-je éprouver, à votre avis, en lisant que ma seule paternité c'est d'être "l'auteur de la dénonciation de Camille"(sic) et que j'ai "soi disant écrit et composé la musique et les paroles de Je mène les loups en 1990" ? Voilà une personne qui a l'ignorance bien péremptoire.

Au total, je suis étonné de la dimension affective du refus d'information. Je n'ai rien d'un être insensible, mais la vérité, c'est la vérité. Même si elle ne convient pas à tel ou tel internaute. Ce côté affectif, qui remplace le débat par un combat, ne m'intéresse pas beaucoup.

 

Une réponse de l'éditeur de Camille : CLIC