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Des mondes de musiques

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René Zosso. Penser modal.

Approche théorico-pratique de la modalité occidentale.

Bernard Subert

Autant le dire d’emblée, je fais partie des gens pour qui René Zosso est un demi-dieu... et un vieux pote !
J’ai rencontré René pour la première fois lors d’un stage qu’il animait à Rennes en 1983 et depuis, je lui dois la quasi-totalité de ce que je comprends de la modalité des musiques monodiques occidentales. Mais je connais "sa" voix depuis mes 13 ou 14 ans, avec les premiers enregistrements du "Clemencic Consort" au début des années 70, qui ont complètement façonné ma bulle musicale au même titre que "The Chieftains", "Weather Report", "Steeleye Span", John Coltrane, Duke Ellington et Charlie Parker, les Sœurs Goadec, Léon Peyrat ou Jeannette Maquignon.

Ce DVD, sorte de "Modalité pour les Nuls" est indispensable, obligatoire, attendu depuis des dizaines d’années, et devrait être remboursé par la Sécu tant il évitera le mal de crâne à tous ceux qui voudront désormais expliquer ce qu’est un mode aux ignares sûrs d’eux, persuadés "qu’il y a 7 modes puisqu’il y a 7 notes, ah non, multiplié par 2 parce que il y a 7 modes plagaux quand ça descend en dessous de la tonique" ; que c’est compliqué (alors que ça ne prend que 2 lignes d’écrire cette sorte de complexité là) ; que certains grands spécialistes comme Jacques Chailley en ont même sorti un petit bouquin qu’il a appelé « L’Imbroglio des modes », c’est dire ; et qu’on est content de se reposer sur le fait de savoir que le mode Dorien est le 1er ton du chant Grégorien, mais que c’est plus simple de l’appeler mode de RE (MI pour les Grecs Anciens)... Bref, on sait ce que c’est qu’un mode !

En fait, on parle de modalité de telle ou telle musique en essayant d’appliquer des règles et théories d’autres musiques et on s’étonne de tout mélanger et que "C’est pas simple !". J’en soupçonne même d’en rajouter et de maintenir ce brouillard volontairement...
Coluche disait : "Tu vas à Marrakech avec un plan de Paris, y’a pas une rue qui correspond !". Et de rajouter : "Ils veulent développer le tourisme, mais y’s’foutent quand même de not’ gueule un p’tit peu, quand même un p’tit peu (sic)".

Pour rester dans les mêmes analogies urbaines, René Zosso compare lui-même une improvisation modale à une flânerie en ville, sans but précis, mais où on est obligé tout de même d’emprunter ruelles, rues et avenues. En évitant les travaux et les cul-de-sac !
Expliquer la modalité (appliquée par exemple à un corpus de 200 mélodies collectées entre 1953 et 2004 sur un territoire grand comme un demi-département) avec des règles tirées de manuscrits datant de la Grèce Antique (dès le VIe siècle av. JC) ; enseigner que sur une cornemuse, on joue en majeur à partir d’une tonique "6 doigts bouchés", et en mineur à partir d’une autre tonique "5 doigts bouchés", ce qui n’est pas vraiment complètement faux, mais pas réellement juste non plus, d’autant qu’on ne changera pas les bourdons de l’instrument... Je passerai sous silence les modes de la "Musique Celtique", déjà qu’on a bien du mal à définir ce qu’est la musique
traditionnelle au XXe siècle, modale pour beaucoup, mais jouée à l’accordéon dans tous les coins de France depuis la fin du XIXe siècle.

"C’est pas simple !"...

Il fallait faire quelque chose : c’est fait !!!

Fort de son savoir sur le chant Grégorien, les manuscrits de musiques médiévales et les collectes de chansons traditionnelles, René Zosso nous livre sa vision de la modalité dans la musique occidentale... Et c’est magistral !!!
Car s’il suit ces trois axes distincts (le grégorien, le médiéval et le traditionnel comme il les nomme lui-même), il n’y a jamais d’amalgame. Ce cours filmé est à regarder et écouter dans son intégralité, ainsi que les quelques bonus qui nous éclairent sur René, sa vie, ses expériences, ses références, lui qui a passé soixante ans à parfaire son discours qu’il nous livre brut de décoffrage avec cette impression de le découvrir en même temps que nous. Car si le filmage et le montage ne sont pas toujours à la hauteur (ils ne nuisent en rien à la compréhension du discours, tant celui-ci est précis et sachant tout le temps où il nous emmène), ils nous gratifient de quelques gros plans du « Maître », lutin musicien malicieux, content de ses bons mots et de ses démonstrations imagées.

Merci René, de faire partager au plus grand nombre ce que tu m’as appris et fait découvrir depuis trente-cinq ans, et qui me sert quasiment tous les jours où je joue, copie, enseigne, étudie les 7 ou 8 notes (parfois moins, rarement plus) qui suffisent à construire une mélodie modale, régies par des règles qui n’ont pas besoin de Bac+10 pour être comprises, mais qui, bien expliquées, nous font entrer dans tout un monde logique, structuré ... et tellement imagé, poétique et vivant.

Histoire du DVD

http://www.mustradem.com/accueil